Pour nous éclairer sur les problèmes d’aujourd’hui, il n’est pas inutile de relire ce que les penseurs du passé ont tiré comme leçons de l’exercice du pouvoir à différentes époques.
Dans la République, Platon nous dit : « Quand un état démocratique, altéré de liberté, trouve à sa tête de mauvais échansons, il ne connaît plus de mesure et s’enivre de liberté pure. […] À la moindre apparence de contrainte, (les citoyens) se fâchent et se révoltent, et ils en viennent […] à se moquer des lois écrites et non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. » La démocratie est donc en péril, contestée lorsque, d’une part, les gouvernants ne remplissent pas leur mission et que, d’autre part, les gouvernés se mettent à rêver de liberté totale et contestent systématiquement toute forme d’autorité, non seulement la loi positive mais aussi la loi naturelle ou loi « non écrite », loi découlant de la nature des choses et découverte par la raison.
Thomas d’Aquin nourri de culture grecque souligne la responsabilité des dirigeants : « … qu’un membre quelconque d’un gouvernement collectif se détourne de la recherche du bien commun, le danger de dissension menace la multitude des sujets, parce que, quand la dissension règne entre les chefs, c’est une conséquence logique qu’elle s’établisse dans la multitude. » Pour lui, « le poisson pourrit par la tête ».
Notons qu’il précise ici la faute de l’« échanson » : c’est le fait de ne plus chercher le bien commun.
Notion importante comme nous le verrons par la suite et qu’il conviendra de définir.
Faisons un bond dans le temps et arrêtons-nous à Montesquieu qui, lui aussi, nourri de culture antique et attentif aux problèmes que la France rencontre à son époque s’interroge sur le meilleur gouvernement possible.
Parlant de la démocratie, il va souligner l’importance majeure de la vertu : « Il ne faut pas beaucoup de probité pour qu’un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintienne ou se soutienne.
La force des lois dans l’un, le bras du prince toujours levé dans l’autre, règlent ou contiennent tout.
Mais dans un gouvernement populaire, il faut un ressort de plus, qui est la vertu. » Mais qu’entend-il exactement par « vertu » ? Il explique : « La vertu politique est un renoncement à soi-même, qui est toujours une chose très pénible.
On peut définir cette vertu, l’amour des lois et de la patrie.
Cet amour demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence. » La qualité des hommes est donc primordiale.
La vertu est un certain oubli de soi et il est clair que cette vertu politique nécessaire ne peut prendre appui que sur la vertu personnelle. La description de Montesquieu se fait plus précise lorsqu’il décrit comment une démocratie entre en décadence : « Le principe de la démocratie se corrompt, non seulement lorsqu’on perd l’esprit d’égalité, mais encore quand on prend l’esprit d’égalité extrême, et que chacun veut être égal à ceux qu’il choisit pour lui commander.
Pour lors le peuple, ne pouvant souffrir le pouvoir même qu’il confie, veut tout faire par lui-même, délibérer pour le sénat, exécuter pour les magistrats et dépouiller tous les juges. » Bien sûr, la volonté de puissance est contraire à l’idéal démocratique et le manque d’humilité pousse à refuser toute autorité comme l’avait déjà montré Xénophon dans Le banquet. Le refus de l’autorité gagne toute la société : la famille, l’école et l’État où se dissipe la distinction des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, garants de l’État de droit.
Celui qui exerce l’autorité finit par abandonner ses responsabilités et se laisse corrompre.
Non seulement l’ambition d’une part et la lâcheté de l’autre sont délétères mais aussi la paresse et le goût du luxe.
Autrement dit, le souci de l’autre et la frugalité sont indispensables à la santé d’une démocratie : « Chacun devant y avoir le même bonheur et les mêmes avantages y doit goûter les mêmes plaisirs, et former les mêmes espérances ; chose qu’on ne peut atteindre que de la frugalité générale. […] Les richesses donnent une puissance dont un citoyen ne peut pas user pour lui ; car il ne serait pas égal.
Elles procurent des délices dont il ne doit pas jouir non plus parce qu’elles choqueraient l’égalité tout de même. »
Le lecteur sera peut-être étonné d’entendre Rousseau déclarer que « s’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement.
Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. » Comment expliquer, en effet, ce jugement de la part de celui qui est considéré comme le père de la démocratie moderne ? Partant de l’idée que les hommes originellement sont parfaitement libres et égaux, il se pose la question de savoir comment, dans ces conditions, faire une société.
Sa volonté est de « trouver une forme d’association par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ? » Sa solution est le contrat social qui est un « pacte conclu par la volonté délibérée d’individus souverainement libres que l’état de nature tenait auparavant dans l’isolement et qui conviennent de passer à l’état de société ». La société est donc le produit unique de la volonté humaine.
