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vi. François

Face à la pauvreté, on a pensé longtemps que « les peuples pauvres devaient se contenter de la philanthropie des peuples développés ». Benoît XVI rappelle opportunément que « dans Populorum progressio, Paul VI a pris position contre cette mentalité. »[1] et l’Église, depuis qu’elle se penche sur le problème du développement des peuples, a déployé toutes les ressources de la doctrine sociale de l’Église.

Mais à ce propos, il apparaît constamment que le « monde » ne parvient pas à comprendre l’originalité du message chrétien. Le « monde » ne cesse de chercher à rattacher coûte que coûte la pensée sociale de l’Église aux deux grands courants apparemment mieux connus : celui du libéralisme et de ses avatars et celui du socialisme sous ses différents habits. Nous savons que de « bons » catholiques ont été scandalisés par les prises de position de Léon XIII en faveur des travailleurs, nous avons vu que la conception socio-économique si prometteuse de Pie XI a été assimilée au fascisme. Plus près de nous, on a placé très « à gauche » Octogesima adveniens ou Populorum progressio. Jean XXIII n’a pas été mieux traité. Jean-Paul fut très « marxiste » dans Laborem exercens puis considéré comme un thuriféraire du capitalisme dans Centesimus annus. Les pensées de Benoît XVI et de François ne sont pas mieux traitées.⁠[2] En fait, de manière péremptoire, maints commentateurs ont décrété que François contredisait Benoît et résolument socialiste, tournait le dos à son prédécesseur partisan du marché.⁠[3] d’autres ont estimé que la pensée de François renouait avec le paternalisme bourgeois du XIXe siècle rompant avec les avancées de Benoît XVI⁠[4] ou de Jean-Paul II⁠[5] !

Une fois encore, il faut revenir au texte intégral et ne pas se contenter de citations hors contexte.⁠[6]

Dans l’exhortation apostolique⁠[7] Evangelii gaudium (EG), en 2013, François aborde à deux reprises les questions économiques et sociales.

Dans le chapitre 2, il relève tout d’abord « quelques défis du monde actuel ». Ce qui l’interpelle sur les plans économique et social, ce sont la situation précaire de la plus grande partie de l’humanité, « la crainte et la désespérance » jusque dans les pays riches, la disparité sociale⁠[8] et l’exclusion qui engendrent la violence⁠[9], la corruption, l’évasion fiscale⁠[10], la consommation effrénée d’une part ⁠[11] et la faim d’autre part⁠[12]. Quelle en est la cause ? « Une crise anthropologique profonde »[13]qui refuse l’éthique et Dieu⁠[14]. De là découlent l’« affaiblissement du sens du péché personnel »[15], l’indifférence relativiste, l’individualisme, le rationalisme, la sécularisation, mais aussi et surtout en ce qui concerne la matière qui nous préoccupe, un système social et économique injuste⁠[16]. En fait, c’est le libéralisme philosophique et économique qui est ici mis en cause même si le mot n’est pas prononcé, ou l’économisme, si l’on préfère pour reprendre un mot cher à Jean-Paul II. Cette conception de l’économie « tue »[17] parce qu’il nie le « primat de l’être humain » et le réduit « à un seul de ses besoins : la consommation »[18]. Dans ce système, l’argent devient une idole et les hommes subissent « la dictature de l’économie sans visage et sans but véritablement humain » qui entraîne la spéculation financière et « l’autonomie absolue des marchés »[19]. On a bien lu que ce que dénonce François c’est l’autonomie absolue des marchés. Un peu plus loin, il parlera des « catégories du marché » si elles sont « absolutisées »[20]. Il ne s’agit donc pas d’une condamnation pure et simple de l’économie de marché ce qui introduirait une contradiction dans l’enseignement social de l’Église alors que François « recommande vivement l’utilisation et l’étude » du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église⁠[21]. L’amélioration de la situation des pauvres ne sera pas automatique, le fruit de la « main invisible du marché »[22]. Au contraire, François dénonce les théories du « ruissellement »⁠[23], du « trickle down » qu’il traduit par « rechute favorable ». Ces théories « supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. » Pour François, « cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. »[24] Au passage, nous notons l’adjectif « sacralisés » qui montre bien, une fois de plus, que le système n’est pas rejeté en bloc. Qui procédera à la « désacralisation », à la moralisation du marché sinon le pouvoir politique ?⁠[25]

C’est le chapitre 4 qui va développer la position de François face à ces défis.

