⁢b. La violence

Cette brève présentation de l’essentiel du bouddhisme était nécessaire pour comprendre comment, dans les différents courants de cette doctrine, peut trouver, malgré tout, ici et là, des explications voire des justifications des moyens violents auxquels l’arhant ou le bodhisattva peuvent recourir.

Dans une interview, le 14e Dalaï Lama déclare que « d’un point de vue bouddhiste, c’est la motivation de votre violence qui compte. »[1]

Quelles motivations peuvent justifier la violence ?

Dans le Mahâyâna, s’esquisse la notion de meurtre compassionnel « pour faire sortir l’être de son enchaînement aux désirs ».⁠[2] Ce n’est pas le désir, la passion, l’accaparement qui poussent à l’action violente mais uniquement le souci de détruire les illusions, les causes de la souffrance, le souci de délivrer les êtres.⁠[3] Le meurtre compassionnel a un double effet : il délivre « la personne tuée qui va pouvoir renaître sur un plan d’existence plus élevé » et il aura « pour effet secondaire de faire progresser le meurtrier vers l’Eveil. »[4] On peut même affirmer que la violence est le résultat du karma de la victime. Un maître zen contemporain explique : « Le sabre est généralement associé au meurtre, et la plupart d’entre nous se demandent comment il peut être associé au Zen, qui est une école bouddhique enseignant l’évangile de l’amour et de la pitié. Le fait est que l’art du sabre distingue entre le sabre qui tue et le sabre qui donne vie. Le premier est utilisé par un technicien qui ne peut dépasser le meurtre, car il ne recourt au sabre que dans l’intention de tuer. Il en va tout autrement de celui qui est contraint à lever son sabre. Car ce n’est en réalité pas lui, mais le sabre lui-même qui tue. Bien qu’il n’ait nul désir de nuire à quiconque, l’ennemi apparaît et s’offre comme victime. C’est comme si le sabre accomplissait automatiquement sa fonction justicière, qui est une fonction de miséricorde. »[5] On peut dire que « le bouddhisme contribue à naturaliser la violence lorsqu’il y voit un effet du karma de l’individu qui la subit, plutôt que la responsabilité morale de l’individu ou de la collectivité qui en sont la source. »[6]

Par ailleurs, la vacuité qu’il faut atteindre, nous place au-delà du bien et du mal.  Toutes les morales traditionnelles relèvent de la culture mondaine, de l’illusion et il convient donc de s’en détacher. C’est le sens de ce conseil célèbre : « Adeptes, voulez-vous voir les choses conformément à la Loi ? Gardez-vous seulement de vous laisser égarer par les gens. Tout ce que ce que vous rencontrez au-dehors et [même] au-dedans de vous-mêmes, tuez-le. Si vous rencontrez le Buddha, tuez le Buddha ! Si vous rencontrez un patriarche, tuez le patriarche ! Si vous rencontrez un arhat, tuez l’arhat ! Si vous rencontrez vos père et mère, tuez vos père et mère ! Si vous rencontrez vos proches, tuez vos proches ! C’est là le moyen de vous délivrer et d’échapper à l’esclavage des choses ; c’est là l’évasion, c’est là l’indépendance ! »[7]. Ce texte, bien sûr, doit être lu symboliquement⁠[8] comme une invitation à ne pas nous appuyer sur une tradition, une écriture, une habitude mais à chercher par nous-mêmes et en nous-mêmes la voie de la libération. ⁠[9] Autrement dit, c’est nous qui décidons de ce qui est bien ou mal. Le mal n’existe pas en soi : « L’être vivant n’existant pas, le péché de meurtre n’existe pas non plus ; et puisqu’il n’y a pas de péché de meurtre, il n’y a pas non plus de défense pour l’interdire (…). En tuant les cinq agrégats qui ont pour caractère le vide[10], pareils aux visions du rêve ou aux reflets sur le miroir, on ne commet nulle faute »[11] Dans le bouddhisme du Grand Véhicule, toute existence est tenue « pour nulle et non avenue. Du même coup, mettre fin à une telle existence, que ce soit la sienne ou celle d’autrui, perd une grande partie de sa gravité.  En effet, « Pourquoi combattre la souffrance s’il n’existe pas d’être souffrant ? »[12] »⁠[13] Si tout est vain, illusoire, « tuer peut alors être ‘insignifiant’, ‘inexistant’ ».⁠[14] Un maître zen déclare à un disciple qui l’interroge sur le meurtre : « Un feu de prairie brûle la montagne, un vent violent brise les arbres, une avalanche ensevelit des animaux, une inondation emporte les insectes. Si votre esprit est ainsi, vous pouvez tuer un homme [sans conséquences karmiques]. Mais si votre esprit est indécis et se perd en conjectures, s’il voit des êtres vivants et s’imagine qu’il les tue, le meurtre d’une seule fourmi vous enchaînera à votre destin. »[15] Ajoutons à cela que « …dans le bouddhisme, on ne meurt jamais tout à fait, puisque la mort n’est que le prélude à une renaissance. Du coup, ni la mort ni le meurtre n’ont ici le caractère irréversible qu’ils ont en Occident. » ⁠[16]

