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a. La démographie

Jean XXIII en avait déjà parlé dans son encyclique Mater et magistra[1]. Rappelons-nous. Contestant l’injonction biblique « Croissez et multipliez », « Remplissez la terre et soumettez-la », certains estiment qu’il faut freiner la natalité dans la mesure où le développement économique étant plus lent que la croissance démographique, « le déséquilibre s’accentuera d’une manière aigüe entre population et moyens de subsistance ». De plus, le taux de mortalité infantile surtout se réduisant, « l’excédent des naissances sur les décès s’accroît sensiblement, et le rendement des régimes économiques ne croît pas en proportion ». Voilà deux raisons de contrôler la démographie.

Pour Jean XXIII, la situation décrite n’est pas vérifiée. En fait, de nombreux problèmes viennent d’une « organisation économique et sociale déficiente » et d’une « solidarité insuffisante » alors que la nature, créée par Dieu, a des « ressources inépuisables » et que les hommes créés par Dieu ont l’intelligence et le génie pour répondre à ce défi. Il faut, disait-il, « un nouvel effort scientifique » plutôt que de toucher à des règles morales.

La vraie solution consiste à d’abord respecter les vraies valeurs humaines et notamment la vie humaine qui est sacrée, la famille fondée sur le mariage. Dans le respect des « lois inviolables et immuables », il convient d’éduquer au sens des responsabilités notamment en ce qui concerne la fondation d’une famille. Par ailleurs, un tel problème requiert une collaboration mondiale pour que se mette en place une « circulation ordonnée et féconde des connaissances, des capitaux et des hommes ».

L’encyclique de Jean-Paul II⁠[2] renvoie d’abord à ce que disait Paul VI dans Populorum progressio[3]puis à ce qu’il a, lui-même, exposé dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio[4].

Ceci rappelé, Jean-Paul II revient aux problèmes créés par le nombre de naissances dans le Sud mais il y ajoute ceux qui sont liés à la chute de la natalité dans le Nord car le vieillissement de la population est susceptible aussi de freiner le développement.⁠[5]

Pour Jean-Paul II, la croissance démographique n’est pas la seule cause du sous-développement.⁠[6] De même, ajoute-t-il, « il n’est nullement démontré que toute croissance démographique soit incompatible[7] avec un développement ordonné. »[8] Enfin, il dénonce à nouveau et avec énergie « le signe d’une conception erronée et perverse du vrai développement humain » que sont les campagnes gouvernementales systématiques contre la natalité où souvent l’aide économique et financière étrangère est l’objet d’un chantage dont sont victimes les populations les plus pauvres. Ces politiques, en opposition avec l’identité culturelle et religieuse des peuples concernés, finissent parfois par favoriser un certain racisme ou un eugénisme raciste. Elles sont contraires à la nature du vrai développement.⁠[9]

L’Église n’hésite pas à parler du « mythe de la crise démographique mondiale ».⁠[10] Il faut rejeter le mythe de la fin du monde dû à une crise démographique mondiale qui entraînerait une famine. Ebranlés dans leurs présomptions économiques et démographiques, les chercheurs et les fournisseurs de contraceptifs devraient désormais se demander s’ils ne sont pas en train de contribuer aux problèmes sociaux et économiques plutôt que les résoudre. Le mécontentement et l’opposition des populations soumises aux campagnes de contention devraient faire réfléchir les responsables. Il faut, en effet, considérer la croissance démographique dans le contexte du développement économique et envisager les différents problèmes non seulement de surpopulation dans des zones déterminées, mais aussi de sous-population.⁠[11] Ces différents problèmes doivent être affrontés à travers la promotion de la justice économique par le développement et la décentralisation et par la diffusion de la planification familiale naturelle.⁠[12]

Ce mythe est à la base d’une véritable idéologie qui fait fi de la réalité.