Même si l’objet de cette exhortation n’est pas social, le pape prend la peine de rappeler que « le kérygme possède un contenu inévitablement social »[26], bien conscient du désengagement de nombreux chrétiens tentés par le surnaturalisme souvent sous la pression de la culture laïciste ambiante qui veut confiner les croyants dans les sacristies. Or, écrit François, « on ne peut plus affirmer que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel »[27]. Si la tentation du retrait existe, l’Écriture et la théologie nous montrent qu’on ne peut dissocier foi et engagement social.⁠[28] Et cet engagement social n’est pas « une simple somme de petits gestes personnels en faveur de quelque individu dans le besoin, ce qui pourrait constituer une sorte de « charité à la carte », une suite d’actions tendant seulement à tranquilliser notre conscience. »[29] C’est pourquoi François renvoie le lecteur au Compendium de la doctrine sociale de l’Église[30] en rappelant que « ni le Pape, ni l’Église ne possèdent le monopole de l’interprétation de la réalité sociale ou de la proposition de solutions aux problèmes contemporains »[31] . Il n’empêche que « nous ne pouvons éviter d’être concrets -sans prétendre entrer dans les détails- pour que les grands principes sociaux ne restent pas de simples indications générales qui n’interpellent personne. Il faut en tirer les conséquences pratiques afin qu’« ils puissent aussi avoir une incidence efficace sur les situations contemporaines complexes ». »[32]

Dans cet esprit, François va aborder « la dimension sociale de l’évangélisation » en s’attardant à deux grands problèmes : d’une part, l’intégration sociale des pauvres⁠[33] et, d’autre part, la paix et le dialogue social⁠[34].

Ce qui frappe d’emblée, c’est la place accordée par François aux pauvres et la manière d’en parler. Certes, l’option préférentielle pour les pauvres nous est bien connue mais personne n’a articulé aussi radicalement le message social de l’Église à partir non pas du fait de la pauvreté mais à partir des pauvres. Le pape François rappelle, avec les ressources de l’Écriture, la place privilégiée qu’ils occupent dans le peuple de Dieu⁠[35] et nous invite avec une insistance particulière et répétée⁠[36] à « écouter le cri du pauvre »[37] et « de peuples entiers »[38]. Etre un chrétien authentique ce n’est pas simplement professer impeccablement une doctrine mais aussi et peut-être surtout écouter le pauvre et le secourir⁠[39] : « Ne nous préoccupons pas seulement de ne pas tomber dans des erreurs doctrinales, mais aussi d’être fidèles à ce chemin lumineux de vie et de sagesse. car, aux défenseurs de « l’orthodoxie », on adresse parfois le reproche de passivité, d’indulgence ou de complicité coupable à l’égard de situations d’injustice intolérables et de régimes politiques qui entretiennent ces situations ».⁠[40]

Qui sont les pauvres ? Ce ne sont pas seulement les peuples de la faim mais les hommes et les femmes qui manquent des biens nécessaires pour grandir en humanité. Il ne s’agit « pas seulement d’assurer à tous la nourriture, ou une « subsistance décente », mais que tous connaissent « la prospérité dans ses multiples aspects » : que ce soit sur le plan de l’éducation, de la santé ou du travail, du vrai travail « libre, créatif, participatif et solidaire ».[41] François n’oublie pas les « nouvelles formes de pauvreté » : « les sans-abri, les toxicodépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées, etc.. » Il n’oublie pas les migrants⁠[42], dénonce la traite des personnes⁠[43], pense aux « femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence »[44] et aux « enfants à naître ». A leur propos, il insiste sur le fait que « cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement. Elle est une fin en soi, et jamais un moyen pour résoudre d’autres difficultés. Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. »⁠[45] Enfin, François ne limite pas sa compassion à ces personnes fragiles. Nous sommes « les gardiens des autres créatures », de ces « autres êtres fragiles et sans défense, qui très souvent restent à la merci des intérêts économiques ou sont utilisés sans discernement », c’est-à-dire de « l’ensemble de la création ».⁠[46] Bref, le Pape nous invite à « prendre soin de la fragilité du peuple et du monde »[47] dans toutes ses manifestations.

Face à toutes ces pauvretés, petitesses, fragilités, quel doit-être notre attitude ? Notre attitude, l’attitude de nous tous, sans exception: « personne ne peut se sentir exempté de la préoccupation pour les pauvres et pour la justice sociale »[48]. et sans oublier que « la vocation et la mission propre des fidèles laïcs est la transformation des diverses réalités terrestres pour que toute l’activité humaine soit transformée par l’Évangile »[49] Encore faut-il que nous combattions notre « paganisme individualiste »[50], éblouis que nous sommes trop souvent par la consommation et le divertissement. Ce paganisme individualiste « produit ainsi une sorte d’aliénation qui nous touche tous, puisqu’« une société est aliénée quand, dans les formes de son organisation sociale, de la production et de la consommation, elle rend plus difficile la réalisation de ce don et la constitution de cette solidarité entre hommes ». »[51]

qu’est-ce que cette solidarité qui nous est demandée ? Le mot « solidarité » « désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. Il demande de créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns. »⁠[52]