Enfin, la violence est justifiée dans la mesure où elle peut sauver le dharma. Ce mot peut se traduire par : code moral, loi de salut, ordre cosmique, doctrine de buddha. La défense du dharma est un impératif majeur. Ainsi, il est dit dans le sûtra Daijuku[17] : « Même si le souverain d’un État a pratiqué le don d’offrandes pendant d’innombrables existences passées, en observant les préceptes et en obéissant aux principes de la sagesse, s’il voit ma Loi, le Dharma du Bouddha, menacée de périr et reste passif, sans rien faire pour la protéger, l’accumulation inestimable de toutes les bonnes causes créées par ses pratiques passées sera entièrement effacée. […] Peu après, le souverain tombera gravement malade, perdra la vie et renaîtra dans l’un des enfers majeurs…​ Le même destin frappera l’épouse du souverain, son héritier, les hauts dignitaires de l’État, les seigneurs des villes, les chefs des villages et les généraux, les administrateurs des provinces, ainsi que les officiels du gouvernement. »[18] Le sutra du Nirvana confirme : à qui la défense de la « Loi correcte » revient-elle ? Le Bouddha répond : « Je confie maintenant la loi correct, d’une excellence sans pareille, aux souverains, aux ministres, aux hauts dignitaires et aux Quatre Sortes de croyants.[19] Si quelqu’un s’oppose à la Loi correcte, les hauts dignitaires et les Quatre Sortes de croyants doivent le réprimander et lui montrer ses fautes. (…) c’est pour avoir été un défenseur de la Loi correcte que j’ai maintenant pu obtenir ce corps semblable au diamant (…) Hommes de foi sincère, les défenseurs de la Loi correcte n’ont pas besoin d’observer les Cinq préceptes[20] ni de suivre les règles de la conduite convenable. Ils devraient plutôt porter couteaux et sabres, arcs et flèches, piques et lances. (…) Certains peuvent observer les Cinq Préceptes sans mériter pour autant le nom de pratiquant du Mahayana. A l’inverse, même une personne qui n’observe pas les Cinq Préceptes, si elle défend la Loi correcte, on peut la considérer comme un pratiquant du Mahayana. Les défenseurs de la Loi correcte doivent s’armer de couteaux et de sabres, d’épées et de gourdins. Même s’ils portent épées et gourdins, je les considère comme des hommes qui suivent les préceptes.⁠[21] (…) Par conséquent, les croyants laïcs qui souhaitent défendre la Loi doivent s’armer d’épées et de gourdins, et la protéger de cette façon. »[22]

Que faire face à ceux qui menacent le dharma ? Les convertir certes, si possible, mais il y a parmi ces ennemis des icchantika, c’est-à-dire des « personnes d’une croyance incorrigible »[23]. Voici comment le Bouddha présente les icchantika à son disciple Chunda : « Imagine qu’il y ait des moines ou des nonnes, des laïcs, hommes ou femmes, qui prononcent des paroles irréfléchies et mauvaises et s’opposent à la Loi correcte et que ces personnes continuent à commettre ces fautes graves sans jamais montrer le moindre désir de s’amender ni aucun signe de repentir sincère. Je dirai que de telles personnes suivent la voie des icchanka. Il y a aussi ceux qui commettent les quatre délits graves ou coupables[24] des cinq fautes capitales[25], et qui, tout en ayant conscience d’avoir commis de graves fautes, ne ressentent jamais ni frayeur ni repentir dans leur cœur ou qui, du moins, n’en font rien voir ; qui ne montrent aucun désir de protéger la Loi correcte ni d’en assurer la transmission pour l’éternité, mais la décrient et la rabaissent par des paroles mensongères. Je dirais aussi que des personnes de ce genre suivent la voie des icchanka. »[26]