Lors de la Conférence internationale des Nations-Unies sur la population à Mexico du 6 au 13 août 1984, la délégation du Saint-Siège a fait remarquer que « bien des projections pessimistes faites dans le passé ne se sont pas vérifiées et quelques tendances se sont manifestées qui, elles, n’étaient pas prévues ». Et le chef de la délégation, Mgr Jan Schotte tout en affirmant que « de façon générale le taux de croissance de la population mondiale est en baisse, de même que ceux de la fécondité et de la mortalité », ajouta que « l’expérience nous met en garde contre la complexité et les incertitudes des projections à long terme. »[13]


1. MM 186-200.
2. SRS 25. Jean-Paul II aborde encore la question dans son Message au Dr R.M. Salas en vue de la Conférence internationale sur la population, 7 juin 1984, O.R. 26 juin 1984, p. 2 et Aux délégués de la Commission économique pour l’Amérique latine et les caraïbes, Santiago (Chili), 3 avril 1987, O.R. 28 avril 1987, p. 6
3. PP 37: « Il est vrai que trop fréquemment une croissance démographique accélérée ajoute ses difficultés aux problèmes de développement : le volume de la population s’accroît plus rapidement que les ressources disponibles et l’on se trouve apparemment enfermé dans une impasse. La tentation, dès lors, est grande de freiner l’accroissement démographique par des mesures radicales. Il est certain que les pouvoirs publics, dans les limites de leur compétence, peuvent intervenir, en développant une information appropriée et en prenant les mesures adaptées, pourvu qu’elles soient conformes aux exigences de la loi morale et respectueuses de la juste liberté du couple. Sans droit inaliénable au mariage et à la procréation, il n’est plus de dignité humaine. C’est finalement aux parents de décider, en pleine connaissance de cause, du nombre de leurs enfants, en prenant leurs responsabilités devant Dieu, devant eux-mêmes, devant les enfants qu’ils ont déjà mis au monde, et devant la communauté à laquelle ils appartiennent, suivant les exigences de leur conscience instruite par la loi de Dieu, authentiquement interprétée et soutenue par la confiance en Lui. »
4. 22 novembre 1981. Il y dénonce « un esprit contraire à la vie » qui se manifeste chez les uns par la volonté d’imposer des moyens d’empêcher l’éclosion de nouvelles vies, chez d’autres par la priorité absolue accordée aux biens matériels. Cet esprit se retrouve dans « des études faites par les écologistes et les futurologues sur la démographie, qui parfois exagèrent le péril de la croissance démographique pesant sur la qualité de la vie. » L’Église, rappelle-t-il, refuse ce pessimisme et cet égoïsme parce qu’elle voit dans la vie un don de Dieu. C’est pourquoi elle condamne la violence exercée par les autorités publiques en faveur de la contraception, de la stérilisation ou de l’avortement ou encore par les instances internationales qui conditionnent l’aide économique par des programmes qui portent atteinte à la liberté des couples et à la vie. Jean-Paul II rappelle « la doctrine authentique sur la régulation des naissances, présentée à nouveau par le second Concile du Vatican et l’encyclique Humanae vitae » de même que la doctrine sur le mariage. (FC 28-35).
5. L’O.R. du 21 février 1989 (p. 15), rend compte d’un article du P. ROSA Giuseppe, s.j., publié dans la Civiltà cattolica du 21 janvier. Le P. Rosa y « déplore spécialement la situation italienne. L’Italie remporte, en effet, la première place dans le tableau du taux de la dénatalité dans le monde entier( 1,29 enfants par femme). Dans l’ensemble des pays, le baby boom de 1960 à 1965 a été suivi d’une chute spectaculaire. Las statistiques montrent, en particulier en Europe, qu’en un peu plus de vingt ans les naissances ont diminué pratiquement de moitié. Ainsi, alors qu’en 1965 la Hollande et l’Italie avaient respectivement une moyenne de fécondité de 3,04 et 2,55 enfants par femme, ces chiffres n’étaient plus, en 1987, que 1,50 et 1,29. ce dernier chiffre concernant donc l’Italie d’aujourd’hui, vient immédiatement avant celui de l’Allemagne (1,31) et la France arrive peu après (1,84), derrière la Hollande (1,50 déjà indiqués), la Grande-Bretagne (1,78) et la Suède (1,79). Le P. Rosa préconise alors une politique familiale qui puisse d’abord créer des conditions rendant réalisable pour les femmes la conjonction « travail-maternité-carrière’ ; qui supprime les pénalisations économiques que subissent, en fait, les couples prolifiques ; qui redonne à la maternité sa pleine valeur sociale. Il faut , dit-il, éliminer l’actuelle mentalité antinataliste, individualiste et hédoniste, en montrant, en particulier que « donner la vie, avant d’être un acte biologique, est un acte spirituel : c’est un don ». »