L’homme n’est pas, comme l’avait dit Aristote, un animal social et politique.
Il n’y a donc pas de droits naturels puisqu’il est établi désormais qu’un droit ne pourrait provenir que de la convention des volontés libres.
C’est ce qu’exprime Rousseau en écrivant que « la loi est antérieure à la justice et non pas la justice à la loi ». Tout le droit sera donc un droit positif.
C’est pourquoi il n’hésite pas à déclarer : « En tout état de cause, un peuple est toujours le maître de changer ses lois même les meilleures ; car s’il lui plaît de se faire mal à lui-même, qui est-ce qui a le pouvoir de l’en empêcher ? »
Comment l’ensemble de ces individus libres et égaux se maintiendra-t-il de manière cohérente ? Comment l’autorité s’exercera-t-elle ? Par la volonté générale.
Ce concept est fondamental dans la pensée de Rousseau.
Cette volonté générale n’est pas simplement la somme des volontés individuelles mais une sorte de « dieu social immanent » pour reprendre la définition employée par Jacques Maritain.La majorité des suffrages n’est que le signe de ce « dieu ».
On vote pour que soit obtenue, par le calcul des voix, une manifestation de la volonté générale que chacun cherche avant tout à révéler puisque c’est par elle, qu’il est à la fois citoyen et homme libre.
La volonté générale est infaillible : elle « est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique ». « La volonté générale est pour tous les membres de l’État par rapport à eux et à lui, la règle du juste et de l’injuste ; vérité qui, pour le dire en passant, montre avec combien peu de sens tant d’écrivains ont traité de vol la subtilité des enfants de Lacédémone pour gagner leur frugal repas ; comme si tout ce qu’ordonne la loi pouvait ne pas être légitime. » La soumission à la volonté générale est la garantie de la liberté du citoyen : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout. » Dès lors, logiquement, Rousseau établit que « quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie pas autre chose, sinon qu’on le forcera d’être libre ». Si, en effet, mon avis ne correspond pas à la volonté générale, c’est que je me suis trompé : « Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais être la volonté générale ne l’était pas.
Si mon avis particulier l’eût emporté, j’aurais fait autre chose que ce que j’aurais voulu ; c’est alors que je n’aurais pas été libre. »
Pour Jacques Maritain, cette attitude est une transposition au plan politique d’une attitude de foi, l’attitude d’un croyant « politique » qui déclare à la volonté générale, dieu social immanent : « que ta volonté soit faite ».
Tel est le rêve sans doute de ceux qui cherchent l’ordre et la paix par la discipline sociale dans un système où la volonté générale est la seule certitude…
Mais nous ne sommes au bout de nos découvertes car si le peuple est déclaré souverain, il a néanmoins, dans la pensée de Rousseau, besoin d’un « législateur ».
Le peuple veut toujours le bien mais il peut être mal informé ou trompé.
Il a donc besoin d’un guide appelé « législateur ».
Qui est-il et quelle est sa fonction ? « Le législateur est, à tous égards, un homme extraordinaire dans l’État.
S’il doit l’être par son génie, il ne l’est pas moins par son emploi ; cet emploi qui constitue la république, n’entre pas dans sa constitution ; c’est une fonction particulière et supérieure qui n’a rien de commun avec l’empire humain. » En voici la raison : « Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer pour ainsi dire la nature humaine, de transformer chaque individu qui, par lui-même, est un tout parfait et solitaire, en partie d’un plus grand tout dont cet individu reçoive en quelque sorte sa vie et son être ; d’altérer la constitution de l’homme pour la renforcer.
Il faut en un mot qu’il ôte à l’homme ses forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangères, et dont il ne puisse faire usage sans le secours d’autrui.
Plus ces forces naturelles sont mortes et anéanties, plus les acquises sont grandes et durables, plus ainsi l’institution est solide et parfaite ; en sorte que, si chaque citoyen n’est rien, ne peut rien que par les autres, et que la force acquise par le tout soit égale ou supérieure à la somme des forces naturelles de tous les individus, on peut dire que la législation est au plus haut point de perfection qu’elle puisse atteindre. » Comment ne pas voir dans ce législateur la préfiguration de tous les « hommes providentiels » qui ont marqué le XXe siècle, qu’il s’appelle Petit Père des peuples, Grand Nautonier, Führer ou Duce….
Pour faire vivre la démocratie, Rousseau aboutit à son contraire.
À moins évidemment, comme nous l’avons lu au départ, que nous ayons affaire à un peuple de dieux…
Plus réaliste, Alexis de Tocqueville n’a pas été cherché dans son imagination ou des récits de voyage fantaisistes, le prototype de l’homme démocratique mais est allé voir la démocratie telle qu’elle était aux États-Unis.