Penser en termes de communauté, cela signifie que « notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance ; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il « considère comme un avec lui ». »[53] d’une part, les pauvres « ont beaucoup à nous enseigner » et donc « il est nécessaire que nous nous laissions évangéliser par eux ».⁠[54] Accompagner les pauvres « comme il convient sur leur chemin de libération »[55], c’est leur prêter l’attention dont ils ont principalement besoin: « une attention religieuse privilégiée et prioritaire . »⁠[56] Et nous, « nous avons besoin de grandir dans une solidarité qui « doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin », de même que « chaque homme est appelé à se développer ». » ⁠[57]

Donner priorité à la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns, impose de rappeler « la fonction sociale de la propriété et la destination universelle des biens comme réalités antérieures à la propriété privée »[58] et de « résoudre les causes structurelles de la pauvreté »[59] En effet, « les plans d’assistance qui font face à certaines urgences devraient être considérés seulement comme des réponses provisoires. Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun problème. La disparité sociale est la racine des maux de la société ».⁠[60] Il importe de ne pas oublier que « la croissance dans l’équité exige quelque chose de plus que la croissance économique, bien qu’elle la suppose ; elle demande des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres qui dépasse le simple assistanat »[61]

L’entrepreneur et l’homme politique ont des rôles importants à jouer. Ainsi, « la vocation d’entrepreneur est un noble travail, il doit se laisser toujours interroger par un sens plus large de la vie ; ceci lui permet de servir vraiment le bien commun, par ses efforts de multiplier et rendre plus accessibles à tous les biens de ce monde ».⁠[62] Au contraire, « augmenter la rentabilité en réduisant le marché du travail » est un « venin »[63]. d’autre part, il faut « davantage d’hommes politiques qui aient vraiment à cœur la société, le peuple, la vie des pauvres ! »[64] « A « partir d’une ouverture à la transcendance pourrait naître une nouvelle mentalité politique et économique, qui aiderait à dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social. »[65] En effet, « la politique tant dénigrée, est une vocation très noble, elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun ».⁠[66]

Et sur le plan politique, il est indispensable de se rendre compte qu’ « aucun gouvernement ne peut agir en dehors d’une responsabilité commune. […] Si nous voulons vraiment atteindre une saine économie mondiale, il y a besoin, en cette phase historique, d’une façon d’intervenir plus efficace qui, restant sauve la souveraineté des nations, assure le bien-être économique de tous les pays et non seulement de quelques-uns. »⁠[67]

C’est « dans la poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes »[68] que se construit la paix authentique⁠[69], la paix sociale durable qui ne peut être que le « fruit du développement intégral de tous »[70]. Elle ne se construit pas sur le silence des pauvres : « les revendications sociales qui ont un rapport avec la distribution des revenus, l’intégration sociale des pauvres et les droits humains ne peuvent pas être étouffées sous prétexte de construire un consensus de bureau ou une paix éphémère, pour une minorité heureuse. » Pourquoi ? par ce que « la dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de la tranquillité de quelques-uns qui ne veulent pas renoncer à leurs privilèges. »[71]

La paix pour s’établir dans une société doit être l’œuvre d’un peuple et non d’« une masse asservie par les forces dominantes »[72]. Un peuple est constitué de citoyens fidèles qui participent à la vie politique, mais qui surtout se laissent intégrer et développent « une culture de la rencontre dans une harmonie multiforme ».⁠[73]

Le peuple se construit et édifie la paix nationale et internationale en suivant quatre principes eux-mêmes inspirés par les postulats fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église⁠[74].

Examinons ces quatre principes qui sont des principes d’action implicites que le Pape François est le premier à mettre ainsi en évidence.

Ils sont ainsi formulés : « le temps est supérieur à l’espace », « l’unité prévaut sur le conflit », « la réalité est plus importante que l’idée » et « le tout est supérieur à la partie ».

Il faut apprendre à « travailler à long terme », en vue de la plénitude, avec patience et ténacité plutôt que d’être obsédé par l’obtention de résultats immédiats⁠[75].

Toujours dans la perspective de la plénitude, le conflit ne peut être ignoré ou paralysant, il doit être supporté, résolu et transformé « en un maillon d’un nouveau processus »[76] de solidarité entendue comme « une communion dans les différences ». Pour cela, « aller au-delà de la surface du conflit et [regarder] les autres dans leur dignité la plus profonde »[77] et combattre notre propre tentation de « dispersion dialectique »[78] en évitant le « syncrétisme » ou « l’absorption de l’un dans l’autre ».⁠[79]

Entre l’idée et la réalité, il est nécessaire d’« instaurer un dialogue permanent, en évitant que l’idée finisse par être séparée de la réalité ».⁠[80] La réalité, supérieure à l’idée, doit être éclairée par le raisonnement d’où l’importance de l’histoire de l’Église, des « saints qui ont inculturé l’Évangile », de la tradition. d’où la nécessité de « mettre en pratique la parole », de « réaliser des œuvres de justice et de charité ».⁠[81]