6. Rappelons : l’injustice économique, le sous-développement des ressources, la faible planification économique, etc.. Par ailleurs, tient-on suffisamment compte des réalisations générales de la production alimentaire et de toutes les possibilités offertes pour un développement ultérieur des ressources et de la technologie ?
7. La Documentation catholique n° 1968, p. 874, a laissé passer une grave coquille qui introduit un contresens dans cette citation de l’encyclique. C’est bien « incompatible » (abhorrere dans le texte latin) qu’il faut lire. La traduction était pourtant correcte dans le n° 1957, p. 242.
8. Le « toute » est en italiques dans le texte original. Certains pays, comme la France en 1986, la Bulgarie et Singapour en 1987, ont pressenti ou reconnu que la « croissance démographique 0 » correspondait à un désastre sur le plan social et économique et ont pris des mesures pour stimuler l’augmentation de la population.
9. Il y a certes, dans certains pays, des crises démographiques sérieuses mais le « boom » démographique qui doit, selon certains, conduire le mode à sa perte se révèle, de plus en plus, comme un mythe dont la fausseté a été dénoncée par de nombreux experts internationaux. Il n’empêche qu’à partir de ce mythe s’est forgée une idéologie répandue notamment dans certains organismes internationaux. selon cette idéologie, une population moins nombreuse permettrait une meilleur économie. Dès lors, il faut tenter par tous les moyens (contraception, stérilisation, avortement) de contenir la population du globe. est né ainsi un véritable « impérialisme contraceptif » qui impose ses vues sans égards pour les cultures, les traditions, l’éthique et la dignité des populations. (Cf. la très intéressante Communication de l’Église catholique à la XXIIe Conférence du Conseil des Organisations internationales des sciences médicales (CIOMS), 19-24 juin 1988, Pour une claire éthique de la planification familiale, in D.C. n° 1968, pp. 870-877.)
   On peut citer les travaux de SCHOOYANS M., Maîtrise de la vie, domination des hommes, Lethielleux, 1986 ; L’enjeu politique de l’avortement, OEIL, 1991 ; La dérive totalitaire du libéralisme, Mame, 1995 ; Bioéthique et population, Fayard, 1994 ; L’Évangile face au désordre mondial, Fayard, 1998 ; Le crash démographique, Le Sarment-Fayard, 1999 ; La face cachée de l’ONU, Le Sarment-Fayard, 2002 ; Le terrorisme à visage humain, François-Xavier de Guibert, 2008 ; La prophétie de Paul VI, François-Xavier de Guibert, 2008 ; Pour comprendre les évolutions démographiques, APRD, 2011. Face à ces travaux importants sur la constitution, la propagation, la nocivité du « mythe ».
   Le Pr DUMONT Gérard-François n’est pas en reste : La France ridée, en collaboration avec CHAUNU P., LEGRAND Jean et SAUVY Alfred, Livre de poche, Pluriel, 1979 ; Démographie. Analyse des populations et démographie économique, Dunod, 1992 ; De « l’explosion » à « l’implosion » démographique ? in Revue des Sciences morales et politiques, Institut de France, 1993, n° 4, pp. 583-603 ; Dossier démographie, en collaboration avec MONTENAY Yves et LECAILLON Jean-Didier, in Défense nationale, 1993, pp. 19-74: Le monde et les hommes, Les grandes évolutions démographiques, Litec, 1995 ; Les populations du monde, Armand Colin, 2004 ; Les territoires face au vieillissement en France et en Europe, Ellipses, 2006 ; Démographie politique, Les lois de la géopolitique des populations, Ellipses, 2007 ; Population et développement durable in WACKERMAN Gabriel, Le développement durable, Ellipses, 2008, pp. 154-174 ; Le principe de population de Malthus, annonçant une sous-alimentation, s’est-il appliqué ?, in WACKERMAN G., Nourrir les hommes, Ellipses, 2008, pp. 83-88 ; Population et développement : la tentation malthusienne, in Agir, revue de stratégie, n° 35, septembre 2008, pp. 51-66 ; Populations et territoires de France en 2030, Le scénario d’un futur choisi, L’Harmattan, 2008 ; La mondialisation s’applique-t-elle en démographie ? Tendances et perspectives pour le XXIe siècle, in Population et avenir, n° 691, janvier-février 2009, pp. 4-7 et 20 ; La géographie des migrations internationales au tournant des années 2010 et Les migrations climatiques internationales, in MOURIAUX V., Les mobilités, Sedes, 2010, pp. 37-54 ; 7 milliards d’hommes : la terre est-elle surpeuplée ou vieillissante ? in BRUNEL S. et PITTE J.-R., Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, J.-Cl. Lattès, 2010, pp. 185-214.
