⁢i. Comment les appels pontificaux ont-ils été reçu ?

Distraitement apparemment.

Pie XI écrit dans Quadragesimo anno à propos de Rerum novarum: « Avec le temps […], des doutes se sont élevés sur la légitime interprétation de plusieurs passages de l’Encyclique ou sur les conséquences qu’il fallait en tirer, ce qui a été l’occasion entre les catholiques eux-mêmes de controverses parfois assez vives. » de même Jean-Paul II dans Centesimus annus déclare à propos de Rerum novarum : « Il faut reconnaître que l’annonce prophétique dont elle était porteuse n’a pas été complètement accueillie par les hommes de l’époque, et qu’à cause de cela de très grandes catastrophes se sont produites. » Pie XII, le 7 mai1949), revient sur la proposition faite par de Pie XI dans Quadragesimo anno, d’une organisation professionnelle « propre à triompher du libéralisme économique » et à établir une vraie économie sociale. Il constate que « cette partie de l’Encyclique semble malheureusement nous fournir un exemple de ces occasions opportunes qu’on laisse échapper faute de les saisir à temps. » Gaudium et Spes, Octogesima adveniens, Populorum progressio, Laborem exercens, Centesimus annus, … Laudato si, autant de textes contestés ou suspectés : les papes sont, pour certains, de gauche, pour d’autres, de droite, contestables.

Tous les baptisés, à l’œuvre !⁠[1]

L’Église, nous l’avons vu, a progressivement perçu l’importance des laïcs : ce sont les laïcs, en priorité, qui doivent se mobiliser non seulement ad intra mais surtout et prioritairement ad extra.⁠[2] Ils sont les « apôtres premiers et immédiats » disait Pie XI ( QA). « Les fidèles, et plus précisément les laïcs, se trouvent aux premières lignes de la vie de l’Église ; par eux, l’Église est le principe vital de la société humaine. »[3]. A eux revient le « renouvellement chrétien de l’ordre temporel ».⁠[4] François insiste encore : Lumen gentium et Gaudium et spes « situent les laïcs dans une vision d’ensemble du peuple de Dieu, auquel ils appartiennent  autant que les religieux, et au sein duquel ils participent, à leur manière, à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ lui-même. » Les laïcs ne sont donc pas « des membres de second ordre au service de la hiérarchie » de l’Église, ni de « simples exécuteurs d’ordres venus d’en haut ». Au contraire, « en vertu de leur baptême et de leur présence dans le monde, ils sont appelés à animer de l’esprit de l’Évangile tout type d’environnement, chaque activité et chaque relation humaine. […] Personne mieux qu’eux ne peut accomplir la tâche essentielle d’inscrire la loi divine dans la cité terrestre. »[5]


1. Même s’il ne percevait pas encore nettement la distinction des rôles, Pie X n’en proclamait pas moins que « Ce ne sont donc pas seulement les hommes revêtus du sacerdoce, mais tous les fidèles sans exception qui doivent se dévouer aux intérêts de Dieu et des âmes » (PIE X, E supremi, 4 octobre 1903).
2. Voir aussi : Sous la direction de GALINIER-PALLEROLA Jean-François, DELARBRE Christian et GAIGNARD Hervé, Vatican II, 50 ans après, Interprétation, réception, mise en œuvre et développements doctrinaux 1962-2012, Artège, 2012, pp. 95-114.
3. PIE XII, 20 février1946.
4. AA, 1, 2,5,7.
5. 12 novembre 2015. Jacques Maritain écrivait: « Si je me tourne vers les hommes pour leur parler et agir au milieu d’eux, disons donc que sur le premier plan d’activité, sur le plan du spirituel, je parais devant eux en tant que chrétien, et pour autant j’engage l’Église du Christ ; et que sur le second plan d’activité, sur le plan du temporel, je n’agis pas en tant que chrétien, mais je dois agir en chrétien, n’engageant que moi, non l’Église, mais m’engageant moi-même tout entier et non pas amputé ou désanimé, - m’engageant moi-même qui suis chrétien, qui suis dans le monde et travaille dans le monde sans être du monde, qui de par ma foi, mon baptême et ma confirmation, et si petit que je sois, ai vocation d’infuser au monde, là où je suis, une sève chrétienne. » (Humanisme intégral, op. cit., p. 299). Mais, en tant que chrétien et engageant l’Église, je défends les principes contenus dans la DSE et qui concernent le temporel en liaison avec le spirituel ; de même pour les questions « mixtes » qui touchent au mariage, à l’éducation, etc.. (Id., pp. 301-302).