Enfin, il faut éviter « l’universalisme abstrait et globalisant » tout comme « la mesquinerie quotidienne » du local⁠[82], « des questions limitées et particulières »[83], en donnant la priorité au « bien plus grand qui sera bénéfique à tous » sans pour autant « se déraciner »[84]. Ainsi, dans l’action politique, « le meilleur de chacun », qu’il soit pauvre ou non, qu’il commette des erreurs ou non, doit être recueilli. Tous les peuples, toutes les personnes, dans leur particularité, doivent être incorporés « en vérité » dans la recherche du bien commun.⁠[85]

Ces quatre principes nous montrent qu’il n’y a pas de paix sans « dialogue social », toujours en vue du bien commun et du plein développement de tout être humain. C’est à l’État et aux autorités internationales que revient le soin du bien commun national et universel de chercher des consensus à la recherche d’« une société juste, capable de mémoire et sans exclusions », dans le dialogue, avec humilité et en respectant les principes de subsidiarité et de solidarité.⁠[86] Dans son dialogue avec l’État et le peuple, l’Église qui « n’a pas de solutions pour les questions particulières », accompagne néanmoins, au nom des valeurs fondamentales, « les propositions qui peuvent répondre le mieux à la dignité de la personne humaine et au bien commun. »⁠[87]

Toujours dans le souci de la paix et de la justice, foi raison et sciences⁠[88] doivent dialoguer comme doivent aussi dialoguer les chrétiens divisés⁠[89], les chrétiens avec le peuple juif⁠[90], avec les religions non chrétiennes ou les athées⁠[91].

Dans un contexte de liberté religieuse, « un sain pluralisme, qui, dans la vérité respecte les différences et les valeurs comme telles, n’implique pas une privatisation des religions, avec la prétention de les réduire au silence. »[92] Tous, y compris les incroyants, peuvent être « de précieux alliés dans l’engagement pour la défense de la dignité humaine, la construction d’une cohabitation pacifique entre les peuples et la protection du créé. »[93]

Un peu plus tard, le 8 décembre 2013, en vue de la célébration de la 47e Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2014⁠[94], François va longuement développer le thème de la fraternité qui implique la solidarité telle qu’il l’a définie et cet esprit de communauté entre tous les hommes et principalement vis-à-vis des plus pauvres.

François constate que nous sommes tous animés, dans notre « désir d’une vie pleine » par « une soif irrépressible de fraternité, qui pousse à la communion avec les autres ». Voir en l’autre un frère, une sœur est la condition de la justice et de la paix et c’est dans la famille que naît ce regard. Au niveau mondial, nous sommes amenés à prendre de plus en plus conscience « de l’unité et du partage d’un destin commun entre les Nations de la terre. » Mais, si la mondialisation, comme disait Benoît XVI, « nous rend proches », elle « ne nous rend pas frères » au contraire, surgit une « mondialisation de l’indifférence, qui nous fait lentement nous « habituer » à la souffrance de l’autre, en nous fermant sur nous-mêmes. » Les plus faibles nous paraissent inutiles et les échanges, quand il y en a, s’apparentent « à un simple « do ut des »[95] pragmatique et égoïste ».

L’esprit de fraternité ne peut naître que dans la référence à un « Père commun, comme son fondement ultime » même si, comme l’enseigne l’histoire de Caïn et Abel⁠[96], beaucoup meurent « par la main de frères et de sœurs qui ne savent pas se reconnaître tels, c’est-à-dire comme des êtres faits pour la réciprocité, pour la communion et pour le don ». Seule la fraternité originelle régénérée par le Christ peut fonder la fraternité « que les hommes ne sont pas en mesure de générer tout seuls ». Seul le Christ réconcilie les hommes et les peuples et seul peut nous présenter l’autre « comme notre « semblable », une « aide ». »

la fraternité ainsi entendue « génère la paix sociale, parce qu’elle crée un équilibre entre liberté et justice, entre responsabilité personnelle et solidarité, entre bien des individus et bien commun. une communauté politique doit, alors, agir de manière transparente et responsable pour favoriser tout cela. Les citoyens doivent se sentir représentés par les pouvoirs publics dans le respect de leur liberté ».

Mais une conversion des cœurs, comme on le devine, est nécessaire. Les crises financières et économiques que nous connaissons réclament des politiques adaptées mais aussi, de notre part, des « styles de vie sobres et basés sur l’essentiel ». C’est l’occasion de « retrouver les vertus de prudence, de tempérance, de justice et de force ». De même, si, en vue de la paix, des accords internationaux, des lois nationales sont nécessaires, chacun doit aussi s’efforcer « de reconnaître dans l’autre un frère dont il faut prendre soin, avec lequel travailler pour construire une vie en plénitude pour tous ». Seule cette conversion peut vaincre les maux sociaux, que ce soit la faim⁠[97], la violence, la corruption, les trafics illicites, la destruction du milieu naturel, la prostitution, l’exploitation, la spéculation, la pédophilie, l’esclavage, l’inhumanité de certaines prisons, etc..

