Version imprimable multipages. Cliquer ici pour imprimer.

Retour à la vue standard.

ii. A propos de Pie XII

Le lecteur peut consulter le site http://www.pie12.com/index.php?category/Actualites consacré à Pie XII. On y trouve une foule de renseignements et une abondante bibliographie tenue à jour.⁠[1]

Nous ne ferons donc ici que mettre en exergue quelques événements.

En évoquant de nouveau le pontificat de Pie XI, nous avons vu l’action menée par le futur Pie XII. Nous avons aussi précédemment suivi presque pas à pas ses efforts en tant que souverain pontife au service de la paix. Efforts pour empêcher le « pacte d’acier » entre l’Allemagne et l’Italie, efforts pour préserver la Pologne, efforts pour empêcher Italiens et Espagnols de s’associer aux nazis, efforts pour tenter d’empêcher la guerre, de l’arrêter, de préparer la paix.⁠[2]

Il n’empêche que beaucoup encore aujourd’hui considèrent ce pape comme coupable de silence face au génocide juif et même de collusion avec l’hitlérisme.

Il n’est donc pas inutile de rappeler quelques faits.

Ce qu’on peut appeler la « légende noire » a pris corps dans le grand public⁠[3] en 1963, date à laquelle le dramaturge allemand d’extrême-gauche Rolf Hochhuth produit une pièce intitulée « Le Vicaire »[4]. C’est cette pièce qui va ternir la réputation d’un pape que le monde entier, à l’exception des nazis et des communistes, avait loué jusque là.⁠[5] L’autorité de Pie XII a été « discréditée par les secteurs communistes pendant la période la guerre froide ».⁠[6]

Evoquant la pièce, et avec beaucoup d’indulgence, le cardinal Montini, le futur pape Paul VI, écrira : « On ne joue pas avec des sujets et des personnages historiques portés à la connaissance du public par l’imagination créatrice de gens de théâtre insuffisamment doués de discernement historique et -Dieu veuille que cela ne soit pas le cas ici- d’honnêteté humaine ».⁠[7] En tout cas, la conclusion de spectacle c’est que « seuls les communistes et l’Union soviétique ont été efficaces » contre le génocide juif.⁠[8] Peut-être cherchaient-ils à faire oublier l’antisémitisme stalinien ?⁠[9]

Nous avons suivi l’action du Nonce Pacelli puis du Pape Pie XII avant, pendant et après la guerre.

Rappelons que nonce apostolique en Bavière, le futur Pie XII assiste dès 1923 à la montée de la droite nationaliste qui assimile les jésuites, les juifs et les protestants à des ennemis de l’Allemagne. Il dénonce auprès de Pie XI le caractère anti-catholique de la tentative de coup d’État par Hitler. En mai 1924, il écrit que le nazisme « est peut-être la pire hérésie de notre époque ».⁠[10]

Des quarante-quatre discours prononcés comme nonce en Allemagne entre 1917 et 1929, quarante dénoncent un aspect ou un autre de l’idéologie nazie.⁠[11] et il est titulaire d’une licence de l’http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Californie_%C3%A0_Berkeley[université de Californie à Berkeley], une maîtrise et un doctorat à l’http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_Brandeis[Université Brandeis] et a reçu l’http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ordination_rabbinique&action=edit&redlink=1[ordination rabbinique] au séminaire théologique juif des États-Unis d’Amérique.]

En août 1929, il décrit, au nonce apostolique autrichien, Hitler comme « un redoutable agitateur politique ». Il ajoute : « ou bien je me trompe vraiment beaucoup, ou bien tout cela ne se terminera pas bien. Cet être-là est entièrement possédé de lui-même : tout ce qu’il dit et écrit porte l’empreinte de son égoïsme ; c’est un homme à enjamber des cadavres et à fouler aux pieds tout ce qui est en travers de son chemin - je n’arrive pas à comprendre que tant de gens en Allemagne, même parmi les meilleurs, ne voient pas cela, ou du moins ne tirent aucune leçon de ce qu’il écrit et dit. Qui parmi tous ces gens, a seulement lu ce livre à faire dresser les cheveux sur la tête qu’est Mein Kampf ? »[12]

Entre 1933 et 1939, le cardinal Pacelli envoie 55 notes de protestation au gouvernement allemand qui ne respecte pas le concordat.

En mars 1935, dans une lettre ouverte à l’évêque de Cologne, il traite les nazis de « faux prophètes, orgueilleux tel Lucifer » et la même année, devant des pèlerins à Lourdes, il dénonce les idéologies « possédées par la superstition de la race et du sang ». A sœur Pasqualina, sa secrétaire, il déclare que « Hitler est tout à fait obsédé. Il détruit tout ce dont il n’a pas besoin et est capable de piétiner des cadavres. »[13]

En 1935 encore, devant des milliers de pèlerins à Lourdes, il dénonce les idéologies « possédées par la superstition de la race et du sang »[14]

En 1935 toujours, lors d’une réunion avec Dietrich von Hildebrand⁠[15] il déclare que la réconciliation entre la chrétienté et le racisme nazi est impossible puisqu’ils sont aussi différents que l’eau et le feu.⁠[16]

En 1937, il rédige avec le cardinal Faulhaber l’encyclique Mit brennender Sorge et, à Notre-Dame de Paris, il qualifie l’Allemagne de « nation puissante et noble que de mauvais bergers fourvoient vers une idéologie de race. »[17]

Lors de l’élection du Pape, l’Humanité souligne que la brièveté du Conclave et le choix de Mgr Pacelli « prennent plus de sens encore quand on sait quelles insolences exclusives lancèrent Hitler et Mussolini contre sa personne et ce qu’elle signifie pour eux. »[18]

En 1938, l’approbation de l’Anschluss par l’épiscopat autrichien va être très mal reçue au Vatican. Le 27 mars, cette déclaration collective de l’épiscopat d’Autriche est lue dans toutes les Églises du territoire autrichien : « (…) Nous reconnaissons avec joie que le mouvement national-socialiste a fait et fait encore œuvre éminente dans le domaine de la construction nationale et économique comme aussi dans le domaine de la politique sociale pour le Reich et la nation allemande, et notamment pour les couches les plus pauvres de la population…​ Au jour du plébiscite, il va sans dire que c’est pour nous un devoir national, en tant qu’Allemands, de nous déclarer pour le Reich allemand, et nous attendons également de tous les chrétiens croyants qu’ils sauront ce qu’ils doivent à leur nation. ». Aussitôt, à Rome, Radio Vatican dénonce la diffusion de ce texte ; le pape Pie XI et le cardinal Pacelli convoquent le cardinal-archevêque de Vienne Innitzer au Vatican et lui demandent de s’expliquer devant eux. Le 6 avril, avant de rencontrer le pape, Innitzer s’entretient avec le Cardinal Pacelli, qui lui ordonne de rédiger un document, au nom de tous les évêques d’Autriche, à paraître dans l’Osservatore Romano, affirmant que : « La déclaration solennelle des évêques autrichiens […] n’avait pas pour but d’être une approbation de quelque chose qui est incompatible avec la loi de Dieu  », et précisant également que cette première déclaration avait été faite sans l’link : accord de Rome.⁠[19] Pendant les mois qui suivent, les Allemands abrogent le régime concordataire autrichien et interdisent les organisations et journaux dépendant de l’⁠Église catholique. En signe de protestation, le 7 octobre 1938, à l’appel d’Innitzer, des milliers de jeunes gens viennent se rassembler pour prier et méditer dans la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Dans son sermon, le cardinal affirme alors : «  Il n’y a qu’un seul guide (Führer en allemand) : Jésus Christ. » Le lendemain, une centaine de nazis envahissent et saccagent la résidence de l’archevêque. Le cardinal Innitzer se rétracte alors complètement et écrit : « On nous a misérablement trompés. L’Allemagne venait à nous comme une mère à ses enfants ; nous savons maintenant ce que cela signifie. La haine du national-socialisme, égale à celle du communisme, s’est ici déchainée sans retenue contre l’Église. On veut faire de l’Autriche un champ d’expérience pour voir jusqu’où peut aller l’anéantissement du christianisme. Cela ne peut plus durer. On ne répond même pas à nos protestations incessantes. Il faudra voir bien en venir à la lutte ouverte. Les évêques ont été loyaux et confiants, on les a systématiquement abusés. Il faut qu’on sache... » Les relations ambigües entre Innitzer et le régime nazi suscitèrent de nombreuses critiques après la Seconde Guerre mondiale.

Le 28 octobre 1939, le New York Times salue, en première page, l’encyclique Summi pontificatus par ce titre : « Le pape condamne le racisme, les dictateurs et ceux qui violent les traités. »[20] Des milliers de copies seront larguées par avion au-dessus du sol allemand.⁠[21]

En 1939 et 1940, il met en contact les opposants d’Hitler et les Britanniques et avertit les alliés de la prochaine invasion des Pays-Bas, Belgique et France.⁠[22]

Durant la guerre, l’attitude Pie XII face aux nazis sera comparable à celle de Jean XXIII face aux régimes communistes⁠[23]. Il ne fit pas pression sur le Congrès pour augmenter l’accueil des réfugiés juifs. Pendant la guerre, le président américain n’a pas cherché à aider les Juifs d’Europe, considérant que le principal objectif devait être l’écrasement du régime nazihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Franklin_Delano_Roosevelt#cite_note-145[[\]\]. Malgré la pression des Juifs américains, de sa femme et de l’opinion publique américaine, le président ne dévia pas de cette direction. Il ne fut pas mis au courant des projets de bombardements d’http://fr.wikipedia.org/wiki/Auschwitz_(camps)[Auschwitz] ou des voies ferrées.] : prudente. Comme l’explique Alexis Curvers : « Approuvée, recommandée et pratiquée par le pape, une telle politique exigeait évidemment de lui et de toute l’Église officielle une grande modération de langage. Et cette modération qu’on blâme chez Pie XII est précisément celle que les mêmes critiques admirent chez Jean XXIII, parce que celui-ci en a usé, et probablement pour les mêmes raisons, dans ses rapports avec les régimes communistes. On ne peut à la fois demander grâce pour les victimes, qu’elles soient juives ou chrétiennes, et lancer l’anathème à la face des bourreaux tout-puissants. »[24] Le cardinal Montini confirme : « Une attitude de condamnation et de protestation comme celle qu’il [Hochhuth] reproche au pape de n’avoir pas adoptée, eût été non seulement inutile, mais encore nuisible. […] Si, par hypothèse, Pie XII avait fait ce que Hochhuth lui reproche de n’avoir pas fait, il en serait résulté de telles représailles et de telles ruines que, une fois la guerre finie, le même Hochhuth aurait pu, avec une plus grande objectivité historique, politique et morale, écrire un autre drame beaucoup plus réaliste.. »[25]

Si pour les raisons dites, Pie XII est prudent, l’Osservatore romano qui n’est pas tenu par la même réserve se montre sévère dans ses condamnations.⁠[26] Il en est de même pour Radio Vatican : en janvier 1940, le pape demande que à la station « de rendre publiques les épouvantables cruautés de la tyrannie barbare ».⁠[27]

Selon le New York Times du 14 mars 1940, « face à Ribbentrop, le Pape a pris la défense des Juifs allemands et polonais » et a rappelé les atrocités commises par les nazis.⁠[28]

Le 13 mai 1940, devant l’ambassadeur italien Alfieri qui quittait le Saint-Siège pour Berlin, Pie XII déclare : « Nous devrions dire des paroles de feu contre ce qui se passe en Pologne et la seule raison qui Nous retienne de le faire est de savoir que, si Nous parlions, Nous rendrions la condition de ces malheureux encore plus dure ».⁠[29]

Le 23 décembre 1940, le Time magazine publie cet hommage d’Albert Einstein : « Lorsque la révolution nazie survient en Allemagne, c’est sur les universités que je comptais pour défendre la liberté, dont j’étais moi-même un amoureux, car je savais qu’elles avaient toujours mis en avant leur attachement à la cause de la vérité ; mais non, les universités furent immédiatement réduites au silence. Alors je me tournai vers les grands éditeurs de journaux, dont les éditoriaux enflammés des jours passés avaient proclamé leur amour de la liberté ; mais eux aussi, en quelques courtes semaines et comme els universités, furent réduits au silence. Dans la campagne entreprise par Hitler pour faire disparaître la vérité, seule l’Église catholique se tenait carrément e n travers du chemin. Je ne m’étais jamais spécialement intéressé à l’Église auparavant l’Église, mais maintenant je ressens pour elle une grande affection et admiration, parce qu’elle seule a eu le courage et la persévérance de se poser en défenseur de la vérité intellectuelle et de la liberté morale. Je suis donc bien forcé d’avouer que, maintenant, c’est sans réserve que je fais l’éloge de ce qu’autrefois je dédaignais. »

En 1942, Pie XII envoie son nonce protester auprès du gouvernement français de Vichy contre « les arrestations inhumaines et les déportations de juifs depuis la France occupée vers la Silésie et certaines régions de Russie ». Le 6 août 1942, le New York Times titre : « On dit que le pape prend la défense des juifs déportés de France ». Trois Semaines plus tard, le Times écrit : « Vichy arrête les juifs ; le pape est ignoré ». A l’automne, Les services de Goebbels distribuent dix millions d’exemplaires décrivant Pie XII comme le « pape pro-juif » à cause de ses interventions françaises.⁠[30]

Dans le radio-message de Noël 1942, Pie XII parle de ces « centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive ». Le 26 décembre, le New York Times écrit : « La voix de Pie XII est un cri dans le silence et la nuit qui enveloppent l’Europe cet hiver. […] En appelant de ses vœux un « véritable nouvel ordre » fondé sur la liberté, la justice et l’amour […] le pape se place à l’opposé d’Hitler ». Une résistante célèbre, Malou Blum⁠[31], dira : « Pour nous, le message de Noël 1942 était une condamnation claire du nazisme ».⁠[32]

Le 2 juin 1943, Pie XII dénonce les exactions pour cause de nationalité ou de race⁠[33] et explique la prudence agissante de l’Église⁠[34].

