iii. qu’est-ce qui retient les laïcs ?
Laïcs qui ont été baptisés et sont devenus prophètes, prêtres et rois, qui doivent donc annoncer Dieu, relier le monde à Dieu et porter le souci de la communauté ! Que sont-ils devenus ?
Il y a ceux qui ont été séduits par le libéralisme[1] ou une forme ou l’autre de socialisme[2], d’écologisme[3], portés par la mode ou dévoyés par intérêt.
Il y a ceux qui se laissent ballotter au gré des matraquages médiatiques, vulnérables à la pression sociale : chrétiens sans colonne vertébrale, paresseux, timorés, indifférents aux malheurs du monde même s’ils larmoient devant leurs écrans de télévision.
Il y a les chrétiens qui croient que l’aumône est le fin du fin de l’action sociale.[4]
Il y a les chrétiens surnaturalistes qui estiment que leur devoir premier et dernier est sauver leur âme, réfugiés dans les sacristies, les retraites, les récollections et les groupes de prière. [5] A côté d’eux, il y a les grands activistes qui estiment que leur engagement est tout à fait étranger au domaine de la foi qui doit rester enfouie dans le cœur[6] ou que l’action temporelle est le tout du message chrétien.[7]
Il y a les nostalgiques du temps où tout le monde aurait été chrétien, où l’ordre aurait régné,[8] désormais démobilisés et qui sont comme « l’Empire à la fin de la décadence qui regarde passer les grands barbares blancs »[9], amers, rancuniers, fatalistes, qui attendent la fin du monde ou le feu du Ciel.[10]
Il y a aussi les petits activistes, les abonnés au courrier des lecteurs, les amateurs de pétitions, de manifestations.[11]
Il y a ceux qui trouvent que leur curé est trop ceci, que le pape n’est pas assez cela, que l’évêque devrait… et attendent Jeanne d’Arc ou saint Benoît…
Il y a une foule de spectateurs, pensionnés, ignorants, sans responsabilités, victimes ou non de préjugés, du terrorisme intellectuel, de la peur de se singulariser.
Or, la foi, comme l’écrivait l’ancien archevêque de Strasbourg Joseph Doré, la foi est certes personnelle, communautaire, ecclésiale, caritative mais aussi sociale, missionnaire et même ministérielle.[12]
Il est juste d’admettre que les représentants de l’Église ont perçu, mais avec lenteur, que le problème de la juste structure de la société se posait de manière nouvelle. » La pratique de la justice et la recherche du bien commun sont primordiales. Benoît XVI est très clair: « Il ne s’agit pas seulement de corriger des dysfonctionnements par l’assistance ». (CV, n° 35).