Et de conclure : « Quand manque cette ouverture à Dieu, toute activité humaine devient plus pauvre et les personnes sont réduites à un objet dont on tire profit. C’est seulement si l’on accepte de se déplacer dans le vaste espace assuré par cette ouverture à Celui qui aime chaque homme et chaque femme, que la politique et l’économie réussiront à se structurer sur la base d’un authentique esprit de charité fraternelle et qu’elles pourront être un instrument efficace de développement humain intégral et de paix ».

Une fois de plus est affirmée la nécessité de la conversion.


1. CV 42.
2. Il en va de même en ce qui concerne les questions sexuelles et familiales. Ainsi, le dimanche 5 janvier 2014, dans le Journal télévisé en la RTBf de 13h, les journalistes pensaient opposer Benoît et François sur la question du mariage homosexuel en rappelant que Benoît XVI était partisan du mariage entre un homme et une femme alors que François, lui, avait béni des enfants de couples homosexuels…​ !
3. Le 27 novembre 2013, sur le site du Nouvel Observateur (rue89.nouvelobs.com), on lit : « cette fois, c’est sûr : le pape François est socialiste ». Et un peu plus loin, le journaliste (Clément Guillou) nuance à peine :  »…​farouchement anti-libéral et même…​ socialiste ». On serait passé de l’anticommunisme de Jean-Paul II à l’anticapitalisme.
   Le magazine américain The Atlantic (www.theatlantic.com) du 26 novembre 2013, sous la plume de Heather Horn précise que la pensée du Pape est influencée par Karl Polanyi déjà évoqué et présenté comme un partisan du « socialisme démocratique ». Mais la journaliste est plus nuancée que celui du Nouvel Observateur : « Il faut noter, dit-elle, que la pape François […​] n’appelle pas à un renversement complet de l’économie. Il ne parle pas de révolution et il n’est évidemment pas question d’un discours marxiste sur le sens de l’histoire. En revanche, François dénonce spécifiquement le règne absolu du marché sur les êtres humains. il be dénonce pas l’existence du marché mais sa domination ».
   L’économiste libéral Philippe Chalmin (cf. DESJOYAUX Laurence, Le pape François, un socialiste ? sur www.la vie.fr, 29-11-2013) pense que la position de François est traditionnelle mais peu éclairée. Les critiques libérales (Tim Worstall, in Forbes ; Samuel Gregg, in National Review) vont toutes dans le même sens : les critiques du pape contre l’économie de marché ignorent les faits : les inégalités ont diminué ces trente dernières années grâce à cette économie et nulle part le marché n’est absolument autonome. (Cf. DESJOYAUX Laurence, op. cit.).
   Par contre, Michael Sin Winters, in National catholic Reporter estime que le pape a raison de dénoncer le « libertarianisme » et le « néo-libéralisme ». Heidi Moore, in The Guardian, pense que l’inégalité des revenus fustigée par le pape, est bien « le plus gros enjeu économique de notre temps » et qu’il convient de rechercher un capitalisme éthique. De même, Pascal-Emmanuel Gobry qui se définit comme catholique libéral, demande que l’on prenne au sérieux le message du pape. (Cf. DESJOYAUX Laurence, op. cit.).
4. Cf. Julien Alexandre à propos de Evangelii gaudium : « François […​] se contente, lui, de souhaiter que les riches aient pitié des pauvres […​]. C’est un bond en arrière par rapport à l’avancée de l’encyclique du précédent pape ! » (Cf. le blog de JORION Paul). Paul Jorion est titulaire de la chaire « Stewardship of Finance » à la Vrije Universiteit Brussel. Il est également chroniqueur au Monde-Économie et fait partie du Groupe de réflexion sur l’économie positive dirigé par Jacques Attali. Il est diplômé en sociologie et en anthropologie sociale (Docteur en Sciences Sociales de l’Université Libre de Bruxelles). Il a enseigné aux universités de Bruxelles, Cambridge, Paris VIII et à l’Université de Californie à Irvine. Il a également été fonctionnaire des Nations-Unies (FAO), participant à des projets de développement en Afrique. Paul Jorion a travaillé de 1998 à 2007 dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il avait préalablement été trader sur le marché des futures dans une banque française. Il a publié un ouvrage en anglais relatif aux répercussions pour les marchés boursiers de la faillite de la compagnie Enron : Investing in a Post-Enron World (McGraw-Hill 2003). Il a publié, La crise du capitalisme américain (La Découverte 2007 ; Le Croquant 2009), L’implosion. La finance contre l’économie : ce que révèle et annonce « la crise des subprimes » (Fayard 2008), La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire (Fayard 2008), L’argent, mode d’emploi (Fayard 2009), Comment la vérité et la réalité furent inventées (Gallimard 2009), Le prix (Le Croquant 2010), Le capitalisme à l’agonie (Fayard 2011) et La guerre civile numérique (Textuel 2011). Ses ouvrages les plus récents sont Misère de la pensée économique (Fayard 2012) et La survie de l’espèce (Futuropolis/Arte 2012) avec MAKLES Grégory. Comprendre les temps qui sont les nôtres (Odile Jacob 2014) a paru le 6 mars.