En 1942, Le Pape déclare à un visiteur : « Le danger communiste est bien réel mais en ce moment c’est le danger nazi qui m’inquiète le plus ».⁠[35]

Le 30 avril 1943, Pie XII écrit à Mgr Konrad von Preysing, évêque de Berlin : « Jour après jour, parviennent à Notre connaissance des actes inhumains qui n’ont rien à voir avec les réelles nécessités de la guerre et qui Nous remplissent de stupeur et d’effroi » et félicite les prélats qui ont pris la défense de la personne humaine « que les victimes soient ou non les enfants de l’Église ».⁠[36] 

Le 21 janvier 1943, Pie XII écrit au cardinal Faulhaber : « Nous avons toujours caractérisé Notre’ attitude dans la guerre par le mot « impartialité » et non par le mot « neutralité ». Neutralité pourrait être compris dans le sens d’u ne indifférence passive, qui ne convient pas au chef de l’Église. Impartialité signifie pour Nous juger les choses selon la vérité et la justice. Mais en cela quand il s’est agi de déclarations publiques de Notre part, Nous avons eu tous les égards possibles à la situation de l’Église’ dans les différents pays pour épargner aux catholiques des lieux des difficultés que l’on pouvait éviter ».⁠[37]

Le 16 octobre 1943, informé⁠[38] de la déportation des Juifs de Rome, Pie XII demande à son secrétaire d’État, le cardinal Maglione de protester. Maglione avertit l’ambassadeur d’Allemagne que le Pape ne pourrait garder le silence s’ils arrêtaient des Juifs. Dans le même temps, Pie XII envoyait son neveu Carlo Pacelli demander à Mgr Alois Hudal, sympathisant allemand, d’intervenir. et protesta. Ces démarches restant vaines, Pie XII envoie son confident le plus proche, le père général des Salvatoriens, le P. Pfeiffer auprès du gouverneur militaire de Rome, le général Stahel, pour que cesse cette persécution sinon le pape lancerait une protestation publique. Stahel, par crainte d’une invasion du Vatican intervint immédiatement.⁠[39] L’opération qui devait durer deux jours fut arrêtée le jour même et seuls 1000 des 8000 Juifs réclamés par Hitler furent déportés.⁠[40]

C’est cette année-là que Cahim Weitzmann, le futur premier président israélien écrit que « le Saint-Siège prête son puissant soutien afin d’améliorer le sort de mes frères persécutés. »[41]

Le 22 juin 1944, le rabbin André Zaoui, aumônier capitaine du Corps expéditionnaire français adresse une lettre à Pie XII où il remercie le Saint-Père et les prêtres qui ont aidé les juifs persécutés. Il raconte qu’il a visité l’Institut Pie XI « qui a protégé pendant plus de six mois une soixantaine d’enfants juifs dont quelques petits réfugiés de France ».⁠[42]

En 1944 toujours, le Grand Rabbin d’Israël Isaac Herzog déclare dans un message que « le peuple israélien n’oubliera jamais ce que le Pape et ses délégués font pour nos malheureux frères et sœurs dans les heures les plus sombres de notre histoire. Ils sont inspirés par les principes de la religion qui sont les fondements de la vraie civilisation. C’est la preuve de l’existence de la providence divine dans ce monde ».⁠[43] Durant l’été 44, Rome étant libérée, Pie XII s’adresse à un groupe de juifs romains venus le remercier pour sa protection : « Pendant des siècles les juifs ont été traités injustement et méprisés. L’heure est venue de les traiter avec justice et humanité. Dieu le veut et l’Église le veut. Saint Paul nous dit que les juifs sont nos frères. qu’ils soient également nos amis. »[44]

Dans une Allocution à un groupe de 70 déportés juifs libérés des camps de concentration allemands et délégués par la United Jewish appeal au Vatican, le 29 novembre 1944, pour exprimer à Pie XII la reconnaissance des Juifs pour son action en leur faveur. Ils

viennent exprimer leur gratitude et leur reconnaissance au Pape pour sa sollicitude durant la guerre, « très honorés de pouvoir remercier personnellement le Saint-Père, pour la générosité qu’il leur a démontrée pendant la terrible période nazie », Pie XII dira : le Siège apostolique « n’a jamais, fût-ce aux moments les plus critiques, laissé le moindre doute que ses maximes et son action extérieure, n’admettaient ni ne peuvent admettre aucune des conceptions qui dans l’histoire de la civilisation seront rangées parmi les égarements les plus déplorables et les plus déshonorant de la pensée et du sentiment des hommes ». Il ajoutera : « Votre présence ici veut être un témoignage intime de gratitude de la part d’hommes et de femmes qui, en des temps angoissants pour eux et souvent même sous la menace d’un péril de mort imminent, ont expérimenté comment l’Église catholique et ses vrais disciples savent dans l’exercice de la charité s’élever au -dessus de toutes les limites étroites et arbitraires créées par l’égoïsme humain et par les passions raciales. »

On sait que les prises de position de Pie XII inspirèrent à Hitler le désir de « coffrer ce ramassis d’agitateurs ». Plusieurs plans d’enlèvement du pape et d’invasion du Vatican.⁠[45]

A la fin de la guerre, Moshe Sharett, le second premier ministre israélien rencontre Pie XII et déclare : « mon devoir était de leur dire merci à lui et à l’Église catholique au nom de tous les juifs pour tout ce qu’ils avaient fait dans les pays occupés. »[46]

La guerre se terminant, Pie XII reprend clairement la parole. Aux fidèles de Rome, le 18 mars 1945, il déclare dans son Allocution : « A ceux qui se sont laissé séduire par les fauteurs de la violence et qui, après les avoir suivis inconsidérément, commencent enfin à revenir de leurs illusions, consternés de voir jusqu’où les a conduits leur servile docilité, il ne reste plus d’autre chemin de salut que de répudier définitivement l’idolâtrie des nationalismes absolus, les orgueils de la race et du sang, les convoitises d’hégémonie dans la possession des biens terrestres, et d’adopter résolument l’esprit de sincère fraternité, fondé sur le culte du Père divin de tous les hommes, et dans lequel les notions trop longtemps opposées de droit et de devoir, de profit et de charges, s’harmonisent dans la justice et dans la charité. » Et au Sacré Collège, le 2 juin 1945, il rappelle les douze années passées en Allemagne qui lui ont permis de découvrir les qualités de ce peuple qui lui permettront de se redresser « quand il aura repoussé de lui le spectre satanique exhibé par le national-socialisme et quand les coupables (comme Nous avons déjà eu l’occasion de l’exposer d’autres fois) auront expié les crimes qu’ils ont commis. » Pie XII explique ensuite quelle fut l’attitude l’Église durant cette période sombre.

En septembre 1945, Léon Kubowitzy, secrétaire général du Congrès juif mondial, remercie personnellement le pape pour ses diverses interventions et fait un don de 20.000dolars aux œuvres du Vatican « en reconnaissance de l’aide apportée par le Saint-Siège aux juifs persécutés par le fascisme et le nazisme ».⁠[47]

1er novembre 1945, Pie XII dans sa Lettre aux évêques allemands, les félicite pour l’attitude qu’ils ont eue durant « la persécution perfide et astucieuse dont l’Église d’Allemagne a été victime ».

En 1945 toujours, Israel Zoller (Zolli), grand rabbin de Rome depuis 1940, se convertit, avec son épouse, au catholicisme. Pour prénom de baptême, il choisit de s’appeler « Eugenio Pio », et sa femme « Eugenia », en hommage au pape Pie XII, en raison de son action pour les Juifs de Rome pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon l’Ephéméride du journal Direct Matin du 13 février 2013, très impressionné par l’attitude du pontife pendant la guerre, il écrira : « Il n’existe pas de lieu de souffrances que l’esprit d’amour de Pie XII n’ait atteint… Au cours de l’Histoire, aucun héros n’a commandé une telle armée. Aucune force militaire n’a été plus combattante, aucune n’a été plus combattue, aucune n’a été plus héroïque que celle menée par Pie XII au nom de la charité chrétienne. » » Myriam, la fille du rabbin Zolli, écrit : « Pacelli et mon père étaient des figures tragiques dans un monde où toute référence morale avait disparu. Le gouffre du mal s’était ouvert, mais personne ne le croyait, et les grands de ce monde - Roosevelt, Staline, de Gaulle - étaient silencieux. Pie XII avait compris que Hitler n’honorerait de pactes avec personne, que sa folie pouvait se diriger dans la direction des catholiques allemands ou du bombardement de Rome, et il agit en connaissance de cause. Le pape était comme quelqu’un contraint à agir seul parmi les fous d’un hôpital psychiatrique. Il a fait ce qu’il pouvait. Il faut comprendre son silence dans le cadre d’un tel contexte, non comme une lâcheté, mais comme un acte de prudence[48]. »⁠[49] Devenu professeur à l’⁠Institut biblique pontifical, Eugenio Zolli mourut à Rome en 1956, à l’âge de 74 ans. Son autobiographie publiée en 1954, Prima dell’alba, décrit les circonstances de sa conversion et explique les raisons de son admiration envers Pie XII. On y lit notamment : « La rayonnante charité du Pape, penché sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. »[50]

Le7 septembre 1945, Giuseppe Nathan, commissaire de l’Union des communautés israélites, rend grâce « au souverain Pontife, aux religieux et aux religieuses qui n’ont vu dans les persécutés que des frères, selon les indications du Saint-Père ».⁠[51]

Le 21 septembre 1945, le docteur Leo Kubowitski, secrétaire du Congrès Juif Mondial, est reçu par Pie XII afin de lui présenter ses remerciements pour l’œuvre effectuée par l’Église Catholique dans toute l’Europe en défense du peuple juif.⁠[52]

Le 11 octobre 1945, le le Secrétaire général du Congrès juif mondial remercie personnellement le pape pour ses diverses interventions et fait un don de 20.000 dollars aux œuvres du Vatican « en reconnaissance de l’aide apportée par le Saint-Siège aux Juifs persécutés par le fascisme et le nazisme ».⁠[53]

En 1955, à l’occasion des célébrations du 10e anniversaire de la Libération, l’Union des Communautés juives italiennes déclare que le 17 avril sera la « Journée de la reconnaissance » « pour l’aide apportée par le pape pendant la guerre ».⁠[54]

Le 26 mai 1955, l’Orchestre philarmonique d’Israël avec 94 musiciens, sous la direction de Paul Kletzki se rend au Vatican pour y interpréter la VIIe symphonie de Beethoven « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par le Pape pour sauver un grand nombre de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale »[55]

Sont intéressantes aussi les réactions à la mort de Pie XII survenue le 8 octobre 1958, publiées, pour la plupart et entre autres, par la Documentation catholique, n°1289, le 26 octobre 1958 :  

« Au soir de ce grand et illustre pontificat, pendant lequel l’humanité a connu les plus terribles épreuves, j’évoque avec émotion et respect la haute figure de Pie XII, dont le fervent témoignage a inspiré à tant d’hommes le courage et l’espérance. » (Général De Gaulle, président du Conseil)

« Nous sentons tous que le monde s’est appauvri en perdant un homme qui a joué un tel rôle dans la défense des valeurs spirituelles et de la paix et qui s’est acquis le respect des représentants de toutes les confessions. » (Harold Mac Millan, premier ministre britannique)

« Nous avons à cœur d’exprimer notre profonde sympathie à l’Église catholique plongée dans le deuil par la mort du Pape Pie XII. » (Grand Rabbinat de France)

« Le monde est devenu plus pauvre du fait de la mort du pape Pie XII. Il avait consacré sa vie entière à la dévotion envers Dieu et au service de l’humanité. Ennemi déclaré et averti de la tyrannie, il avait toujours été un ami plein de sympathie et un bienfaiteur pour les opprimés, et sa main secourable se tendait toujours promptement pour secourir les malheureuses victimes de la guerre.

Il s’était fait opiniâtrement, sans peur et sans esprit partisan, le champion de la cause d’une paix juste entre les nations du monde. Doué d’une vision profonde, il a su demeurer à la mesure d’un monde changeant sans cesse et n’a jamais perdu de vue la destinée éternelle de l’humanité. » (Général Eisenhower, président des États-Unis)

« C’était un grand homme et un homme bon et je l’aimais. » (Maréchal Montgomery, Sunday Times).

