Conclusion
Vérité+Justice+Miséricorde
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Paix |
1. Paix ou violence ?
En définitive, au fil des dialogues avec les autres, le bien commun à espérer entre croyants et gentils est la paix[1] qui ne peut être que le fruit de la vérité, de la justice et de la miséricorde. La vérité faite sur l’homme dans sa nature, la justice qui rend à chacun ce qui lui est dû et précisément d’abord son humanité et enfin la miséricorde qui nous rend sensibles à toute différence, à toute pauvreté, matérielle, culturelle, sociale ou politique.
Si tel est le chemin de la paix, lent, ardu mais nécessaire, tout refus de dialogue vrai conduit d’une manière ou d’une autre à quelque forme de violence. Les dangers sont bien identifiés :
L’individualisme
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Violence |
L’individualisme est dénoncé de tous côtés[2] de même que son produit : le relativisme. La paresse[3] est aussi un ennemi car il faut vouloir aller vers l’autre, chercher les vérités communes sans se lasser car « il n’y a pas de point final à la construction de la paix sociale d’un pays »[4]. La force ou l’habileté imposent de prétendues vérités. L’utilitarisme assimile « l’éthique et la politique à la physique. Le bien et le mal en soi n’existent pas, mais seulement un calcul d’avantages et de désavantages ».[5] Le consumérisme concentre toutes les tares de l’individualisme, du capitalisme débridé et de l’hédonisme. Il renverse la hiérarchie des valeurs et s’oppose directement à la culture du bien commun[6]. Le « consensus facile », « superficiel ou négocié »[7] est une caricature de bien commun car il est sans « vérités élémentaires », « sans valeurs permanentes, fondamentales », ces valeurs dont nous avons dit qu’elles « sont au-dessus de tout consensus », qu’elles « transcendent nos contextes » et qu’elles « ne sont jamais négociables ».[8]
2. Une bonne élève : Elena Lasida
En ce qui concerne François, nous avons pu découvrir ses inspirateurs :
Aristote et saint Thomas
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Benoît
François |
Si nous avons pu identifier ses « pères », pouvons-nous déjà repérer ses « enfants » ?
Sans trop sortir du cadre de cette modeste approche, comme nous avons commencé par parler de crise économique, nous pouvons, à titre d’exemple, y revenir avec l’éclairage offert par les derniers penseurs étudiés.
Parmi tous les « enfants » nés de la pensée des papes Benoît et François, on peut mettre en exergue Elena Lasida. Cette Uruguayenne d’origine, qui enseigne en France est Docteur en Sciences Sociales et Economiques. Une de ses œuvres majeures porte un titre très significatif qui répond à notre question de départ : comment créer un « nous » ? Le livre s’intitule « Le goût de l’autre » et porte comme sous-titre : « La crise, une chance pour réinventer le lien »[9].
Ce brillant essai, très accessible, mérite une lecture exhaustive attentive. Retenons quelques idées majeures et incarnées qui illustrent parfaitement tout ce qui a été dit précédemment.
Pour l’auteur, l’économie est et doit être créatrice de liens, c’est son véritable sens : « Dans les relations marchandes, écrit-elle, le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. » Pourquoi le don ? Parce qu’il « appelle la réciprocité »[10] et qu’il apporte la complétude recherchée par chacun, complétude qu’il ne peut trouver que dans la rencontre avec l’autre. Si l’être humain a besoin de complétude, il a besoin aussi de liberté. À ce point de vue, sa vraie autonomie n’est pas dans l’individualisme mais dans l’interdépendance : « l’identité est toujours une histoire de rencontre ». L’identité se nourrit de l’altérité[11]. Il faut remplacer le contrat par l’alliance et favoriser l’échange plutôt que le transfert pour « une économie au service du savoir-vivre plutôt que du savoir-faire, du bien-être ensemble plutôt que de la prospérité partagée »[12].
En effet, « L’économie n’a pas pour but la satisfaction des besoins, mais le développement de la capacité créatrice de l’humain »[13]. Quelle capacité créatrice privilégier ? Celle qui nous apprend « à faire un projet ensemble tout en ayant des intérêts différents, voire opposés »[14].
« L’alliance relève de la communion plutôt que du rassemblement .»[15]