5. Cf. Jean-Philippe Delsol de l’Institut de recherches économiques et sociales, sur http://fr.irefeurope.org, 24-12-2013. François serait contre l’économie de marché que Jean-Paul II défendait.
6. Si l’on veut savoir dans quelle mouvance le Pape François s’inscrit, indépendamment de sa fidélité avouée et manifeste à l’enseignement de ses prédécesseurs, on peut se référer à l’interview de son ancien professeur, le P. SCANNONE Juan Carlos (cf. Zenit, 24 juin 2014). A la question de savoir si François est proche ou non de la théologie de la libération, l’ancien professeur répond qu’il y a quatre courants à l’intérieur de la théologie de la libération comme l’a attesté aussi Antonio Quarracino qui allait devenir plus tard archevêque de Buenos Aires et qui était alors secrétaire du Conseil épiscopal latino-américain (Celam). Chaque courant a ses caractéristiques propres. François a été influencé pat la « théologie du peuple » qui, elle, « n’a jamais utilisé ni la méthode ni les catégories de l’analyse marxiste de la réalité mais, sans nier la racine sociale, […​] a fait le choix de l’analyse historico-culturelle. L’aspect historico-culturel prend le dessus, sans supprimer l’importance de l’aspect historico-politique. En outre, la piété populaire y est fortement revalorisée et on en vient même à parler de « spiritualité et mystique populaire ». Le Pape François dans « Evangelii gaudium », donne beaucoup d’importance au thème de la spiritualité populaire et traite même deux fois de ce thème, en raison de l’importance que revêt l’inculturation dans la culture latino-américaine. la culture populaire s’évangélise elle-même et évangélise les prochaines générations. »
7. Cette exhortation « post-synodale » livre les conclusions du Pape après le synode des évêques sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne d’octobre 2012. A la différence d’une encyclique, ce document s’adresse aux croyants (« je désire m’adresser aux fidèles chrétiens » EG 1 ; « cette Exhortation s’adresse aux membres de l’Église catholique » EG 200) ce qui explique que le langage de la foi l’emporte ici sur celui de la raison et de la référence à la « loi naturelle ». (Cf. MELLON Christian, Evangelii gaudium sur le site du CERAS : www.doctrine-sociale-catholique.fr ; et NAUDET Jean-Yves, Evangelii gaudium, François et l’économie, sur le site www.libertepolitique.com) . Toutefois, au n° 213, lorsqu’il aborde la question de l’avortement, François note tout de même que « la seule raison est suffisante pour reconnaître la valeur inviolable de toute vie humaine ».
8. François distingue la « pauvreté absolue » qui est en recul et la « pauvreté relative » qui croît gravement. Cette pauvreté relative naît « des inégalités entre personnes et groupes qui vivent dans une même région, ou dans un même contexte historico-culturel ». (La fraternité, fondement et route pour la paix, message du 8 décembre 2013, en vue de la célébration de la 47e Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2014, DC, n° 2514, avril 2014, p. 50).
9. EG 52.
10. EG 56.
11. EG 60.
12. EG 53.
13. EG 55.
14. EG 57.
15. EG 64.
16. EG 59.
17. EG 53.
18. EG 55.
19. EG 56.
20. EG 57.
21. EG 184.
22. EG 204.
23. La richesse accumulée par quelques-uns finit par « ruisseler » sur les moins nantis comme l’eau coule d’un sommet vers la plaine. La question est abordée, par exemple par STIGLITZ Joseph E. dans Le prix de l’inégalité, LLL Les liens qui libèrent, 2012. Joseph Stiglitz s’oppose frontalement aux partisans de cette thèse du ruissellement selon laquelle les inégalités seraient à l’origine d’une stimulation de la croissance profitable à l’ensemble du corps social. Il montre aisément que cette thèse est inexacte car cette montée de l’inégalité n’a pas accéléré la croissance, ni stimulé les revenus de la grande majorité de la population.
24. EG 54.
25. EG 58.
26. EG 177.
27. EG 182.
28. EG 178-183.
29. EG 180.
30. Dans une interview, François précise que l’exhortation ne contient « rien qui ne se trouve déjà dans la doctrine sociale de l’Église » (La Stampa, 15 décembre 2013) confondant ainsi tous ceux qui voyaient dans ce texte une rupture quelconque avec la pensée des ses prédécesseurs.
31. EG 184.
32. EG 182 citant CDSE 9.
33. EG 186-216.
34. EG 217-258.
35. L’option pour les pauvres est « comme une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Église ». ( EG 198 citant SRS 42).
36. EG 187, 190, 191, 193.
37. EG 187.
38. EG 190.