« Nous partageons la douleur de l’humanité. Pie XII a servi l’idéal le plus noble de la paix et de la compassion ». « Pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes. La vie de notre temps a été enrichie par une voix qui exprimait les grandes vérités morales au-dessus du tumulte des conflits quotidiens. Nous pleurons un grand serviteur de la paix ». (Golda Meir, ministre des Affaires étrangères d’Israël, le 9 Octobre 1958)

Les Juifs « se souviendront toujours de ce que l’Église catholique a fait pour eux sur l’ordre du Pape au moment des persécutions raciales. Quand la guerre mondiale faisait rage, Pie XII s’est prononcé souvent pour condamner la fausse théorie des races. » « De nombreux prêtres ont été emprisonnés et ont sacrifié leur vie pour aider les juifs » « Nous avons pu plus que tous les autres, bénéficier de la compassion, de la bonté et de la magnanimité du pape pendant les tristes années de persécution et de terreur alors que tout laissait à penser que nous ne pourrions pas nous en sortir ». (Dr Elio Toaff, grand rabbin de Rome, Le monde, 10 Octobre 1958.)⁠[56] A l’agence Reuter, le même déclara : « Les Juifs se souviendront toujours de ce que l’Église a fait durant la seconde guerre mondiale, grâce au pape Pie XII. Ce dernier s’opposa toujours à la fameuse théorie de la discrimination raciale. Un grand nombre d’Israélites trouvèrent asile dans des couvents et le Pape promit d’aider les Juifs de Rome lorsque les occupants allemands leur demandèrent de leur verser 50 kilos d’or en 1944. Les communautés israélites portent le deuil du pape et prient Dieu de bénir la grande âme du disparu. »[57].

A partir de 1963, les condamnations se multiplient ressassant les mêmes critiques.

Mais, de plus en plus de témoignages vont contredire cette campagne de dénigrement. Et plus le temps passe et plus on constate que, malgré l’acharnement de certains et en raison même de leur persistance, nombre d’études très fouillées ont été suscitées par l’accumulation des mensonges. Ainsi, la vérité affleure de nouveau et finira par s’imposer.

En 1963, Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan du vivant de Pie XII, déclare au journal Le Monde : « Je peux affirmer que le pape, le Saint-Siège, les nonces et toute l’Église catholique ont sauvé de 150.000 à 400.00 juifs d’une mort certaine… L’église catholique sauva davantage de vies juives pendant la guerre que toutes les autres églises, institutions religieuses et organisations de sauvetage réunis  ».⁠[58]

En juin 1963 déjà, le bulletin des élèves de l’Athénée israélite de Bruxelles, Maïmonide consacre un article à Pie XII : « Les Juifs et le Vatican sous Pie XII », sous la plume d’Edith Mutz. On y lit que « la véritable raison du silence relatif de Pie XII n’était certes pas la crainte d’aller dans un camp de concentration, mais celle d’aggraver le cas de ceux qui s’y trouvaient. »[59] L’auteur rappelle qu’en 1937, les journaux allemands déclaraient : « Pie XI était à moitié juif ; le cardinal Pacelli, Pie XII, l’est complètement ». On trouve aussi dans le même article le témoignage du Dr Safran qui fut le grand rabbin de Roumanie durant la guerre : la médiation du Pape, écrit-il, « sauva les Juifs du désastre, à l’heure où la déportation des Roumains était décidée ». Il est aussi rappelé qu’en 1946, « on vite entrer au Vatican un groupe de Juifs au visage marqué par la souffrance : septante rescapés des fours crématoires venaient remercier Pie XII de son attitude pendant la guerre. […] Chaque année, des délégués de partout vinrent rendre hommage au Pape. Mme Golda Meïr, ministre des Affaires étrangères d’Israël, le remercia d’avoir élevé la voix en faveur des Juifs. »[60]

En 1964, Maurice Edelman, président de l’association anglo-juive et député travailliste déclare : « L’intervention du pape Pie XII a permis de sauver des dizaines de milliers de juifs pendant la guerre. » ⁠[61]

En 1964 encore, Albrecht von Kessel, collaborateur de M. von Weizsaecker, ambassadeur du 3ème Reich près le Vatican déclare : « Je romps le silence, en ces mois où se déroule l’action du « Vicaire » parce que j’étais membre de l’ambassade allemande près le Saint-Siège et parce que je crois, avec mon expérience de douze années de nazisme et de terreur, pouvoir contribuer à porter un jugement sur les faits romains.

La tâche de notre ambassade n’était pas facile. Hitler était capable dans son hystérisme de tout crime. Il avait toujours envisagé la possibilité de faire prisonnier le pape et de le déporter dans le « Grand Reich » -dans la période qui va de septembre 1943 à juin 1944- c’est-à-dire jusqu’à l’arrivée des alliés. Si le pape s’était opposé à cette mesure, il était possible qu’on le fasse abattre « tandis qu’il tentait de s’enfuir » comme on l’a annoncé à ce moment-là à propos de certains morts…auf der Flucht erschossen !

Nous pensions que notre principal devoir était d’empêcher au moins ce crime (l’assassinat du pape), méfait qui aurait été perpétré au nom du peuple allemand.

M. von Weizsaecher devait lutter sur deux fronts : recommander au Saint-Siège -au Pape donc- de ne pas entreprendre d’action inconsidérée, c’est-à-dire d’action dont peut-être il ne percevait pas toutes les dernières et catastrophiques conséquences… d’autre part, il devait chercher à persuader les nazis au moyen de rapports diplomatiques faits avec art que le Vatican faisait preuve de « bonne » volonté et que les innombrables actions particulières du Saint-Siège en faveur des Juifs étaient choses insignifiantes à ne pas prendre au sérieux.

Nous tous membres de l’ambassade d’Allemagne près le Vatican, bien que nous fussions d’avis différents sur la situation, nous étions sans exception d’accord sur ce point : une protestation solennelle de pie XII contre la persécution des Juifs l’aurait probablement exposé, lui et toute la curie romaine, à un très grave danger et certainement alors en l’automne 43, celle-ci n’aurait sauvé la vie à aucun Juif. Hitler déchaîné, réagissait d’autant plus horriblement qu’il trouvait plus de résistance. »[62]

En 1975, le Dr Safran, Grand Rabbin de Roumanie, a estimé à 400.000, les juifs de Roumanie sauvés de la déportation par l’œuvre de St Raphaël organisée par Pie XII. « La médiation du Pape sauva les juifs du désastre, à l’heure où la déportation des Roumains était décidée »[63]

Le 11 septembre 1987, Jean-Paul II, devant 200 personnalités représentant presque toutes les organisations juives des États-Unis, rassemblées au Centre culturel de Miami, rappelait « les efforts énergiques et sans équivoque des papes contre l’antisémitisme et le nazisme au plus fort de la persécution contre les juifs ». Après avoir évoqué Pie XI déclarant le 6 septembre 1938 que « l’antisémitisme ne peut être accepté » et qu’il y avait « en outre l’opposition totale entre le christianisme et le nazisme en affirmant que la croix nazie était une « ennemie de la croix du Christ » (Allocution de Noël 1938) », Jean-Paul II se disait _« convaincu que l’histoire révélera d’une manière d plus en plus évidente et convaincante combien Pie XII ressentait profondément la tragédie du peuple juif et avec quel effort soutenu il oeuvra pour lui venir en aide efficacement pendant la Seconde Guerre mondiale. »[64]

En 1998, le P. Pierre Blet sj qui a travaillé à la publication des Actes et documents relatifs à la Seconde guerre mondiale[65] et à l’attitude de Pie XII, commente ses travaux dans un article intitulé « La légende à l’épreuve des archives ».⁠[66] Il y décrit le travail accompli durant 15 ans et qui l’amène à conclure à l’ « inanité des attaques » contre le pape. Le travail du P. Blet et de ses collaborateurs étant mis lui-même en cause, le P. Blet dénonce, preuves à l’appui, le parti-pris et la malhonnêteté de certains journalistes.⁠[67]

En 2001 paraît le livre d’Antonio Gaspari déjà cité dans lequel il cite le rabbin David Dalin (New York) : « Pie XII fut l’une des personnalités les plus critiques envers le nazisme. Sur 44 discours que Pacelli a prononcés en Allemagne entre 1917 et 1929, 40 dénoncent les dangers imminents de l’idéologie nazie. En mars 1935, dans une lettre ouverte à l’évêque de Cologne, il appelle les nazis « faux prophètes à l’orgueil de Lucifer ». […] Sa première encycliques en tant que pape, Summi pontificatus de 1939 était si clairement anti-raciste que les avions alliés en lâchèrent des milliers de copies sur l’Allemagne. »[68]

Attardons-nous un peu au cas de ce rabbin, éminent historien, spécialiste, entre autres, des relations entre juifs et chrétiens, appartenant à un courant conservateur du judaïsme.⁠[69] A partir de 2001, il va apporter de nombreux témoignages en faveur de Pie XII. Dans un long article publié le 26 février 2001 dans The Weekly Standard Magazine[70], après avoir salué tout particulièrement les travaux sérieux du P. Blet, de Margherita Marchione⁠[71], Ralph McInerny⁠[72], surtout de Ronald Rychlak⁠[73], D. Dalin dénonce les livres qui ont fait le plus de bruit dans la presse mais qui témoignent d’un « certain manque de compréhension de l’histoire »[74] et qui utilisent l’Holocauste pour attaquer l’institution papale et Jean-Paul II. A l’opposé, des auteurs juifs prennent la défense de Pie XII comme Pinchas Lapide déjà cité, Joseph Lichten⁠[75], Livia Rotkirchen⁠[76], Jeno Lavai⁠[77]. Le rabbin appelle à la barre d’autres sommités juives, les historiens : Sir Martin Gilbert, spécialiste anglais de l’holocauste, Michael Tagliacozzo, rescapé de l’holocauste et qui possède un dossier « Calomnies à l’encontre de Pie XII »[78] et Richard Breitman, « seul historien a avoir eu accès aux dossiers d’espionnage américain de la Deuxième Guerre mondiale » qui déclare que des documents secrets prouvent que « Hitler se méfiait du Saint-Siège car il cachait des Juifs ».

Le rabbin conclut : « Pie XII ne fut pas le pape de Hitler, loin de là. Il fut l’un des soutiens les plus fermes de la cause juive, à un moment où elle en avait le plus besoin. […] On peut lire dans le Talmud que « celui qui sauve une seule vie sauve l’humanité ». Pie XII, plus qu’aucun autre homme d’État du XXe siècle, a accompli cela à l’heure où le destin des Juifs européens était menacé. Aucun autre pape n’avait été autant loué par les Juifs avant lui, et ils ne se sont pas trompés. Leur gratitude ainsi que celle de tous les survivants de l’Holocauste prouve que Pie XII fut véritablement et profondément un Juste parmi les Nations. »[79]

Le 20 juin 2008 sur les ondes de radio Vatican, Gary Krupp⁠[80] fondateur de Pave the Way Foundation[81], affirme : « Pie XII a sauvé dans le monde plus de Juifs que toute autre personne dans l’histoire ».⁠[82]

Le 13 septembre 2008 est organisé à Rome un symposium international sur le pontificat de Pie XII à l’initiative de la Fondation américaine Pave the Way Foundation de New York. Y participent des historiens et des rabbins ayant survécu à l’holocauste, témoins de l’œuvre d’assistance portée aux Juifs. Le fondateur et président de la fondation, Gary Krupp y a notamment projeté une video dans laquelle Mgr Giovanni Ferrofino qui était le secrétaire du nonce apostolique en Haïti, de 1939 à 1946, témoigne qu’il recevait deux fois par an des télégrammes cryptés lui demandant des visas à l’intention de Juifs devant fuir l’Europe occupée.⁠[83]

Le 9 octobre 2008, le pape Benoît XVI prononçait une importante homélie pour le 50e anniversaire de la mort de Pie XII.⁠[84] Salue son courage et sa patience, son action aux côtés de Benoît XV pour mettre fin à l’ « inutile massacre » de la Grande Guerre et le fait d’ « avoir décelé dès son avènement le danger constitué par la monstrueuse idéologie nationale-socialiste, avec ses pernicieuses racines antisémites et anticatholiques ». Durant la guerre, son amour pour Rome s’incarna dans une « intense œuvre de charité qu’il accomplissait envers les persécutés, sans tenir compte d’aucune distinction de religion, d’ethnie, de nationalité, d’appartenance politique ». Il refusa de quitter la ville menacée : « Je ne laisserai pas Rome et mon poste, même si je devais en mourir »[85] Pour partager le sort de la population, il se priva de nourriture, de chauffage, de vêtements, et de commodités. Benoît XVI rappelle les messages de 1942 et 1943 que nous avons cités, où Pie XII dénonce déportation et extermination et conclut cette période de la guerre en affirmant que Pie XII « a souvent agi dans le secret et le silence, parce qu’à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment historique, il avait l’intuition que c’était seulement de cette manière que l’on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs. ». Rappelant l’éloge de Golda Meir, Benoît XVI regrette que le débat historique n’ait pas toujours été serein avant d’évoquer l’ « extraordinaire actualité » et la fermeté de nombre de ses enseignements qui en font un réel « précurseur du Concile Vatican II »[86]

Le 13 octobre 2008, plusieurs Juifs italiens ont témoigné devant les caméras de la télévision italienne avoir été sauvés par des membres de l’Église avec le soutien de Pie XII lors des persécutions nazies. Parmi eux se trouvait Emmanuele Pacifici⁠[87], le fils de Riccardo Pacifici, rabbin de Gênes durant la guerre⁠[88].