Si le mot icchanka désigne, à l’origine, une personne hédoniste, une personne qui ne s’attache qu’à la recherche des valeurs séculières ou de son plaisir, dans le bouddhisme, le terme en vint à désigner celui qui n’a aucune croyance dans les principes bouddhiques, qui n’a aucune aspiration à l’Eveil et, par conséquent, aucune chance d’atteindre l’état de bouddha. Certains sutras affirment que les icchantika sont par nature et à tout jamais incapables d’atteindre l’http://www.nichiren-etudes.net/dico/e.htm#eveil[Eveil], qu’ils sont des « êtres dénués de nature du buddha »[27]a.]. Dès lors, « leur meurtre est moralement neutre »[28]. A la question : que faire avec les icchanka ? Bouddha répond : « Par le passé je fus le roi d’un grand État sur ce continent de Jambudvipa [le continent du sud]⁠[29] Je m’appelais Sen’yo et j’aimais et vénérais les écrits du Mahayana. Mon cœur était pur et bon et ne montrait aucune trace de méchanceté, ni de jalousie ou d’avarice. Hommes de foi sincère, à cette époque-là, je révérais les enseignements du Mahayana dans mon cœur. Un jour où j’entendis des brahmanes calomnier ces enseignements, je les mis à mort sur-le-champ. Hommes de foi sincère, il résulta de cette action que plus jamais je ne suis retombé en enfer. » Ces « divers brahmanes (…) étaient tous des icchantika)[30].

On nous explique qu’il y a trois degrés dans le meurtre : le degré mineur qui correspond au meurtre d’un animal et qui mérite l’enfer de l’avidité ou de l’animalité avec les souffrances propres à ce degré ; le degré moyen qui correspond au meurtre d’une personne et qui mérite aussi l’enfer de l’avidité ou de l’animalité avec les souffrances-rétributions propres au degré moyen ; le degré majeur qui correspond au meurtre d’un parent, d’un arhat, d’une personne ayant atteint l’état de pratyekabuddha (éveil personnel), ou bien encore d’un boddhisattva parvenu, au terme de ses efforts à un état d’où il ne régresse plus, ce meurtre mérite l’enfer des souffrances incessantes. Mais « si quelqu’un venait à tuer un icchantika, un tel meurtre ne tomberait (…) dans aucune de ces trois catégories. »[31]

Après sa disparition, Bouddha prévoit un « âge impur et mauvais » : « le pays sombrera dans la décadence et le désordre, les êtres humains se pilleront et se voleront mutuellement, et ils en seront réduits à mourir de faim. Pour échapper à la faim, beaucoup alors décideront de quitter leur famille pour se faire moines. On les appellera crânes rasés. Quand ces crânes rasés verront une personne s’efforcer de protéger la Loi correcte, ils la pourchasseront et l’expulseront, voire la tueront ou la blesseront. C’est pourquoi j’autorise maintenant les moines qui observent les préceptes à vivre et à s’associer avec des laïcs portant sabres et bâtons. Car même s’ils portent des sabres et des bâtons, je les considérerai comme des hommes observant les préceptes. Pourtant, même autorisés à porter sabres et bâtons, ils ne devront jamais les utiliser pour ôter la vie. »[32]