39. François rappelle : « Quand saint Paul se rendit auprès des Apôtres à Jérusalem, de peur de courir ou d’avoir couru en vain (cf. Ga 2, 2), le critère clé de l’authenticité qu’ils lui indiquèrent est celui de ne pas oublier les pauvres (cf. Ga 2, 10). » (EG 195).
40. EG 194 citant Libertatis nuntius, XI, 18.
41. EG 192 citant MM 2. Le 20 mars 2014, François recevant des dirigeants et des ouvriers des aciéries à Terni, déclare, entre autres: « Face au développement actuel de l’économie et aux souffrances que traverse le monde professionnel, il faut réaffirmer que le travail est une réalité nécessaire pour la société, pour les familles et pour les individus. la travail, en effet, concerne directement la personne, sa vie, sa liberté et son bonheur. La première valeur du travail est le bien de la personne humaine, parce qu’il lui permet de se réaliser en tant que telle, avec ses aptitudes et ses capacités intellectuelles, créatives et manuelles. Il s’ensuit que le travail n’a pas seulement une finalité économique et orientée vers le profit, mais surtout une finalité qui concerne l’homme et sa dignité. la dignité de l’homme est liée au travail. […] Et lorsque le travail manque, cette dignité est blessée. Celui qui est au chômage ou qui est sous-employé risque, en effet, d’être mis en marge de la société, de devenir victime d’exclusion sociale. il arrive si souvent que les personnes sans travail -je pense surtout aux nombreux jeunes, aujourd’hui au chômage- tombent dans une sorte de découragement chronique ou, pire, d’apathie. » Le chômage « est la conséquence d’un système économique qui n’est plus capable de créer du travail, parce qu’il a mis au centre une idole qui s’appelle l’argent ! C’est pourquoi, les différents responsables politiques, sociaux et économiques sont appelés à promouvoir une approche différente, basée sur la justice et sur la solidarité. La solidarité est importante, mais ce système ne l’aime pas beaucoup et préfère l’exclure. cette solidarité humaine qui assure à tous la possibilité de mener une activité professionnelle digne. le travail est un bien qui appartient à tous, qui doit être disponible pour tous. Cette phase de graves difficultés et de chômage nécessite d’être affrontée avec les instruments de la créativité et de la solidarité. la créativité d’entrepreneurs et d’artisans courageux qui regardent vers l’avenir avec confiance et espérance. Et la solidarité entre toutes les composantes de la société qui renoncent à quelque chose, adoptent un style de vie plus sobre, pour aider ceux qui se trouvent dans le besoin.
   Ce grand défi interpelle toute la communauté chrétienne. Si chacun joue son rôle, si tous mettent toujours au centre la personne humaine, et non l’argent, avec sa dignité, si l’on consolide des comportements de solidarité et de partage fraternel inspirés de l’Évangile, il sera possible de sortir du marécage d’une saison économique et professionnelle éprouvante et difficile. » (Zenit, 20 mars 2014).
42. EG 210.
43. EG 211.
44. EG 212.
45. EG 213.
46. EG 215.
47. EG 216.
48. EG 201.
49. EG 201, proposition 45 du Synode.
50. EG 195.
51. EG 196 citant CA 41.
52. EG 188.
53. EG 199 citant st THOMAS, Somme théologique, II-II, q. 27, a.2.
54. EG 198.
55. EG 199.
56. EG 200.
57. EG 190 citant PP 65 et 15.
58. EG 189.
59. EG 202.
60. EG 202.
61. EG 205.
62. EG 203.S’adressant le 10 mai 2014 aux participants d’une rencontre organisée par la Fondation Centesimus annus-Pro pontifice, François s’adresse à ces entrepreneurs qui ont réfléchi au thème de la solidarité, déclare : « l’entrepreneur chrétien est toujours stimulé à confronter l’Évangile avec la réalité dans laquelle il opère ; et l’Évangile lui demande de mettre en premier la personne humaine et le bien commun, de faire en sorte qu’il y ait des opportunités de travail, de travail dans la dignité. naturellement, cette « entreprise » ne peut s’accomplir isolément, mais en collaborant avec d’autres qui ,partagent cette base éthique et en cherchant à élargir le plus possible le réseau. la communauté chrétienne -la paroisse, le diocèse, les associations- sont le lieu où l’entrepreneur, mais aussi le politicien, le professionnel, le syndicaliste, puisent la sève pour nourrir leurs engagements et dialoguer avec leurs frères. c’est indispensable, parce que l’ambiance de travail devient très rude, hostile, inhumaine. la crise met à dure épreuve l’espérance des entrepreneurs ; il ne faut pas laisser seuls ceux qui sont les plus en difficulté. » (Zenit, 14 mai 2014).
63. EG 204.
64. EG 205.
65. EG 205.
66. EG 205. Le 10 mai 2014
67. EG 206.
68. PP 76 cité in EG 219.
69. Comme ses prédécesseurs, François rappelle que la paix authentique n’est ni une simple absence de guerres ou de conflits, « fruit de l’équilibre toujours précaire des forces » (EG 219) ou « obtenue par l’imposition d’un secteur sur les autres », ni « un irénisme ».