Le 27 octobre 2008, Arrigo Levi déclare que l’action discrète de Pie XII a pu « éviter la mort de milliers d’autres juifs ».[89]

En novembre 2008, le président de la république italienne Giorgio Napolitano, à la veille de visiter Israël et les territoires palestiniens, a accordé une interview au quotidien israélien Yedioth Ahronot et rappelé, à cette occasion la protection et l’aide apportée par les institutions religieuses à un grand nombre de juifs : « ce sont des milliers, entre vingt et trente mille, de Juifs italiens et même étrangers qui trouvèrent refuge et protection contre les persécutions en Italie ; et s’ils étaient souvent hébergés et protégés par de parfaits inconnus, un très grand nombre le furent dans des institutions religieuses. » Le 24 novembre, le Président a inauguré une plaque à la mémoire des « écoles d’urgence » (Scuole di emergenza) créées en 1938 pour accueillir les élèves et les enseignants juifs expulsés des écoles publiques en vertu des lois raciales.⁠[90]

En juin 2009, le site Internet de l’Union des communautés juives italiennes fait état de « fausses accusations » contre Pie XII. Paolo Mieli, dont une partie de la famille a disparu dans la Shoah, qualifie d’ « absurdes » les accusations portées contre Pie XII et dénonce une « manipulation historique » qu’il faudrait analyser : « prendre pour argent comptant les accusations contre Pacelli, c’est comme traîner sur le banc des coupables présumés, avec les mêmes chefs d’accusation, Roosevelt et Churchill, en les accusant de na pas avoir parlé plus clairement des persécutions antisémites ». Il conclut : « Je refuse d’imputer la mort des miens à une personne qui n’en est pas responsable ». L’historien et journaliste juif Giogio Israel⁠[91] parle d’une diabolisation de celui « qui ne suit pas certains clichés même lorsque cela est en vue d’un bien comme c’est le cas avec Pie XII dont les efforts pour sauver le plus grand nombre de juifs possibles ont été immédiatement reconnus par ceux qui en ont été les bénéficiaires directes et les témoins ». Il ajoute : « Ce ne fut pas tel ou tel couvent ou le geste de compassion de quelques-uns, et personne ne peut penser que toute cette solidarité dont témoignèrent les églises et les couvents, ait pu avoir lieu à l’insu du pape, voire sans son consentement. La légende de Pie XII est la plus absurde de toutes celles qui circulent ». Un autre historien, Roberto Pertici, souligne que les mérites du pape ont été « méconnus dans le monde anglo-saxon » et cachés dans le « monde soviétique, irrité par l’anti-totalitarisme de Pie XII et de l’Église en général ».⁠[92]

Le samedi 2 janvier 2010, la revue Marianne[93]publiait, à la « une » et suite à la possible béatification de Pie XII : « Le pape qui garda le silence face à Hitler ». Le 11 janvier, dans la même publication, un de ses chroniqueurs, Roland Hureaux, prenait la défense de Pie XII en déclarant qu’il avait agi « en homme responsable plutôt qu’en donneur de leçons ». « Il aurait fallu, continue le chroniqueur, une immaturité inouïe à imaginer que le pape aurait pu prendre la parole à tort et à travers sans se préoccuper d’abord de cette responsabilité. »

Le 21 janvier 2010, le philosophe juif Bernard-Henri Lévy déclarait : « On s’étonnera que, dans le silence assourdissant qui marqua le monde entier lors de la shoah, l’on fasse porter tout le poids -ou presque- à celui qui, parmi les dirigeants d’alors, n’avait ni canons ni avions à disposition ; ne ménagea pas ses efforts pour partager, avec ceux qui avaient des avions et des canons des informations dont il avait connaissance ; sauva en personne, à Rome et ailleurs, un tr ès grand nombre de ceux dont il avait la responsabilité morale ».⁠[94]

Le 29 juin 2010, la Fondation Pave The Way annonçait que l’historien Michael Hesemann, représentant la Fondation, avait découvert dans les archives du Vatican des lettres envoyées le 30 novembre 1938 et le 9 janvier 1939 par le cardinal Pacelli aux nonciatures et délégations apostoliques demandant 200.000 visas pour des « catholiques non-aryens » et « juifs convertis », langage propre à tromper les nazis qui, dans le concordat de 1933, autorisaient le Saint-Siège à aider les « catholiques non-aryens ». Le courrier précisait : « que l’on veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuses. » Matteo Luigi Napolitano, professeur de sciences politiques à l’Université d’Urbino, attire notre attention toute particulière sur une lettre du 9 janvier 1939, envoyée à plus de 60 prélats, où, en latin, mais très explicitement, Pacelli recommande : « N’entreprenez pas de sauver seulement les Juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc. ».⁠[95] En terminant, Benoît XVI que la cause de béatification de Pie XII « ait une heureuse issue ».

En mai 2011, la Fondation Pave The Way, révélait que des documents découverts montraient que les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient exercé des pressions sur Pie XII pour qu’il se taise⁠[96].

En juin 2011, l’ambassadeur d’Israël au Vatican, Mordechai Lewy, a reconnu l’action de Pie XII et du Vatican lors de la Seconde Guerre mondiale en déclarant : « Il y a tout lieu de penser que ces institutions religieuses catholiques ont recueilli des Juifs avec l’accord et le soutien de la plus haute hiérarchie vaticane » Et que « Ce serait donc une erreur de dire que l’Église catholique, le Vatican et le pape lui-même n’ont rien voulu faire pour sauver des Juifs. C’est le contraire qui est vrai. »[97] Il a également reconnu « La volonté vaticane de sauver les juifs »[98]

Le 14 mars 2012, Zenit répercutait une nouvelle émanant de la Fondation Pave the WXay qui, dans les archives de Yad Vashem, on avait découvert que le futur pape Pie PXII était favorable dès 1917 à la création d’un territoire juif en Israël.⁠[99]

Le 30 janvier 2013, l’Osservatore romano publiait un compte-rendu de Luca M. Possati⁠[100] relatant les recherches effectuées par Patricia M. McGolfrick, de la Middlesex University de Londres, dans les Archives nationales britanniques. Dans un article intitulé New Perspectives on Pius XII and Vatican Financial Transactions during the Second War, l’historienne révèle que Pie XII a combattu le nazisme par des investissements de millions de dollars réalisés aux États-Unis pour soutenir l’industrie de guerre, des actions humanitaires destinées aux troupes alliées, aux populations meurtries⁠[101] et aux Églises persécutées.⁠[102]

*

Toutes ces déclarations et manifestations⁠[103] semblent corroborer ce que Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera écrivait : « L’aversion contre Pie XII est née dans le monde anglo-saxon et protestant[104], pas dans le monde juif qui, au contraire, s’est adapté dans le temps pour ne pas être pris à contrepied par une campagne internationale. »[105]

Reste la question de savoir pourquoi le mémorial Yad Vashem ne reconnaît pas l’œuvre de Pie XII en faveur des Juifs persécutés. Une photo de Pie XII s’y trouve non parmi les criminels mais en tant que personne qui n’a rien fait et avec des inscriptions offensantes pour les catholiques. Le P. Gumpel a publié, en 2008, une interview de Sir Martin Gilbert qu’il présente comme l’historien juif le plus fameux et le plus compétent sur la Shoah. Cet historien affirme que chaque phrase de l’inscription à Yad Vashem est une falsification de l’histoire. Le P. Gumpel conclut que « Yad Vashem manque de logique. d’un côté ils disent : « Tant que nous et nos chercheurs n’avons pas examiné tous les documents qui se trouvent dans les Archives secrètes du Vatican, nous ne pouvons pas juger ». C’est une chose. Mais malgré cela, ils ont déjà jugé et ils ont déjà condamné, ce qui est dépourvu de logique et tout à fait inacceptable du point de vue historique. »[106]

Quatre ans plus tard, en 2012, il semble, que la direction du musée de l’Holocauste ait entendu les protestations. Le mémorial Yad Vashem, tout en évoquant la controverse⁠[107], a décidé de changer le texte accompagnant la photo de Pie XII. Faisant écho au message de Noël 1942 où le pape intervenait en faveur de « centaines de milliers de personnes qui, sans avoir commis de faute, mais pour des raisons de classe ou nationalité, sont destinées à la mort ou à des conditions progressives de dépérissement », le nouveau texte fait état du nombre considérable d’activités de secours entreprises par l’Église catholique pour sauver les Juifs et de l’intervention personnelle de Pie XII pour encourager ces activités et protéger les Juifs.⁠[108]

*

On peut laisser la conclusion à Philippe Chenaux, professeur d’histoire à l’université du Latran : « Ce prétendu silence n’en était pas un, […] le pape en tant que « chef visible de l’Église » et par conséquent « Père commun » des nations et des peuples ne pouvait parler comme le responsable d’une Église locale (en l’occurrence l’Église polonaise). Il devait tenir compte, en pasteur responsable, des intérêts de toute l’Église, à commencer par ceux des quarante millions de catholiques allemands. S’il n’est plus possible de nier aujourd’hui « un certain silence » du pape, qui ne fut pas total, il convient de reconnaître dans le même temps que ce fut « un silence délibéré » et, comme tel, douloureux, dans l’intérêt même des victimes. Plus diplomate que prophète, Pie XII jugea, selon sa conscience, qu’il valait mieux rester prudent dans la dénonciation des crimes et tenter de faire tout ce qu’il était possible de faire pour sauver le plus de vies humaines. »[109]

Risquons enfin risquer une analogie.

Lorsque 3 jeunes touristes belges qui s’étaient égarés sans le savoir dans une zone militaire, sont arrêtés, en septembre 2009, et incarcérés à la prison d’Evin à Téhéran, le ministère belge des Affaires étrangères demanda aux parents et amis la plus grande réserve et de s’abstenir de toute manifestation ou protestation publique. Dans la plus grande discrétion les autorités négocièrent et finirent par obtenir trois mois plus tard la libération des trois jeunes gens. Le ministre remercia publiquement les parents et amis pour leur patience.⁠[110] Il en fut de même lorsque cinq employés de MSF, dont un Belge, furent capturés en Syrie, le ministère des Affaires étrangères demanda la même discrétion et même l’identité des cinq personnes ne fut communiquée.⁠[111]

Personne n’a reproché au gouvernement belge de n’avoir pas dénoncé publiquement l’arbitraire du régime iranien ou sa paranoïa ni fustigé les kidnappeurs.

Le dossier n’est pas clos.

On sait, par l’ami juif du pape François, le rabbin Abraham Skorka, que le Saint-Père entend faire toute la lumière sur l’action de Pie XII durant la seconde guerre mondiale dès que toutes les archives du Vatican seront classées en vue d’une consultation.⁠[112]

Et, en effet, le 2 mars 2020, a eu lieu l’ouverture des archives concernant le pontificat de Pie XII. Plus de deux millions de documents, couvrant la période de 1939 à 1958, dont beaucoup sont numérisés seront accessibles aux chercheurs. Ainsi pourra-t-on mieux connaître le rôle joué par Pie XII lors de la seconde guerre mondiale.