Il était parti pour étudier le système pénitentiaire de ce pays mais il a profité de sa mission pour s’intéresser, pendant un an, au système politique qu’il considérait comme le meilleur exemple de démocratie.
À son retour, il constate que « Ce sont […] particulièrement les mœurs qui rendent les Américains des États-Unis, seuls entre tous les Américains, capables de supporter l’empire de la démocratie ; et ce sont elles qui font que les diverses démocraties anglo-américaines sont plus ou moins réglées et prospères. […] En Europe […] on attribue trop d’importance aux lois, trop peu aux mœurs. » Cette analyse in vivo rejoint ce que quelques sages ont déjà souligné précédemment.
Ajoutons encore que, pour lui, la qualité morale des citoyens était due principalement à leur esprit très religieux.
Pour clore ce rapide panorama, nous allons nous attarder à la pensée du Pape Pie XII.
Pourquoi ? Parce que, ce juriste de formation, s’est trouvé confronté à l’empire des totalitarismes nazi et communiste et a estimé nécessaire de s’attarder à la question du régime politique non seulement le plus adapté à l’anthropologie chrétienne mais aussi, plus simplement, le plus humain.
Le 24 décembre 1944, il adresse au monde entier un radio-message intitulé par le premier mot du texte latin: Benignitas.
Il constate que les peuples asservis par des régimes autoritaires sont assoiffés de démocratie.
Il constate aussi qu’il y a différentes formes de démocratie et que beaucoup de régimes qui se veulent plus ou moins démocratiques sont parfois fort différents les uns des autres.
Une démocratie n’est pas nécessairement bonne en soi parce qu’elle se proclame démocratie.
On a fait souvent remarquer que ce qu’on appelait naguère des démocraties populaires n’étaient ni démocratiques ni populaires ; Pie XII va donc tenter de définir les conditions d’une vraie démocratie.
En premier lieu, une distinction capitale doit s’opérer au niveau des citoyens pour qu’on puisse parler de peuple.
Un vrai peuple, dira-t-il, « vit et se meut par sa vie propre ».
Un vrai peuple « répand la vie, abondante, dans l’État et dans tous ses organes, leur infusant, avec une vigueur sans cesse renouvelée, la conscience des propres responsabilités et le sens du bien commun ». En effet, chaque citoyen doit être « une personne consciente de ses propres responsabilités et de ses propres convictions ».
Ce qui signifie que lorsqu’on réclame « plus de démocratie ou une meilleure démocratie, cette exigence ne peut avoir d’autre sens que de mettre le citoyen toujours plus en mesure d’avoir une opinion personnelle propre et de l’exprimer, et de la faire valoir d’une manière correspondant au bien commun ».
Mais comment se vivent la liberté et l’égalité dans une vraie démocratie ?
Tout d’abord, « dans un peuple digne de ce nom, le citoyen a conscience de sa propre personnalité, de ses devoirs et de ses droits ; la conscience de sa propre liberté se joint au respect de la liberté et de la dignité des autres ». Cette affirmation ne contredit pas la nécessité d’« une autorité supérieure munie du droit de coercition ».
L’État, en effet, est une « société nécessaire » à la vie sociale, à l’exercice des devoirs et des droits inviolables de la personne : « Si donc les hommes, en se prévalant de la liberté niaient toute dépendance […] ils saperaient par le fait même le fondement de leur propre dignité et liberté, c’est-à-dire cet ordre absolu des êtres et des fins.
Ainsi établis sur cette même base, la personne, l’État, le pouvoir public avec leurs droits respectifs se trouvent tellement liés et unis entre eux qu’ils se soutiennent ou s’écroulent tous ensemble. » Chaque personne peut exprimer son opinion sur les devoirs et sacrifices imposés et elle n’est pas contrainte sans avoir été entendue.
Ensuite, pour ce qui est de l’égalité, il y a une égalité essentielle entre les hommes puisque tout homme est « une personne autonome, c’est-à-dire un sujet de devoirs et de droits inviolables », comme il a été dit.
Dès lors, « toutes les inégalités qui dérivent non du libre caprice, mais de la nature même des choses, inégalités de culture, de richesses, de position sociale […] ne sont nullement un obstacle à la prédominance d’un authentique esprit de communauté et de fraternité ». D’autant moins que « la justice et la charité mutuelle » sont appelées à corriger bien des écarts.
Et donc, « loin de nuire aucunement à l’égalité civile, [les inégalités naturelles] lui confèrent son sens légitime, à savoir que chacun a le droit, en face de l’État, de vivre honorablement sa propre vie personnelle, au poste et dans les conditions où l’ont placé les desseins et les dispositions de la Providence ».
Par contre, dans certains cas, notamment dans les régimes totalitaires, il est impossible de parler de peuple au sens dit car les citoyens ne constituent qu’une masse.
Une masse, elle, « ne peut être mue que de l’extérieur ».