1. In « Le Point », 22 janvier 2007. » « Selon la version rigoriste du karma, c’est avant tout l’intention qui compte, et des actes apparemment non-violents peuvent entraîner un karma négatif s’ils sont produits avec une intention négative. L’inverse est parfois également vrai. » (FAURE B., op. cit., p. 14)
2. NAYAK A., op. cit., p. 172.
3. Deux exemples de cette compassion. Dans le Saddharmapundarîka-sûtra, le bodhisattva s’offre comme torche pour éclairer les êtres qui restent dans les ténèbres. C’est pourquoi des moines s’immolent parfois par le feu. Dans le Siksasamuccaya, on lit que volontairement, les bodhisattvas « se font courtisanes pour attirer les hommes ; mais les ayant séduits par le croc du désir, ils les établissent dans le savoir des Buddhas. » (Cités in NAYAK A., op. cit., pp. 177-178). Par ailleurs, dans le tantrisme « délivrer les démons » signifie les tuer.
4. FAURE B., op. cit., p. 33.
5. SUZUKI D.T., Zen and Japanese Culture, Princeton University Press, 1970, p. 145 (cité in FAURE B., op. cit., p. 33). De D. T. Suzuki (1870-1966) a été publié en français : Essai sur le bouddhisme zen, Albin-Michel, 1954. B. Faure, se réfère également à un autre grand maître du zen : Sawaki Kôdô (1889-1965).
6. FAURE B., op. cit., p. 16.
7. DEMIEVILLE Paul, Entretiens de Lin-tsi, Fayard, 1972, p. 117, cité in FAURE B., op. cit., p. 32. Lin-tsi (Linji Yixuan), vécut au IXe siècle, en Chine, il est un des fondateurs de la secte Linji (Rinzai)
8. Il n’empêche que d’après B. Faure qui ne donne malheureusement pas de références précises, un tel texte a pu et peut avoir des effets pervers. (Op. cit., p. 32).
9. Le maître zen Dae Kwang l’explique très bien : « A un moment, les citoyens de Kesaputta demandent au Bouddha ce qu’ils doivent croire. They were very confused by the many religions in vogue at that time. The Buddha said, « Do not accept anything by mere tradition. Do not accept anything just because it accords with your scriptures. Do not accept anything because it agrees with your opinions or because it is socially acceptable. Do not accept anything because it comes from the mouth of a respected person. Rather, observe closely and if it is to the benefit of all, accept and abide by it. » Ils étaient très perturbés par les nombreuses religions en vogue à cette époque. Le Bouddha a dit: « N’acceptez quoi que ce soit par simple tradition. N’acceptez pas n’importe quoi simplement parce que c’est est conforme à vos écritures. N’acceptez pas rien parce que c’est conforme à vos opinions ou parce que c’est socialement acceptable. N’acceptez pas n’importe quoi parce que cela vient de la bouche d’une personne respectée. En revanche, observez soigneusement si accepter et respecter une chose est bénéfique pour tous. » This Sutta - the Kalama Sutta - is the root of Zen-style inquiry into the true self. Cette Sutta - Kalama Sutta - est à l’origine de la recherche zen de la véritable autonomie.The Buddha says in the Diamond Sutra that in his whole teaching career he never spoke a single word.
   Le Bouddha dit, dans le Sutra du diamant, que, dans toute sa carrière d’enseignant, il ne disait pas un seul mot. In Zen, we are admonished that understanding cannot help us. Dans le zen, nous sommes mis en garde que la compréhension ne peut pas nous aider. The wind does not read. Le vent ne lit pas. So, what are we left with ? Alors, que nous reste-t-il ? just before he died the Buddha said, « Life is very short, please investigate it closely. » Juste avant sa mort, le Buddha a dit : « La vie est très courte, s’il vous plaît étudiez soigneusement » We are left with the great question : What am I ? Nous sommes mal à l’aise avec la grande question : Qui suis-je ? What is a human being ? qu’est-ce qu’un être humain ? In his great compassion the Buddha leaves us only with footprints pointing the way…​ Bouddha dans sa grande compassion nous laisse seuls avec des traces indiquant la voie …​ in the end he cannot help us ; we must find the answer ourselves. A la fin, il ne peut pas nous aider, nous devons trouver la réponse nous-mêmes. Zen, too, asks the question but does not have the answer. Le bouddhisme Zen aussi pose la question mais n’a pas la réponse. But you do, if you look inside. Mais vous oui, si vous regardez à l’intérieur. » (sur www.kwanumzen.org). 
10. Ces cinq agrégats qui constituent notre corps et notre esprit sont : les sensations, la conscience, la matière, la volition et la perception. Ces agrégats sont « un lourd fardeau » mais « s’il n’y a vraiment rien en dehors de ces cinq agrégats, il n’y a absolument rien non plus à l’intérieur de ces cinq agrégats. Ils sont parfaitement vides et insubstantiels. En fait, ils n’existent pas, disons qu’ils n’existent pas par eux-mêmes. Ils apparaissent et aussitôt qu’ils sont apparus, ils disparaissent. » (cf www.dhammadana.org)
11. NAGARJUNA, Traité de la grande vertu de sagesse, Institut orientaliste, Louvain, 1944-1980, vol. 2, p.864, cité in FAURE B., op. cit., p. 29.
12. Bodhicaryâvatâra 8, 103.
13. FAURE B., op. cit., p. 19.