1. Dans les Actes du Colloque de la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, sous la direction de CHELINI Jean et ONORIO Joël-Benoît d’, Pie XII et la Cité, Téqui, 1988, on trouve aussi beaucoup de références pour les années précédant 1988, bien sûr.
2. Voir notamment COSTE R., op. cit., pp. 256-261. Nous avons qu’à l’époque, certains accusaient Pie XII de vouloir attiser la guerre. Le Souverain Pontife était bien conscient de cette calomnie : « Quand les circonstances des temps et des passions humaines permettront ou postuleront la publication de documents encore inédits relatifs à la constante action pacificatrice de l’Église durant cette affreuse guerre […] alors on verra plus clair que le jour en plein midi, la sottise de telles accusations ». ( Discours aux travailleurs italiens, 13 juin 1943). Le 18 mai 1952, dans un Discours au personnel du Ministère de la défense, Pie XII résumait ainsi son temps de guerre : « A l’imitation du divin Rédempteur, Nous-même, depuis que le Seigneur voulut Nous élever, malgré Notre indignité, au souverain pontificat, Nous n’avons rien omis pour défendre la pâix, pour avertir les gouvernants et les peuples des périls de la guerre, pour proposer des normes capables d’écarter de nouveaux conflits, pour en circonscrire et en adoucir les désastreuses conséquences. Vraiment en toute sincérité Nous pouvons demander : Quid est quod ultra debuimus facere et non fecimus. qu’est-ce que Nous devions faire de plus et que n’avons pas fait ? »
3. L’historien suisse Ph. Chenaux, professeur à l’université du Latran note qu’à la mort de Pie XII, Claudel, Maritain et Mauriac avaient soulevé la question du « silence » mais sans rencontré beaucoup d’échos. Il ne donne pas de références. (La Libre Belgique, 7 octobre 2008).
4. A propos de cette pièce et de sa genèse, un ancien général des services secrets roumains, Ion Mihai Pacepa, a prétendu que « Le Vicaire » (Der Stellvertreter) de Rolf Hochhuth, aurait été écrit et utilisé par le KGB pour discréditer le pape Pie XII. Les révélations de cet ancien conseiller du président Nicolae Ceausescu, qui s’est par la suite enfui pour se réfugier aux États-Unis, ont été publiées par le National Review Online, une revue télématique américaine d’histoire (cf. Moscow’s Assault on the Vatican).
   Suite à ces déclarations, le Père Peter Gumpel, rapporteur de la cause de béatification de Pie XII, a rappelé que l’œuvre originale, qui durait huit heures, avait été, selon les critiques de théâtre, « manifestement écrite par un débutant ».  Pour améliorer la pièce et faire en sorte qu’elle puisse être jouée, Erwin Piscator, un habile metteur en scène et producteur, est venu en aide à Hochhuth. Selon le Père Gumpel, Erwin Piscator était « manifestement communiste. Réfugié en Union soviétique pendant la Deuxième guerre mondiale, il avait travaillé en Allemagne et aux États-Unis auprès de bureaux et d’universités notoirement procommunistes ».  + Il est évident pour le Père Gumpel, éminent connaisseur de cette période et de la politique du Saint-Siège pendant les années dont parle l’ancien espion communiste, que « la réduction de la pièce à deux heures et le montage du texte avec les calomnies contre Pie XII sont dus à l’influence de Piscator ».  + Quant à la responsabilité de l’Union soviétique dans cette opération, le Père jésuite explique qu’« au Vatican on savait depuis longtemps que la Russie bolchevique était à l’origine de cette campagne de discrédit contre Pie XII ». Et pour confirmer ses dires, le Père Gumpel ajoute que « dans les pays occupés par les communistes après la seconde guerre mondiale, ‘Le Vicaire’ de Hochhuth était obligatoirement représenté au moins une fois par an dans toutes les grandes villes ». Le Père Gumpel affirme encore que « les quotidiens et les revues communistes comme l’Unità en Italie et l’Humanité en France, ont fait et continuent de faire une grande propagande à l’œuvre de Hochhuth. Aucun doute donc quant à son influence communiste »« Je ne peux affirmer que Hochhuth était un agent des russes, - affirme le Père Gumpel - mais il est évident que son œuvre a été fortement influencée par l’appareil communiste ». A ce propos, le Père Pierre Blet, historien de renom, lui aussi jésuite, a affirmé plus d’une fois que « le drame de Hochhuth ne fait pas partie de l’historiographie et que, par conséquent, c’est comme s’il n’existait pas. S’il a fait tant de bruit c’est parce qu’il s’agit d’un artifice monté de toutes pièces par Moscou pour guider la campagne contre PieXII et le discréditer ». Selon le Père Gumpel, « grâce au « Vicaire », Hochhuth a bénéficié de la propagande des communistes mais aussi de celle des ennemis de l’Église et il est intéressant de noter que la représentation de la pièce a été refusée non seulement à Rome mais également en Israël ».  Quant à la crédibilité du général Ion Mihai Pacepa, le Père Gumpel a déclaré : « Il ne faut pas oublier qu’il est l’un des plus hauts fonctionnaires des services secrets des pays de l’Europe de l’Est à s’être enfui en Occident et que bon nombre de faits qu’il a rapportés exigent des précisions »
   Selon l’historien Giovanni Maria Van, la pièce relance nombre d’accusations portées par Mikhail Markovich Scheinmann dans son livre Der Vatican im Zweiten Weltkrieg, publié d’abord en russe par l’Institut historique de l’Académie soviétique des sciences, organe de propagande de l’idéologie communiste. (Zenit, 23 juin 2009).
   En ce qui concerne les tentatives soviétiques d’infiltrer des agents au Vatican - des tentatives réussies selon l’ancien espion roumain -, le Père Gumpel a rappelé que dans deux institutions de la Compagnie de Jésus, à savoir l’Institut pontifical d’études orientales et le Collège pontifical Russicum, les soviétiques « ont tenté de faire entrer des séminaristes espions ». « Il s’agit d’une affaire que je connais directement, a-t-il souligné. Il a été facile de les démasquer car leur attitude a éveillé de tels soupçons qu’ils ont fini par être chassés. Il était évident qu’ils n’avaient pas la vocation ». Le Père Gumpel doute que des espions soviétiques aient pu avoir accès aux archives secrètes du Vatican et s’emparer de matériel pour monter les calomnies contre Pie XII, comme l’affirme le général roumain. Mgr Sergio Pagano, Préfet des Archives secrètes du Vatican, a écrit au Père Gumpel que « les documents relatifs à Pie XII, pendant la période dont parle l’ancien espion roumain, n’étaient pas encore aux Archives secrètes. Les documents qui les intéressaient se trouvaient aux Archives de la Secrétairerie d’État ».  A ce propos, le Père jésuite a expliqué : «  Ceux qui ne savent pas comment fonctionnent les choses au Vatican confondent facilement les Archives secrètes du Vatican et les archives de la Secrétairerie d’État ». Le Père Gumpel a donc confié que ces révélations « confirment ce que nous savions depuis longtemps et que le Père Pierre Blet a maintes fois souligné ». (Zenit, 19 février 2007)
   Après le triomphe universel du « Vicaire », Rolf Hochhuth écrit et monte une autre pièce de théâtre, « Soldaten, Nekrolog auf Genf », (Soldats, une nécrologie pour Genève), en 1967. Il s’agit, pour lui, cette fois-ci, de démontrer que le Premier Ministre et général polonais Wladyslaw Sikorski, qui meurt dans un accident d’avion en 1943, fut en réalité assassiné par Winston Churchill. Cette pièce de théâtre s’appuie sur les thèses de l’historien anglais David Irving. Une profonde amitié unira désormais ces deux personnages. David Irving, est aujourd’hui déconsidéré, en tant qu’historien, car il est notoirement négationniste.
5. Le film Amen de Costa-Gravas en 2002 relance la polémique. Lors du 50ème anniversaire de la mort de Pie XII, en 2008, de nouvelles accusations sont lancées avec d’autant plus de vigueur que l’on parle d’un procès en béatification du Souverain Pontife. Nous avons déjà cité le livre de DESMURS Ferdinand, Pie XI, le pape qui ordonna le ralliement à Hitler, Golias auquel on peut ajouter VERHOFSTADT Dirk, Pius XII en de vernietiging der Joden, Houtekief, livre relayé complaisamment par La Libre Belgique, 26 septembre 2008, pp. 28-29, deux pleines pages avec un titre occupant la moitié d’une page : « Pie XII avait aussi opté pour l’Ordre nouveau ! ». L’auteur y affirme notamment que l’encyclique Mit brennender Sorge ne parle pas du nazisme mais « des excès contre le Concordat ». Par contre, le film de Jerry London, Le noir et le pourpre, en 1983, avec Gregory Peck et Christopher Plummer ne jouira pas du battage médiatique. Il raconte l’action de Monseigneur O’Flaherty attaché au Vatican qui sauva des milliers de Juifs et d’alliés. 3 000 Juifs se réfugient à Castel Gandolfo, environ 200 à 400 sont embauchés dans la garde suisse du Vatican et 1 500 sont cachés dans des monastères, des couvents ou des collèges. 3 700, sont cachés dans des familles (Cf. http://www.rootsweb.ancestry.com/~irlker/scarlet.html)
6. ROSSI Cardinal Opilio, Pie XII dans l’Église, in CHELINI Jean et ONORIO Joël-Benoît d’(sous la direction de)Pie XII et la cité, Actes du colloque de la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, Téqui-Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1988, p. 14.
7. Lettre de juin 1963 à la revue The Tablet, cité par le Père Claude Bressolette sur http://www.equipes-notre-dame.com
8. Cf. BOURDARIAS Jean, L’image de Pie XII dans la presse, in CHELINI Jean et ONORIO Joël-Benoît d’(sous la direction de)Actes du Colloque d’Aix-en-Provence, op. cit., p. 431.
9. Staline soutient le projet de création de l’État d’Israël dans l’espoir d’en faire un bastion socialiste. Mais il change d’attitude lorsqu’Israël accepte un prêt américain de 100 millions de dollars. En 1948, il ferme le Comité antifasciste juif qu’il avait autorisé en 1941 et lance en 1949 la « lutte contre le cosmopolitisme ». Déjà en 1942, son collaborateur Andreï Jdanov avait lancé un programme de « déjudaïsation » de l’etablishment culturel soviétique. A la mort de Jdanov, en 1948, il utilise ce décès contre les médecins juifs (cf. MARIE Jean-Jacques, 1953, les derniers complots de Staline : l’affaire des blouses blanches, Ed. Complexe, 1993). L’année 1953 révèle l’ « hystérie antisémite » de Staline. (Cf. RUCKER Laurent, Staline, Israël et les Juifs, PUF, 2001).
10. Wikipedia (sans référence).
11. DALIN Rabbin D., Pie XII et les Juifs, in DC, n° 2266, 17 mars 2002, p. 291. Considéré comme un rabbin conservateur, David Dalin a d’abord été professeur associé d’histoire juive à l’http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Hartford[université de Hartford
12. Wikipedia (sans référence).
13. Cf. Père BRESSOLETTE Claude sur http://www.equipes-notre-dame.com et Rabbin DALIN D., Pie XII et les Juifs, in DC, n° 2266, 17 mars 2002, p. 291
14. Rabbin DALIN D., op. cit., p. 292.
15. 1889-1977. Ce philosophe et théologien allemand converti du protestantisme avait dès 1914 considéré que l’invasion de la Belgique était un crime ce qui, dès cette époque, le rendit suspect aux yeux des nationalistes. Dès les années vingt, il est sur la liste noire des nazis. Alors qu’il enseigne à Vienne, il est condamné à mort par contumace en 1935 et échappe de peu à l’arrestation en 1938. Pie XII le surnommait « le docteur de l’Église du XXe siècle ». Il fut aussi très apprécié de Jean-Paul II et Benoît XVI qui en ont fait maintes fois l’éloge.
16. DALIN D., op. cit., p. 292.
17. Id..
18. Cité par BOURDARIAS Jean, journaliste chargé de l’information religieuse au Figaro, in L’image de Pie XII dans la presse, in Actes du Colloque d’Aix-en-Provence, op. cit., p. 430.
19. DUCE Alessandro, La Santa Sede e la questione ebraica (1933-1945), Roma, Edizioni Studium, 2006, pp. 7 et 63).
20. Le Pape y rappelle la parole de Paul : « il n’y a ni païen, ni juif » (Col 3, 11).
21. DALIN D., op. cit., p. 292.
22. Id..
23. On peut comparer aussi Pie XII à quelques-uns de ses contemporains. Faut-il rappeler les persécutions exercées par le régime stalinien contre les Juifs ? Faut-il rappeler les jugements parfois sévères de Winston Churchill publiés le 8 février 1920, dans l’article « Zionism versus Bolshevism » dans le « Illustrated Sunday Herald » ou encore repris plus récemment par Amy Iggulden sous le titre The Churchill you didn’t know, paru dans le Guardian, du 28 novembre 2002. Ou encore l’attitude du président Roosevelt. Dès avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il avait dénoncé l’oppression et les lois de Nuremberg. Pourtant, il considérait également qu’il ne pouvait intervenir directement dans les affaires internes de l’http://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_Reich[Allemagne
24. Pie XII, le pape outragé, Robert Laffont, 1964, p. 19.
25. Cf. Lettre supra.
26. COSTE R., op. cit., pp. 211-228.