   En dehors de la sphère francophone, on peut encore évoquer du Pr. SIMON Julian L., L’homme notre dernière chance, Libre échange, PUF, 1981 ; Dr SASSONE Robert L., Handbook on Population, American Life League, 1994 ; du Pr. KASUN Jacqueline, The War against Population : The Economics and ideology on World Population Control, Ignatius Press, 1999 ; et d’autres encore : Dr Roger Revelle, Dr David Hopper, M. Carl Anderson, Dr Peter Bauer, Dr Basil Yamey, Dr Colin Clarke, etc..
10. Cf. la Communication de l’Église catholique à la XXIIe Conférence du Conseil des Organisations internationales des sciences médicales, op. cit..
   Le « mythe de la surpopulation » est l’objet de prises de positions nombreuses sur le web et pas seulement sur des sites catholiques qui répercuteraient simplement la voix de leur « maître » !
   Certes, on trouvera sur le site www.ichtus trois articles confirmant et prolongeant la position de l’Église (Surpopulation : mythe ou réalité ?, Idées reçues sur la surpopulation, Le dynamisme démographique est bien nécessaire à la croissance économique), de même sur celui de France catholique (KAINZ Howard, Le mythe de la surpopulation et la nouvelle moralité, 14 décembre 2012).
   Mais d’autres sites dénoncent de même le mythe.
   Sur le blog de Résistance 71 (71 par référence à la Commune de Paris en 1871) sont dénoncées, dans un style acide, « une poussée du bon vieux Malthus et ses fadaises sur la « surpopulation » de la planète » sous le titre « Sciences, eugénisme et Nouvel Ordre Mondial : Bill Gates, Rockefeller & Co planifient le génocide planétaire ». Il faut « mettre un coup d’arrêt et de balai dans toute cette fange pseudo-scientifique et véritablement criminelle ». On y lira « comment les 85 personnes les plus riches du monde voient les 3,5 milliards les plus pauvres ».
   Sur le site Reporterre, le quotidien de l’écologie, le Britannique MONBIOT George renchérit : « la plupart des obsédés de la surpopulation mondiale sont de vieux riches blancs ayant passé l’âge de la reproduction ». Il conclut crûment son analyse en écrivant que le problème « ce n’est pas le sexe, c’est l’argent ; ce n’est pas le pauvre, c’est le riche ». (La surpopulation, un mythe, 6 octobre 2009).
   Le grand soir du 27 octobre 2009, qui se définit comme un Journal militant à information alternative, publie ce même article de George Monbiot, précédé de ce « chapeau » : « Ceux qui prétendent que la croissance démographique est le gros problème environnemental sont en train de blâmer les pauvres pour les péchés des riches. »
   Contrepoints du 14 octobre 2010 et AgoraVox.fr publient le même article : « L’environnement s’avère être la dernière bouée de sauvetage du socialisme ». Si cette affirmation est contestable, l’article apporte toutefois des renseignements précieux. Tout d’abord, une citation de Tertullien (Notre population est si énorme [200 millions d’habitants] que la terre peut difficilement nous soutenir) que la peur de la surpopulation n’est pas récente ! Mais la suite est intéressante car elle se réfère aux travaux du professeur David Osterfeld et surtout à ceux de Bjorn Lomborg qui, en tant que militant de Greenpeace, avait lancé ses étudiants de l’université de Aarhus dans un exercice de vérification des thèses de Julian Simon. Il s’avéra que celles-ci étaient exactes. Il révisa donc sa position et celles d’écologistes catastrophistes comme Paul R. Ehrlich ou Lester Brown et publia The Skeptical Environmentalist (L’écologiste sceptique, Le Cherche Midi, 2004). On retiendra de ses conclusions quatre points importants cités dans l’article:
   « Actuellement, les ressources naturelles ne sont pas près de disparaître ; la principale limite à leur disponibilité est le coût associé à leur découverte et leur extraction […​] ».
   « L’explosion de population n’a jamais eu lieu et n’aura pas lieu ; la production agricole par tête s’est accrue de 52% dans les pays en voie de développement depuis 1961 et la proportion de ceux qui manquent de nourriture dans ces pays est passée de 45% en 1949 à 18% aujourd’hui ; le prix de la nourriture n’a pas cessé, depuis deux siècles, de baisser en termes réels ; la population humaine devrait de toute façon se stabiliser dans les prochaines décennies ».