14. FAURE B., article cité.
15. Cité in FAURE B., op. cit., pp. 30-31.
16. Id., p. 137.
17. Un Sutra ou sûtra est une mise par écrit des enseignements du bouddha. Vinaya, « discipline » en pali et sanscrit, désigne le corpus de textes bouddhiques ayant trait aux pratiques de la communauté monastique ou sangha noble. Il constitue, avec le dharma, corpus plus centré sur la théorie et essentiellement constitué de sutras, l’essentiel de l’enseignement que le Bouddha déclare laisser à ses disciples dans son « testament », le Mahâparinibbana Sutta.
19. Cette expression désigne les moines, les nonnes, les laïcs hommes et femmes. Dans le contexte de l’assemblée où prêche Bouddha, elle peut désigner quatre sortes d’auditeurs : ceux qui demandent au Bouddha d’exposer l’enseignement ; ceux qui font son éloge ; ceux qui ayant atteint suffisamment de maturité écoutent l’enseignement et le mettent immédiatement à profit ; ceux qui n’en tirent aucun bienfait immédiat mais progressent dans l’enseignement et peuvent en bénéficier ultérieurement ( www.nichiren-etudes.net)
20. Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d’acte sexuel illicite, ne pas mentir, ne pas consommer de produits intoxicants (www.nichiren-etudes.net)
21. A cet endroit, Bouddha raconte une histoire du temps passé : « En ce temps-là, vivait un moine du nom de Katutoku qui observait les préceptes. Il y avait alors de nombreux moines qui les transgressaient et lorsqu’ils entendirent prêcher Katutoku, tous conçurent de mauvais desseins dans leur cœur, et, s’armant de sabres et de gourdins, ils attaquèrent ce maître de la Loi. A cette époque, le souverain du royaume avait pour nom Utoku. Dès qu’il apprit ce qui se passait, désireux de défendre la Loi, il se rendit sur le lieu où le moine prêchait l’enseignement correct et combattit de toutes ses forces contre les mauvais moines qui n’observaient pas les préceptes. Grâce à cela, le moine qui prêchait la Loi put échapper au danger. Mais le roi reçut tant de coups de couteaux, de sabres, de piques et de lances, qu’il n’y eut pas une seule partie de son corps, même de la taille d’une graine de pavot, qui ne fut blessée. Le moine Katutoku rendit alors hommage au roi en ces termes : ‘C’est merveilleux. Vous êtes, ô roi, un authentique défenseur de la Loi correcte. Dans les âges à venir, ce corps qui est le vôtre deviendra à coup sûr un réceptacle illimité de la Loi. A ce moment-là, le roi qui avait déjà entendu les enseignements de la Loi, ressentit une grande joie en son cœur. Sa vie parvint alors à son terme, et il renaquit sur la terre du bouddha Ashuku où il devint le premier disciple de ce bouddha. De plus, tous les généraux, sujets et alliés du roi, qui avaient combattu à ses côtés ou l’avaient rejoint dans la bataille furent emplis d’une détermination inébranlable d’atteindre l’illumination et, après leur mort, ils renaquirent tous sur la terre du bouddha Ashuku. Par la suite, le moine Katutoku mourut à son tour, renaquit également sur la terre du bouddha Ashuku et devint le second disciple à recevoir directement les enseignements du Bouddha. Par conséquent si la Loi correcte est sur le point de disparaître, voici comment il faut la soutenir et la défendre. Kashô, le roi qui vivait en ce temps-là, n’était autre que moi-même, et le moine qui prêchait la Loi était le bouddha Kashô. Kashô, ceux qui défendent la Loi correcte obtiennent des bienfaits de cette sorte. C’est pourquoi j’ai pu obtenir les traits qui sont mes caractéristiques aujourd’hui, m’en parer, et revêtir le corps du Dharma indestructible. » [ kashô, dans le bouddhisme de Nichiren signifie précepteur]
22. Sutra du Nirvana, (cf. www.soleil-lotus.net). Le Sutra du Nirvana (ou Mahaparinirvana Sutra dont le texte occupe 12 volumes dans l’édition anglaise, Kosho Yamamoto et Tony Page, Nirvana Publications, 1999-2000) est considéré comme l’enseignement ultime du Bouddha. Il est important dans le bouddhisme chinois et dans une moindre mesure dans le bouddhisme de Nichiren (moine japonais du XIIIe siècle) fort attaché, lui, au Sutra du lotus.
23. Cf. ww.soleil-lotus.net
24. Les quatre transgressions majeures ou offenses impardonnables sont le meurtre, le vol, les actes sexuels illicites et le mensonge « en particulier celui qui consiste à prétendre être parvenu à un certain degré de compréhension du bouddhisme sans que cela soit vrai » (cf. www.nichiren-etudes.net).
25. Les cinq forfaits sont : « tuer son père, tuer sa mère, tuer un arhat, verser le sang d’un bouddha et rompre l’unité de la communauté bouddhique » (cf. www.nichiren-etudes.net).
26. Sutra du Nirvana, (cf. www.soleil-lotus.net).
27. Le Sutra du Lotus corrige cette vision et le Sutra du Nirvana affirme clairement que même les icchantika ont en eux l’http://www.nichiren-etudes.net/dico/d.htm#dixmondes[état de bouddh
28. FAURE B., op. cit., p. 34.
29. Le mot a désigné sans doute le sous-continent indien avant de signifier ensuite la Terre où enseigne Bouddha (cf. www.nichiren-etudes.net).
30. Sutra du Nirvana, (www.soleil-lotus.net)
31. Id..
32. Id..