27. Rabbin DALIN D., Pie XII et les Juifs, in DC n° 226, 17 mars 2002, p. 291. L’auteur poursuit : « une semaine plus tard,  le Jewish Advocate de Boston parle cette émission comme d’une « dénonciation franche des atrocités allemandes en Pologne qui sont autant de négations de la conscience morale humaine Dans son éditorial, le New York Times écrit alors : « Le Vatican s’est exprimé avec une autorité qui ne peut être mise en doute et a confirmé que la Pologne vivait bel et bien sous le règne de la terreur ». Enfin, en Angleterre, le Manchester Guardian salue Radio Vatican comme « la voix de la Pologne torturée ». » 
28. Le ministre allemand des affaires étrangères était venu accuser le Saint-Siège de s’être rangé aux côtés des alliés. Le pape avait répondu par une longue liste d’atrocités commises par les Allemands. (DALIN D., op. cit., p. 292.
29. OR, 17 octobre 1978, p. 8.
30. DALIN D., id..
31. Elle collabora avec Simone Weil à la diffusion clandestine des cahiers de Témoignage chrétien (cf. DUCROCQ Marie-Pascale, Simone Weil, l’appel universel à la sainteté, Ed. St Augustin, 2005, pp. 47-78). Cette femme qui, adolescente, avait lu Mein Kampf, a laissé son témoignage dans un livre : Le choix de la résistance, Cerf, 1998.
32. La Croix, 28 février 2002.
33. Allocution au Sacré Collège  : « d’autre part, vous ne vous étonnerez pas, Vénérables Frères et chers fils, si notre cœur réagit avec une sollicitude toute prévenante et émue aux prières de ceux qui se tournent vers nous avec des yeux d’anxieuse imploration, tourmentés comme ils le sont, en raison de leur de leur race ou de leur nationalité, par des malheurs plus grands, par des douleurs plus pénétrantes et plus lourdes, et livrés, même sans faute de leur part à des mesures d’extermination. Que les chefs du peuple n’oublient pas que celui qui (pour utiliser le langage de l’Écriture Sainte), « porte le glaive », ne peut disposer de la vie et de la mort des hommes que selon la loi de Dieu, de qui vient toute puissance ( cf. Rm . 13, 4) ! ».
34. « Vous n’attendez pas que Nous exposions ici, même partiellement, ce que nous avons tenté et essayé d’accomplir pour atténuer leurs souffrances, améliorer leur situation morale et juridique, pour défendre leurs droits religieux imprescriptibles, subvenir à leur détresse et à leurs nécessités. Toute parole de Notre part, adressée à ce propos aux autorités compétentes, toute allusion publique devaient être sérieusement pesées et mesurée par Nous, dans l’intérêt même de ceux qui souffrent pour ne pas rendre, malgré Nous, leur situation encore plus grave et plus insupportable. Malheureusement, les améliorations manifestement obtenues ne correspondent pas à l’immense sollicitude maternelle de l’Église en faveur de ces groupes particuliers, soumis aux plus cruelles vicissitudes ; et comme Jésus en face de sa ville devait s’écrier avec douleur : Quoties volui ! . . . et noluisti ! ( Lc13, 34), de même son Vicaire, bien qu’il demandât seulement compassion et retour sincère aux règles élémentaires du droit et de l’humanité, s’est trouvé souvent devant des portes qu’aucune clé ne pouvait ouvrir. » (Id.).
   A propos des prises de position des Église locales, il écrit dans une lettre à l’évêque de Berlin où il cite Mgr LIchtenberg qui avait fait prier pour les Juifs dans la cathédrale Ste Edwige de Berlin et qui mourra pendant sa déportation à Dachau : « En ce qui concerne les déclaration épiscopales, Nous laissons aux pasteurs en fonction sur place le soin d’apprécier si, et en quelle mesure, le danger de représailles et de pression, ainsi que peut-être d’autres circonstances dues à la longueur et à la psychologie de la guerre, conseillent la réserve -malgré les raisons qu’il y aurait d’intervenir- afin d’éviter des maux plus grands. C’est l’un des motifs pour lesquels Nous-même Nous Nous imposons des limites dans Nos déclarations. L’expérience que Nous avons faite en 1942, en laissant reproduire librement à l’usage des fidèles des documents pontificaux, justifie Notre attitude, dans la mesure où Nous pouvons le voir. » (Lettre citée in ONORIO Joël-Benoît d’, Ecce sacerdos magnus, in Actes du Colloque d’Aix-en Provence, op. cit., p. 44. Lettre publiée in DC, n° 1417, 2 février 1964, col. 216.) Pie XII fait sans douta allusion à ce qui s’est passé aux Pays-Bas. (Cf. infra).
   Cette politique rejoint la conclusion à laquelle le Comité international de la Croix-Rouge était arrivé : « Tout d’abord, les protestations ne servent à rien ; en outre, elles peuvent rendre un très mauvais service à ceux à qui on voudrait venir en aide. » (BLET P., Actes et documents Actes et documents relatifs à la Seconde guerre mondiale, 12 vol., Cité du Vatican, 1965-1981, IX, p. 133).
35. Cité par le Rabbin DALIN D., Pie XII et les Juifs, in DC, n° 2266, 17 mars 2002, p. 291.
36. Cf. ONORIO Joël-Benoît d’, Ecce sacerdos magnus, in Actes du Colloque d’Aix-en Provence, op. cit., p. 44. Lettre publiée in DC, n° 1417, 2 février 1964, col. 216.
37. In BLET P., Actes et documents…, op. cit., II, p. 293.
38. Par la Princesse Enza Pignatelli Aragona Cortes. Dans les archives américaines, on a découvert que les alliés qui avaient déchiffré les codes allemands, étaient au courant, une semaine avant le déclenchement de l’opération que l’arrestation des juifs romains se préparait. Ils décidèrent de ne pas prévenir les Romains pour protéger leurs services de renseignement. Ce qui fait écrire à Jeno Levai, grand spécialiste hongrois de l’Holocauste que, par une ironie « particulièrement regrettable, […] la seule et unique personne de toute l’Europe occupée qui a fait plus que quiconque pour arrêter les atrocités contre les juifs et atténuer leurs conséquences est aujourd’hui le bouc émissaire des défaillances d’autres. » (Zenit, 30 mai 2010)
39. Le général Dietrich Beelitz, officier de liaison avec le bureau du maréchal Albert Kesserling et le commandement d’Hitler fut témoin de la conversation entre Himmler et Stahel qui prétendit que l’opération avait dû être arrêtée pour des raisons militaires. Quand le mensonge de Stahel fut connu, Himmler l’envoya sur le front de l’Est. La Fondation Pave the Way qui a découvert ces faits, possède aussi le témoignage du lieutenant Nikolaus Kunkel, officier allemand du quartier général du gouverneur militaire de Rome qui les confirme. (Zenit, 30 mai 2010).
40. Le P. GUMPEL, cité in Dimanche, 18 mars 2001.
41. DALIN D., op. cit., p. 295.
42. La lettre est reproduite dans le catalogue de l’exposition consacrée à la vie de Pie XII en 2008, au Vatican : « L’uomo et il pontificato 1876-1958 », Libreria Editrice Vaticana, p. 157. (Cf. Zenit, 3 novembre 2008).
43. Cf. DALIN D., op. cit., p. 295. Comment le pape a-t-il pu apporter son aide ? Les interventions du Vatican s’effectuèrent de fait par le biais des clergés nationaux et des nonces. Les démarches de Mgr Rotta à Budapest et de Mgr Burzio à Bratislava, par exemple, permirent ainsi de sauver plusieurs centaines de milliers de Juifs. Quand le 16 octobre 1943, les Juifs de Rome furent raflés, Pie XII demanda à son secrétaire d’État de convoquer l’ambassadeur Ernst von Weizsäcker. Le compromis trouvé fut d’échanger le silence du pape contre l’arrêt immédiat de cette rafle. Si des milliers de Juifs furent ainsi sauvés, près d’un millier de Juifs déjà raflés moururent à Auschwitz. Les défenseurs du Pape indiquent que son action directe et indirecte aurait permis de sauver entre 700 000 et 860 000 Juifs. Plusieurs institutions juives, comme on va le voir, l’ont remercié à différentes reprises pour ses actes. Ce sont incontestablement les juifs d’Italie qui bénéficièrent le mieux des efforts de Pie XII puisque 80ù d’entre eux furent sauvés alors que 80% des juifs d’Europe étaient exterminés. On peut consulter à ce sujet le mémoire de Mgr CAROLL-ABBING J. Patrick, But for a Grace of God, 1965 (1912-2001, cf. The Telegraph, 13 juillet 2001). A partir d’octobre 1943, Pie XII demande aux églises et aux couvents d’Italie de recueillir des juifs, dans 155 couvents et monastères de Rome, à Castel Gandolfo, à l’Université grégorienne, dans les caves de l’Institut biblique pontifical, au Vatican même. Ailleurs, cardinaux et évêques suivirent le mouvement comme à Gênes, à Assise, à Fiume, en Campanie …
   Si l’on veut des renseignements plus précis sur le fonctionnement d’un des réseaux clandestins créés par Pie XII, le « Raphaël Verein », on peut lire l’interview du dernier membre en vie (97 ans en 2010), le P. Giancarlo Centioni sur Zenit, 15 janvier 2010. Le P. Gumpel a deux documents écrits qui témoignent de l’action de Pie XII : une note de novembre 1943 extraite du Mémorial des religieuses Augustines du Monastère des Quatre Saints couronnés, disant : « Le Saint-Père veut sauver ses enfants, y compris les Juifs, et ordonne aux monastères d’accorder l’hospitalité aus persécutés » et l’autre adressée à l’évêque d’Assise Mgr Nicolini qui l’a montré à son collaborateur le P. Brugnazzi. Tous deux ont été déclarés « Justes parmi les Nations », Le site Yad Vashem sonsacre d’ailleurs une section au « réseau d’Assise ». (Zenit, 4 mars 2009)
   Quant à la question de savoir si, aux excommunications de facto, l’excommunication nominative, publique de Hitler aurait servi à quelque chose, Don Luigi Sturzo, fondateur du Mouvement démocrate pendant la guerre, fit remarquer que de telles excommunications qui ont été prononcées contre Elisabeth Ire ou Napoléon, n’ont rien changé dans leur politique. (DALIN D., op. cit., p. 293.) En tout cas, le parti nazi a été excommunié par les évêques catholiques allemands dès 1930 (Révélé par Pave The Way, cf. Zenit, 6 octobre 2009).
44. DALIN D., op. cit., p. 293.
45. Sur les conseils d’Ernst von Wiezsäker (1882-1951), ambassadeur au Saint-Siège, secrétaire général aux affaires étrangères auprès de Ribbentrop, de Rudolf Rahn (1900-1975) diplomate et agent de renseignements, et du général SS Karl Wolff (1900-1984), second de Heinrich Himmler, Hitler finit par abandonner son projet. ( cf. DALIN D., op. cit., p. 293) Mais, en janvier 1944 un nouveau complot baptisé « Rabat-Föhn » devait être exécuté par des SS déguisés en Italiens. Ils devaient s’introduire au Vatican et « massacrer Pie XII et le reste » en fonction de la « position pro-juive du Pape ». (Documents fascistes publiés en 1998 et résumés par MARCHIONE M., in Pope Pius XII et évoqués par DALIN D., op. cit., p. 294).
   Conscient de la menace, Pie XII avertit les cardinaux qu’ils devaient se tenir prêts à se réfugier dans un pays neutre. Lui-même signa une lettre de démission (fait confirmé par la secrétaire de Pie XII : Sr Pascalina Lehnert) et donna instructions aux cardinaux pour former un gouvernement en exil et élire le nouveau Pape. Le secrétaire d’État, quant à lui, ordonnait dans une lettre à la garde suisse de ne pas résister. (Découverte faite par la Fondation Pave the Way, cf. Zenit, 30 mai 2010).
   Le 16 juin 2009, le quotidien Avvenire a confirmé l’intention qu’a eue Hitler de déporter ou tuer Pie XII et le roi pour se venger des Italiens qui avaient arrêté Mussolini. Le journaliste Diego Vanzi a pu visionner des documents auprès du fils d’un des protagonistes qui n’étaient pas du tout décidés à exécuter une telle mission. L’un fut pendu, un autre se suicida pour éviter l’arrestation et le troisième fut envoyé sur le front de l’Est.
46. DALIN D., op. cit., p. 295.
47. DALIN D., op. cit., p. 295. Dans le même esprit, le sénateur Lévi fit don à Pie XII, en remerciement de son action en faveur des Juifs, du palais occupé actuellement par la nonciature près la république italienne. (cf. ONORIO J.-B. d’, op. cit., p. 46)
49.   CABAUD Judith,  Eugenio Zolli et le pape Pie XII, Kephas, novembre 2006.  De la même, Eugenio Zolli, Ed. F.-X. de Guibert, 2000.
50.  Monde et Vie, n°152, 18 mai 1995.
51. OR, 8-9-1945.
52. OR, 23-9-1945.
53. New-York Times, 11 octobre 1945.
54. Cité in DALIN David, Pie XII et les Juifs, Le Mythe du pape d’Hitler, Tempora, 2007. On évoque aussi ce « Jour de gratitude » pour l’assistance fournée par le pape durant la guerre » sur le site juif tunisien www.harissa.com
55. Cité in GASPARI Antonio, Gli ebrei salvati da Pio XII, Ed. Art, 2001. Le rabbin Dalin note que jamais le gouvernement israélien n’aurait payé le voyage de l’orchestre qui n’a jamais joué Wagner parce qu’il était le compositeur de Hitler, pour rendre hommage « au Pape de Hitler » ! « Au contraire, écrit-il, le concert sans précédent de l’Orchestre philarmonique israélien est un geste unique de gratitude collective envers un grand ami du peuple juif. » (op. cit., p. 295).
56. Déclaration publiée aussi dans Le Monde, 10.10.1958. Elio Toaff, né en 1915, a été Grand rabbin de Rome de 1951 à 2002. Ami de Jean-Paul II, il est une des trois personnes citées dans le testament spirituel de l’ancien pontife aux côtés de l’archevêque Stanislaw Dziwisz er de Joseph Ratzinger.