70. EG 219.
71. EG 218.
72. On se souvient de cette distinction opérée par Pie XII dans son radio-message du 24 décembre 1944.
73. EG 220.
74. Rappelons ces quatre postulats fondamentaux : dignité de la personne humaine, bien commun, solidarité et subsidiarité. (CDSE 160).
75. EG 223. François renvoie Jésus demandant aux disciples d’attendre l’Esprit Saint (Jn 16, 12-13) et à la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13, 24-30).
76. EG 227.
77. EG 228.
78. EG 229 citant QUILES Ismael, sj, Filosofia de la educacion personalista, Ed. Depalma, 1981, pp. 46-53.
79. EG 228. Nous devons nous inspirer de l’exemple du Christ qui « a tout unifié en lui : le ciel et la terre, Dieu et l’homme, le temps et l’éternité, la chair et l’esprit, la personne et la société. » (EG 229). « L’annonce de la paix n’est pas celle d’une paix négociée mais la conviction que l’unité de l’Esprit harmonise toutes les diversités. Elle dépasse tout conflit en une synthèse nouvelle et prometteuse. La diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une « diversité réconciliée ». » (EG 230).
80. EG 231. L’idée détachée de la réalité engendre « les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les nominalismes déclaratifs, les projets plus formels que réels, les fondamentalismes anti-)historiques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse ». (id.). François épingle également « les idéalismes » (EG 232), « l’intimisme et le gnosticisme » (EG 233).
81. EG 233.
82. EG 234.
83. EG 235.
84. EG 235.
85. EG 236. Une fois encore, jésus montre le chemin : l’Évangile est annoncé à tous dans toutes leurs dimensions : « La Bonne Nouvelle est la joie d’un Père qui ne veut pas qu’un de ses petits se perde ». (EG 237).
86. EG 239-240.
87. EG 241.
88. EG 242-243.
89. EG 244-246.
90. EG 247-249.
91. EG 250-254. A propos de l’Islam, François en appelle au principe de réciprocité : « Nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons à être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique. […​] qu’ils donnent aux chrétiens de célébrer leur culte et de vivre leur foi, prenant en compte la liberté dont les croyants de l’Islam jouissent dans les pays occidentaux. » (EG 253).
92. EG 255.
93. EG 257.
94. Cf. DC, n° 2514, avril 2014, pp. 46-54.
95. « Je te donne pour que tu me donnes ».
96. Gn 4, 1-16.
97. François constate : « Les initiatives et les solutions possibles sont nombreuses et ne se limitent pas à l’augmentation de la production. Il est bien connu que celle-ci est actuellement suffisante ; et pourtant il y a des millions de personnes qui souffrent et meurent de faim. » Le 10 mars 2014, Mgr Silvano Tomasi, représentant du Saint-Siège au Bureau des Nations-Unies et des institutions spécialisées à Genève, durant la XXVe session ordinaire du Conseil des droits de l’homme sur le droit à l’alimentation (3-28 mars), demande que le droit à l’alimentation « ne soit pas réduit à un droit à ne pas mourir de fin » mais qu’il soit reconnu comme « droit à une alimentation adéquate…​ pour une vie saine et active ». Il reste encore plus de 840 millions de personnes victimes de la faim. Mgr Tomasi demande, à la suite de François, « d’abattre avec décision les barrières de l’individualisme, du repli sur soi-même, de l’esclavage du profit à tous les coûts et ceci pas seulement dans les dynamiques des relations humaines mais aussi dans les dynamiques économiques set financières globales. » Le représentant du Saint-Siège réclame des « mesures structurelles » comme « des lois-cadres et des politiques alimentaires justes, une utilisation juste des ressources, des prix abordables pour les familles et les membres les plus vulnérables de la société. » Au niveau national, il souhaite « des investissements publics et privés adéquats pour permettre aux petits agriculteurs d’augmenter leur productivité, d’obtenir un surplus de bénéfices suffisant pour améliorer leurs conditions de travail et pour subvenir aux besoins de leurs familles. » Il espère qu’on inclue « des composantes agricoles » dans l’assistance au développement, afin que « le droit de produire et de commercialiser la nourriture soit assuré sans discrimination » mais aussi de porter « une attention particulière à l’autonomisation et la participation des femmes dans les campagnes ». Enfin, le Saint-Siège demande la mise en pratique de l’accord signé à Bali par l’Organisation mondiale du commerce (décembre 2013) sur la libéralisation des échanges commerciaux, pour « promouvoir un commerce plus libre et plus équitable, non comme fin en soi mais comme une approche pour mettre fin à la pauvreté pour tous ». (Zenit, 27 mars 2014).