   « Le problème des espèces menacées et d’une réduction de la biodiversité a été gravement exagéré, tout comme celui de la disparition des forêts ; si certaines forêts tropicales continuent d’être décimées, le reforestation augment ailleurs et la surface consacrée aux forêts dans le monde s’est accrue depuis un demi-siècle ».
   « La pollution est elle aussi un phénomène qui diminue constamment, en particulier dans les pays riches ; la qualité de l’air, de l’eau et de l’environnement en général est plus grande que jamais dans les grandes villes ; la pollution importante est un phénomène typique des périodes de début de croissance industrielle, alors que les populations sont prêtes à accepter un certain niveau de pollution en échange d’un enrichissement rapide ; plus un pays est riche, plus ses citoyens consacrent des ressources importantes à la qualité de l’environnement ; les innovations technologiques font également en sorte que les méthodes de production soient de moins en moins polluantes ».
11. Sur le site Les Observateurs.ch, le 16 août 2012, on peut lire une intéressante mise au point de Francis Richard sur le mythe de la surpopulation. Selon cet auteur, c’est la fameuse étude (Rapport Meadows présenté en français sous le titre Halte à la croissance ?) ) commandée par le Club de Rome en 1970 au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et publiée en 1972 qui a lancé l’idée d’une pénurie des ressources à venir. Or, ce rapport s’est basé sur des hypothèses qui se sont avérées fausses. En effet, les rédacteurs supposent que les comportements humains ne changent pas, que l’homme est incapable de s’adapter aux circonstances nouvelles, que la nature évolue cers un épuisement des ressources non renouvelables et enfin que la population croît exponentiellement. S’appuyant sur l’article du Dictionnaire du libéralisme (sous la direction de LAINE Mathieu, Larousse, 2012) consacré par J. L. Simon, au malthusianisme, et sur le livre de FELDMAN Jean-Philippe, La famine menace-t-elle l’humanité ?, J.-C. Lattès, 2010, Francis Richard réplique que les humains ne sont pas des animaux comme les autres, ils peuvent modifier leur comportement y compris leur fécondité. De plus, on constate depuis 1961 que la production agricole a plus que doublé dans le monde et plus que triplé dans les pays en voie de développement. Parallèlement, le taux de croissance de la population mondiale qui était de 2,2% à l’époque n’a cessé de baisser et se situe aujourd’hui aux alentours de 1,1%. Même l’ONU reconnaît que la misère a reculé partout davantage au cours de la seconde moitié du XXe siècle que durant les cinq cents années précédentes. Enfin, quand on parle de ressources, il ne faut pas oublier que les ressources potentielles ne deviennent ressources économiques que transformées par les ressources humaines.
   La Croix du 24 mars 2014 publiait une interview de Jacques Vallin démographe à l’Institut national d’études démographiques (Ined) confirme cette analyse et refuse l’idée d’une « surpopulation » de la planète. Pour lui, « il y a assez de ressources pour nourrir tout un chacun ». Il croit en la capacité de l’homme à s’adapter à l’évolution des ressources, à condition que les progrès soient accessibles au plus grand nombre et que le risque environnemental soit pris au sérieux.
   Relevons encore sur le site lewebpedagogique.com, cette réflexion: « En démographie, et en particulier avec le développement durable et les prospectives pour 2050, on tombe facilement dans le catastrophisme. La surpopulation est une idée reçue et mal comprise. Elle est toujours entourée de la notion de malthusianisme, cette théorie démographique et socio-économique formulée au XIX° siècle par l’anglais Malthus qui consiste à expliquer que la croissance démographique (progression géométrique) est toujours supérieure à la croissance économique (progression arithmétique). Elle est à l’origine des politiques de limitation des naissances mais aussi d’un discours socio-politique très orienté vis-à-vis des pauvres (à quelque échelle que ce soit). »
12. La communication de l’Église catholique à la XXIIe Conférence du CIOMS, op. cit., en parle longuement.
13. Intervention de la délégation du Saint-Siège, Conférence internationale sur la population, Mexico, 8-8-1984, O.R. 14-8-1984, pp. 4-5.