57. Cf. BOURDARIAS Jean, L’image de Pie XII dans la presse, op. cit., pp. 432-433. Cet auteur ajoute encore ces témoignages : « C’est lui qui a sauvé Rome de la destruction. Beaucoup l’ont oublié déjà. Mais l’Histoire le rappelle comme elle se souvient de la démarche de saint Léon auprès d’Attila » (La liberté de Fribourg).
   « Que nous adhérions ou non aux principes de son Église, nous devons rendre hommage à sa personnalité et au bien qu’il a fait au monde libre et civilisé. La chrétienté vaut mieux que l’Antéchrist et la foi vaut mieux que le cynisme sans fondement. Lutter pour cela et triompher revient à faire beaucoup pour empêcher notre époque de sombrer dans le désespoir ». (Daily Mail)
   « Le Saint-Père était devenu intensément hostile à toute forme de gouvernement démocratique, mais les progressistes du monde entier se rappelleront avec gratitude ses appels en faveur des Rosenberg, intervention sans précédent au Vatican ». (Daily Worker, communiste).
   « Pie XII sera sans doute pour les catholiques « le pape des laïcs ». C’était un intellectuel, un homme actif, imbu de l’amour de Dieu et de compassion pour les hommes ». (Times).
   « Conserver l’unité de son Église en face d’idéologies opposées dont chacune prétend s’imposer à toute l’humanité était une tâche qui réclamait un jugement politique, une finesse diplomatique et surtout le don d’exprimer la vérité chrétienne d’une façon qui faisait s’estomper les conflits temporels. » (Daily Telegraph).
   « Par sa charité qui s’étendait bien au-delà de ceux qui sont en communion avec le Saint-Siège et par ses prodigieux efforts en vue de soulager les victimes de la guerre, il s’est montré un vrai Saint-Père et sa mort est pour nous un appauvrissement ». (The Dome, organe de l’Église anglicane).
   « C’était un diplomate doué, et un administrateur accompli » (New York Times).
   « Ascétique, cultivé, ayant voyagé, courageux, Pie XII a gagné le respect de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté de toutes les religions. Il était l’un des grands hommes d’État de l’Église catholique formé par l’expérience et pourvu du caractère indispensable pour tenir sa haute mission au cours d’une ère de conflit tragique et provocateur. » (New York Herald Tribune).
   « Bien que ses déclarations en temps de crise n’aient pu que rarement modifier le cours des événements, sa voix calme fut de plus en plus reconnue comme celle de la conscience chrétienne s’élevant au-dessus du tumulte de la propagande et des confusions d la guerre. » (Washington Post).
   « Le pontificat de Pie XII, dont les dernières années ont été marquées par un extraordinaire sursaut de vitalité spirituelle, invite au respect par la vigueur même de cette spiritualité. Cette vigueur a pris des formes intransigeantes que pouvait expliquer la lutte difficile que mène l’Église catholique romaine face au totalitarisme marxiste. Cette volonté de forger un instrument homogène a pu rendre difficiles les relations doctrinales avec les autres Églises chrétiennes mais personne ne contestera à Pie XII la grandeur de la mission dont l’a revêtu son pontificat. » (La tribune de Genève).
58. Le Monde le 13.12.1963. Pinchas Lapide est l’auteur de The Last three Popes and the Jews, MWBooks, 1967 où il écrit encore (p. 269) que sa patrie pourrait planter à la mémoire du pape Pie XII une forêt de 860.000 arbres.
59. En 1939, des prêtres polonais demandèrent à Pie XII de mettre fin aux émissions de Radio-Vatican dont l’effet était contraire au but recherché. Durant la guerre, l’archevêque Sapiéha de Cracovie et deux autres évêques polonais ont demandé au pape de ne pas publier de lettre sur ce qui se passait en Pologne, par crainte de représailles. Et le Grand rabbin du Danemark, Marcus Melchior, rescapé de l’holocauste dira que « si le pape avait été plus explicite, Hitler aurait sans doute massacré plus de six millions de Juifs et peut-être 10 millions de catholiques s’il en avait eu le pouvoir. » (cité in P. BRESSOLETTE C., op. cit. ; Dimanche, 18 mars 2001 et DALIN David, Le Mythe du pape d’Hitler, Tempora, 2007). On sait aussi que, l’ancien évêque de Nice, Paul Rémond (oncle de l’historien René Rémond), quoique n’ayant guère protesté au moment des rafles, a couvert, dans les Alpes-Maritimes, les activités clandestines du réseau Abadi, grâce auquel on parvint à sauver 500 enfants. Malgré son « silence », il a été déclaré « Juste » parmi les nations. (Cf. http://jcdurbant.wordpress.com/)
   Par contre, aux Pays-Bas, en juillet 1942, les dirigeants catholiques (Mgr Johannes De Jong, archevêque d’Utrecht) et protestants envoient au commissaire du Reich un télégramme de protestation contre les mesures d’exceptions contre les Juifs et les déportations. Le texte de ce télégramme est lu dans les églises et dans les temples le 26 juillet 1942. En représailles, les nazis font arrêter les juifs convertis comme la philosophe Edith Stein (cf.  MONTCLOS Xavier de, Les chrétiens face au nazisme et au stalinisme, l’épreuve totalitaire 1939-1945, Plon, 1983, p.229). A partir de ce moment, les Nazis durcissent leur attitude vis-à-vis des Néerlandais : des dirigeants socialistes sont arrêtés et des prêtres catholiques comme Titus Brandsma sont déportés en camps de concentration. A partir du 6 août 1942, un bataillon de la police hollandaise fut déployé pour arrêter les Juifs. (cf.  HILBERG Raul, La destruction des Juifs d’Europe, T2, Gallimard, 2006, T2, pp.1047-1100). Pinchas Lapide témoigne : « Le plus triste et alarmant, c’est que plus le clergé hollandais protestait haut, fort et fréquemment -plus que la hiérarchie catholique et que tous les autres pays occupés- plus les nazis déportaient de juifs. 110.000 juifs, soit 79% de la communauté de ce pays, partiront vers les camps de la mort ». De son côté, l’évêque Jean Bernard du Luxembourg qui séjourna à Dachau de 1941 à 1942, déclara : « A chaque fois que des voix s’élevaient pour protester, les conditions de détention des prisonniers empiraient ». (Cités par DALIN D., Pie XII et les Juifs, in DC, n° 2266, 17 mars 2002, p. 294). Autre témoignage, celui de Richard M.W. Kempner, procureur-adjoint américain aux procès de Nuremberg : « Tout mouvement de propagande de l’Église catholique à l’encontre de Hitler et du Troisième Reich n’aurait pas seulement été pur « suicide », mais aurait accéléré l’exécution de juifs et de prêtres. » (Courrier des lecteurs de la revue Commentary, 1964, cité in DALIN D., op. cit., p. 293).
60. Cité par CURVERS A., op. cit., pp. 19-20.
61. La Gazette de Liège, le 3 janvier 1964.
62. L’Osservatore della Domenica, 28 juin 1964 cité in La France catholique, 4 décembre 1964.
63. Cité in KLEIN Charles, Pie XII face aux nazis, S.O.S. 1975. Ch. Klein a travaillé dans les archives de la RFA (Bonn, Coblence et Fribourg), su Service international de recherches de la Croix-Rouge (Arolsen), du Caritas Verband (Freiburg-i/Br), de l’archevêché de paris et de l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre (Paris). (Cf. Archives des sciences sociales, 1979, vol. 47, p. 264).
64. DC, n° 1948, 18 octobre 1987, p. 88.
65. Publication en douze volumes à la disposition des historiens, Cité du Vatican, 1965-1981. Le P. Blet (1918-2009) a publié l’essentiel et les conclusions de ce travail monumental dans Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican, Perrin, 1997. On peut lire aussi de lui ce livre posthume : Pie XII, Via romana, 2011.
66. Publié à la fois in La Civiltà cattolica, n° 3546, 21 mars 1998, OR, 27 mars 1998 et DC, n° 2180, 19 avril 1998, pp. 381-386.
67. Notamment à propos de lettres qui auraient été échangées entre Hitler et Pie XII qui n’existent ni dans les archives vaticanes ni dans les archives allemandes et dont la référence ne se trouve nulle part sinon dans l’imagination du journaliste. Autre invention : l’or nazi enlevé aux juifs et qui, placé dans les caisses du Vatican auraient servi à faciliter l’évasion de criminels nazis vers l’Amérique latine ! La seule évocation d’un échange d’or est celui de 15 kgs d’or donnés par Pie XII au Grand Rabbin qui, suite à un racket des SS avait demandé au Pape les kilos qui lui manquaient ! L’affirmation que l’Église aurait soutenu le nazisme est « un mensonge pur et simple ».
68. Cité in Dimanche, 18 mars 2001.
69. L’un des livres de DALIN, « Religion and State in the American Jewish Experience », a été déclaré l’un des meilleurs travaux académiques en 1998. Il a donné différentes conférences sur les rapports entre Juifs et chrétiens au Hartford Trinity College, à l’université George Washington et au Queens College de New York.
70. Article traduit et publié sous le titre Pie XII et les juifs, in DC n°2266, 2002, pp. 289-296 et résumé par l’agence de presse catholique CIP, de Bruxelles, le 21 février 2001.
71. Pope Pius XII, Architect of Peace, Gracewing, 2000. M. Marchione est professeur à la Fairleigh Dickinson University.
72. The Defamation of Pius XII, St Augustine’s Press, 2001. R. McInerny est professeur à l’Université Notre-Dame.
73. Ronald Rychlak, professeur de droit de l’université du Mississipi (auteur des livres : Hitler, the War and the pope, publié en 2000, réédité et augmenté en 2010 aux éditions Our Sunday Visitor.
74. Il s’agit de John Cornwell, Hitler’s Pope, Garry Wills, Papal Sin et James Carroll, Constantine’s Sword, Suzan Zuccotti, Under his very window. D. Dalin se plaît à souligner que les deux premiers auteurs sont d’anciens séminaristes et que le troisième est un ancien prêtre.
   La légèreté de certains « historiens » est confondante. Le 3 février 2010, Zenit épinglait deux « chercheurs » qui prétendaient avoir trouvé un document prouvant l’indifférence de Pie XII lors de la rafle de Rome. Or leur document renfermait « une grave erreur de date de la part des chercheurs qui l’ont présenté : le et avait été écrit avant ces terribles faits. Par ailleurs, contrairement à ce qu’affirment les deux chercheurs qui ont fait ces « révélations », il ne s’agit pas d’un document inédit : le texte avait déjà été publié en 1964 et était largement connu des historiens ». Pie XII effectivement ne parlait pas de la rafle puisqu’elle n’avait pas encore eu lieu… Ces chercheurs n’en sont pas à leur première « légèreté » comme on peut s’en rendre compte sur le site : vaticanfiles.spindler.com
75. Membre de la Ligue contre la diffamation, il a écrit A Question of Judgement, DC National Catholic Welfare, 1963.
76. Spécialiste de l’histoire de la communauté juive slovaque à Yad Vashem, elle a écrit  une critique très sévère du livre de Saul Friedläder qui s’attaque à Pie XII dans Pie XII et le 3ème Reich.
77. Grand historien hongrois, il a écrit Pius XII was not silent, Sands and Company, 1968 avec une préface de Robert M.W. Kempner, procureur-adjoint américain aux procès de Nuremberg.
78. M. Tagliacozzo a résidé avec d’autres juifs et pendant plusieurs mois, en 1943-1944, au Séminaire romain dont le recteur était le cardinal Pietro Palazzini déclaré « Juste parmi les nations ». Recevant cet honneur, il déclara : « Tout le mérite revient à Pie XII qui nous a demandé de faire tout notre possible pour sauver les juifs de la persécution ». (cf. DALIN D., op. cit., p. 294).
79. Op. cit., p. 295.
80. Ce chercheur juif estime que la pièce  Le vicaire « a été la plus grande tentative d’assassinat moral du XXe siècle ». (Extrait d’une conférence reproduite sur le blog de Patrice de Plunkett, le 7 novembre 210.)
81. PTWF est une organisation non-sectaire dont la mission est d’identifier et d’éliminer les obstacles non-théologiques entre les religions.
82. Zenit, 17 septembre 2008.
83. Mgr Ferrofino se rendait chez le Président de la république dominicaine Rafael Trujillo pour lui demander 800 visas. A raison de deux démarches par an, de 1939 à 1945, au moins 11.000 Juifs furent embarqués au Portugal et mis à l’abri en république dominicaine. (Zenit, 17 septembre 2008).
84. D.C. n° 2412, 16 novembre 2008, pp. 987-990.
85. Summarium, p. 186. (Référence donnée par Benoît XVI).
86. Cf. PAUL VI, Angelus du 10 mars 1974. Du 6 au 8 novembre a eu lieu un congrès organisé  par les universités Grégorienne et du Latran sur « L’héritage du Magistère de Pie XII et le Concile Vatican II ». A cette occasion, Benoît XVI a reçu les participants au Vatican, le 8, et a prononcé un nouvel éloge de son prédécesseur, « une figure de grande valeur historique et théologique ». (Zenit, 11 novembre 2008).
87. Né en 1931, historien auteur, notamment de livres-témoignages sur la déportation.
88. Né en 1904, mort à Auschwitz en 1943.
89. In La Stampa, 27 octobre 2008. A. Levi a dirigé La Stampa, éditorialiste du Corriere della Sera, a été conseiller à la Présidence de la république en 2004.
90. Zenit, 24 novembre 2008.
91. Giorgio Israël est le fils de Saul Israël qui avait trouvé refuge avec d’autres juifs dans le couvent de San Antonio, via Merulana à Rome.