Elle est un « jouet facile entre les mains de quiconque en exploite les instincts et les impressions, prompte à suivre, tour à tour ce drapeau et demain cet autre ». Là, le citoyen ne pense pas -au plein sens du terme- de manière personnelle ce qui suppose effort et culture.
Le citoyen, dans la masse, par ses instincts, ses impressions, est versatile ou conditionné.
Dès lors, la force de la masse « peut n’être aussi qu’un instrument au service d’un État qui sait habilement en faire usage.
L’État lui-même, aux mains d’un ou de plusieurs ambitieux, groupés artificiellement par leurs tendances égoïstes, peut, en s’appuyant sur la masse, devenir une pure machine, imposer arbitrairement sa volonté à la meilleure partie du peuple : l’intérêt commun en reste lésé gravement et pour longtemps, et la blessure ainsi faite est bien souvent difficilement guérissable. »
Pour ce qui est de la liberté, « devoir moral de la personne », d’après ce qui a été dit plus haut, elle « se transforme en une prétention tyrannique de donner libre essor aux impulsions et aux appétits humains aux dépens d’autrui ». Quant à l’égalité, elle « dégénère en un nivellement mécanique, en une uniformité sans nuance aucune : sentiment de l’honneur vrai, activité personnelle, respect de la tradition, dignité, tout ce qui, en un mot, donne à la vie sa valeur, s’effondre peu à peu et disparaît ». Finalement « ne restent à survivre, d’une part, que les victimes trompées par la fascination apparente de la démocratie que, dans leur ingénuité, elles confondent avec ce qui en est l’esprit, avec la liberté et l’égalité, et, d’autre part, que des profiteurs plus ou moins nombreux ayant su, grâce à la puissance de l’argent ou de l’organisation, s’assurer par-dessus les autres une condition privilégiée et le pouvoir lui-même ».
Autrement dit, et en bref, la vraie démocratie est « fondée sur les principes immuables de la loi naturelle » qui sont autant de « certitudes » dirait Chantal Delsol et autant de balises pour le pouvoir tandis que là où règne la « tyrannie des masses », on « attribue à la législation de l’État un pouvoir sans frein et sans limites ».
En second lieu, Pie XII relève une distinction logique aussi au niveau des dirigeants qui sont issus du peuple ou de la masse.
Dans une vraie démocratie, au service du peuple, l’autorité est respectueuse du sens naturel de la personne, de l’État et du pouvoir public.
Le dirigeant a « le sens profond des principes d’un ordre politique et social sain et conforme aux règles du droit et de la justice ». C’est une personne bien formée qui a « la claire intelligence des fins assignées par Dieu à toute société humaine ».
Cette référence à Dieu nous indique de nouveau qu’une dimension importante de la vie sociale échappe à la volonté des hommes qui doivent en comprendre la nature et la raison d’être.
Dans cette démocratie, le droit positif trouve sa force et sa « majesté » « s’il se conforme - ou du moins ne s’oppose pas- à l’ordre établi par le Créateur et mis en une nouvelle lumière par la révélation de l’Évangile ».
De plus, le dirigeant doit être aussi une personne de haute moralité puisqu’il est demandé d’être à la fois responsable, objectif, impartial, loyal, généreux et incorruptible.
Par contre, là où règne la masse, dans un régime autoritaire ou une fausse démocratie, il n’y a « aucun appel à une loi supérieure qui oblige moralement ».
C’est pourquoi, Pie XII parle d’absolutisme, absolutisme de l’argent ou de l’organisation, absolutisme d’un droit strictement positif, produit intégral de la volonté populaire ou de la volonté de quelques-uns.
Cet absolutisme n’est pas que l’apanage des totalitarismes dûment identifiés par le passé.
Ainsi, le 1er mai 2016, le premier Ministre belge Charles Michel affirmait dans un discours « la primauté de l’État de droit sur la loi religieuse ».
Arrivés à la fin de ce panorama d’opinions, nous pouvons tenter de rassembler l’essentiel qui nous a été révélé par les recoupements auxquels nous avons procédé.
Nous assistons aujourd’hui à une telle exaltation du « moi » que les peuples semblent devenus difficiles à gouverner, comme le suggère Francis Van de Woestyne.
Vu l’abondance des informations, il devient difficile aussi de discerner le bien commun, disons le vrai bien qui doit fonder de justes rapports entre les hommes.
Où sont les valeurs supérieures demandait Alexander Rüstow ? C’est pourquoi, aussi bien la Fondation Marcel Hicter que Pie XII, reconnaissent qu’une formation intellectuelle et morale (Montesquieu et Tocqueville y insistent) des citoyens est indispensable.
D’autant plus, ajouterions-nous avec Harald Mollers, que les divers moyens de communication sociale envahissants brouillent la frontière entre vérité et mensonge.