92. Zenit, 15 et 23 juin 2009. Les articles se réfèrent à une rencontre organisée à l’Institut Luigi Sturzo à l’occasion de la présentation du livre « En défense de Pie XII, Les raisons de l’histoire » sous la direction de Giovanni Maria Vian, historien, directeur de l’Osservatore romano. Celui-ci attribue la « légende noire » à la propagande communiste qui, dès la guerre, considérait le pape comme complice du nazisme et de ses atrocités.
93. Revue fondée en 1997 par deux journalistes juifs : J.-Fr. Kahn et Maurice Szafran. Ce magazine d’information se définit elle-même comme centriste révolutionnaire, iconoclaste et provocateur. Il a été refondu et rebaptisé en 2013 sous le titre Nouveau Marianne.
94. OR, 21 janvier 2010 reprenant un article publié dans le Corriere della sera, 20 janvier 2010. B.-H. Lévy rappelle aussi que Rolf Hochhuth, par qui la légende se répandit est « un négationniste patenté, condamné plusieurs fois comme tel et dont la dernière provocation, il y a 5 ans, fut de prendre la défense, dans une interview à l’hebdomadaire d’extrême-droite Junge Freiheit, de celui qui nia l’existence des chambres à gaz, David Irving ».
95. Zenit, 5 juillet 2010. Le professeur Napolitano commente ce texte en écrivant : « Etant donné que beaucoup de ceux qui ont critiqué ce pontificat n’ont pas encore accepté la menace prouvée des nazis contre l’État du Vatican et la vie du pape Pie XII lui-même, ils semblent ne pas comprendre le besoin de tromper en envoyant uniquement des instructions codées ou verbales ». La Fondation explique que les expressions « catholiques non-aryens, non-aryens et juifs catholiques voulaient en réalité toutes dire juifs » Elliot Hershberg représentant la Fondation affirme : « Nous croyons également que beaucoup de juifs qui ont réussi à quitter l’Europe ne savent peut-être absolument pas que leurs visas et leurs documents de voyage ont été obtenus grâce à ces efforts du Vatican. »
96. Zenit, 18 mai 2011. Il s’agit notamment de lettres découvertes, entre autres, par Ronald Rychlak, professeur de droit de l’université du Mississipi (auteur des livres : Hitler, the War and the pope, publié en 2000, réédité et augmenté an 2010 aux éditions Our Sunday Visitor et Righteous Gentiles, How Pius XII and the catholic Church saved Half a Million Jews from the Nazis, Isi Books, 2005) , échangées entre Franklin C. Gowen, Harold Tittman, assistants de Myron Taylor représentant du président S. D. Roosevelt et sir d’Arcy Osborne, représentant britannique près le Saint-Siège.
   Par ailleurs, le journaliste Dimitri Cavalli, chercheur et collaborateur à la Fondation a trouvé des documents extrêmement significatifs de l’agence internationale JTA (Jewish Telegraph Agency). Ainsi, le 15 janvier 1943, la JTA reproduit la réponse du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon aux autorités nazies qui proposaient de laisser ne paix l’Église catholique si celle-ci se taisait sur le traitement réservé aux Juifs. Dans la réplique du cardinal au commandant nazi, on lit : « Vous ne savez pas que le Saint-Père a condamné les lois antisémites et toutes les mesures anti-juives. » Une dépêche du 28 juin 1943 fait état des accusations de Radio Vatican contre le traitement que recevaient les Juifs en France.
   La revue Jewish Chronicle de B’nai B’rith (association juive d’action sociale) du 19 mai 1940 montre le pape en discussion avec des professeurs juifs expulsés des institutions italiennes. La même revue, du 9 septembre 1942, informait que Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie, avait imprimé dix millions d’opuscules en plusieurs langues distribués en Europe et en Amérique latine, condamnant Pie XII pour sa position en faveur des Juifs.
   Le 5 février 1943, la revue juive Advocate fait écho à l’attaque du cardinal Jusztinian Györg Serédi, archevêque d’Esztergom-Budapest contre les théories raciales. Cette déclaration fut répercutée sur les ondes de Radio Vatican. Dans le même article, on annonce que Mussolini a rendu les lois raciales moins dures pour pouvoir reprendre les relations avec le Vatican.
99. Le 12 mai 1917, Eugenio Pacelli organise une rencontre entre Benoît XV et Nahum Sokolow, président de l’Organisation mondiale sioniste. Celui-ci raconte : « J’ai tout d’abord été reçu par Mgr Eugenio Pacelli, Secrétaire pour les affaires extraordinaires, puis, quelques jours plus tard, j’ai eu un long entretien avec le cardinal Secrétaire d’État Gasparri. Ces deux rencontres furent extrêmement amicales et positives. Je n’ai pas tendance à la crédulité ni à l’exagération mais je ne peux m’empêcher d’insister sur le fait que ces moments ont révélé une amitié extraordinaire : accorder avec tant de promptitude, à un Juif, représentant du sionisme, une audience privée qui a duré si longtemps, qui a été si chaleureuse et qui a manifesté de telles marques de sympathie, tant pour les Juifs en général que pour le sionisme en particulier, tout cela prouve que nous n’avons pas à craindre le moindre obstacle insurmontable de la ; part du Vatican. Le Pape m’a dit : « Pacelli m’a parlé de votre mission ; voudriez-vous m’en dire davantage ? » (File A 18/25 dans les Archives principales de Yad Vashem). Le 15 novembre 1917, le nonce en Allemagne Pacelli intervient à la demande expresse de la communauté juive suisse qui craignait ce qui aurait pu être un massacre des Juifs de Palestine par les Ottomans. Pacelli a demandé au gouvernement allemand, alors allié des Turcs ottomans, de protéger les Juifs de Palestine. Il a obtenu gain de cause et la promesse que les Juifs seraient protégés par le gouvernement allemand, même par les armes. Le 15 février 1925, Pacelli organise une nouvelle rencontre entre Gasparri et Sokolow à propos de la création d’un territoire juif en Palestine. L’année suivante, Pacelli exhorte tous les catholiques à rejoindre le mouvement pro-Palestine en Allemagne, auquel participaient notamment Albert Einstein, Thomas Mann, Konrad Adenauer et le P. Ludwig Kaas (prêtre et homme politique sous la République de Weimar). En 1944, Pie XII s’oppose dans une lettre à Mgr Domenico Tardini, son Secrétaire d’État qui déconseillait d’aider les Juifs à établir un territoire et, de sa main, écrit : « Les Juifs ont besoin d’avoir leur terre » (Document non encore publié à ce jour mais évoqué par Pave The Way). En 1946, à une délégation arabe qui voulait dissuader Pie XII de soutenir ce projet et qui s’en retourna déçue, Pie XII déclare : « Plusieurs fois par le passé, nous avons condamné la persécution déchaînée contre le peuple juif par un anti-sémitisme fanatique ». La Fondation Raoul Wallenberg (du nom de ce diplomate et homme d’affaires suédois qui contribua à sauver les Juifs de Hongrie et fut déclaré « Juste ») estime que c’est Pie XII qui a préparé le chemin pour que les pays catholiques membres des nations-Unies votent positivement en faveur de la partition de la Palestine en 1947. Le directeur de Pave The Way, Elliot Hershberg, déclare : « Nos recherches ont montré que les relations positives du pape Pie XII avec le peuple juif datent des années de jeunesse de Pacelli, lorsqu’il avait un ami d’enfance très cher, un garçon juif orthodoxe qui s’appelait Guido Mendes. Pacelli partageait des repas du Shabbat, il avait appris à lire l’hébreu et empruntait des livres des grands auteurs rabbiniques. Les documents que nous avons découverts dévoilent les nombreuses interventions de Pacelli pour sauver la vie de Juifs et pour protéger les traditions juives. Cette évidence dément les allégations selon lesquelles il aurait été de quelque façon antisémite, ce qui a été considéré comme un fait par certains historiens. » (Zenit, 14 mars 2012).
100. Titulaire d’un doctorat de recherche en histoire de la philosophie (Université La Sapienza à Rome), l’auteur est aussi connu pour ses recherches sur la philosophie de P. Ricoeur.
101. Ainsi, en avril 1944, Pie XII organisa des chargements de farine pour la ville de Rome où il avait déjà fourni plus de 100.000 repas chauds par jour, tentant d’importer des denrées alimentaires d’Argentine et d’Espagne vers l’Italie et la Grèce.
102. Zenit, 1er février 2013.
103. A propos des hommages et témoignages juifs, les adversaires de Pie XII estiment que ces dires sont « pervers, mal informés, voire détournés ». Le rabbin Dalin s’indigne du « détournement de l’Holocauste » auquel procède ces auteurs qui « utilisent les souffrances du peuple juif il y a cinquante ans pour forcer l’Église d’aujourd’hui à changer ». (DALIN D op. cit., p. 295).
104. Il faut ajouter quelques catholiques comme Emmanuel Mounier qui, dès 1939, reprocha au pape son silence à propos de l’agression italienne en Albanie et les cercles polonais en exil qui lui reprochaient son silence face à l’occupation allemande. En 1942, Jacques Maritain avait demandé au Pape une encyclique sur le problème et, la même année, il lui proposa de faire de Yom Kippour un jour de prière pour les chrétiens en faveur des juifs persécutés. Le 13 décembre 1945, Paul Claudel écrivit à J. Maritain alors ambassadeur auprès du Saint-Siège pour demander une cérémonie expiatoire. On peut aussi épingler la remarque faite par François Mauriac dans la préface qu’il consacra au livre de POLIAKOV Léon, Bréviaire de la haine, le 3ème Reich et les Juifs, Calmann-Lévy, 1951. Toutes ces interventions n’eurent guère de retentissement. Il faut aussi ajouter à ces auteurs connus, les cercles « progressistes », qui, dans les années soixante, considérèrent Pie XII comme le symbole du « conservatisme » auquel ils s’opposaient. (Zenit, 23 juin 2009). Il est sûr aussi que l’encyclique Humani generis contre le relativisme dogmatique, certaines interprétations historicistes de la Bible et le mépris vis-à-vis de la philosophie traditionnelle, comme les sanctions du Saint-Office contre les dominicains du Saulchoir ou les jésuites de Fourvière ont nourri l’opposition à Pie XII. A propos des protestants, JULG Jean, Docteur en Science politique, fait remarquer que la proclamation du dogme de l’Assomption, le 1er novembre 1950, fut mal perçu par les protestants. (in Pie XII et l’Allemagne, in Actes du Colloque d’Aix-en Provence, op. cit., p. 140).
105. OR, 14 octobre 2008. Gary Krupp, président-fondateur de Pave The Way déclare que les quelques notes qui ont été reprises ci-dessus, ne sont qu’une goutte d’eau par rapport aux 46.ooo pages que la Fondation a publiées confirmant l’aide que Pie XII a apportée aux Juifs.(Zenit, 18 mai 2011). On peut consulter le site de la Fondation Pave The Way sur http://www.ptwf.org
106. Zenit, 19 septembre 2008.
107. La controverse semble être aussi interne à la communauté juive d’Israël. Lorsqu’en 2008 Isaac Herzog, ministre israélien des Affaires sociales en charge des relations avec les communautés chrétiennes, déclare dans le quotidien Haaretz que « l’intention de faire de Pie XII un saint est inacceptable » et que la béatification de Pie XII serait même un obstacle à la visite de Benoît XVI en Terre sainte, l’ambassadeur d’Israël auprès du Saint Siège, Monderchay Lewy s’empresse de démentir cette menace en reconnaissant que cette procédure était une « affaire interne à l’Église catholique ».
108. La nouvelle a été publiée par le quotidien israélien Haaretz et par Zenit, le 2 juillet 2012. John S. Conway, professeur émérite d’histoire à l’Université de Colombie britannique, spécialiste des relations entre le Vatican et les Églises allemandes durant le 3ème Reich, il a fondé la Scholars’ Conference on the German Church and the Holocaust et a publié The Nazi Persecution of the Churches, 1933-1945, Weidenfeld and Nicolson, 1968. Il écrit, en 1983, dans Yad Vashem Studies : « Une lecture approfondie des milliers de documents compilés dans ces documents ne permet pas de dire que les diplomates du Vatican ont été guidés par le besoin de se protéger. Au contraire, on peut y voir un groupe d’hommes consciencieux et intelligents recherchant la paix et la justice à un moment où la « guerre totale » foulait aux pieds ces idéaux. »
109. Pie XII face à la Shoah, in La Libre Belgique, 7 octobre 2008, en réponse à l’article accusateur paru dans le même journal faisant écho au livre de Dirk Verhofstadt. Ph. CHENAUX est l’auteur de Pie XII : diplomate et pasteur, Cerf, 2003. Quant à l’opinion de ceux qui expliquent ce « prétendu silence » par l’antibolchevisme de Pie XII, elle est facilement réfutable, par exemple avec les arguments développés par ALESSANDRINI Raffaele (OR, 6 mars 2010) : « d’une part, la seconde guerre mondiale « tellement crainte et condamnée par le pape » avait justement éclaté après le pacte Molotov-Ribbentrop, et d’autre part, après l’agression nazie contre l’Union soviétique, Pie XII est « intervenu pour convaincre les catholiques américains de ne pas s’opposer à une alliance contre Hitler de l’administration américaine avec les soviétiques ». » (Zenit, 5 mars 2010). HUREAUX Roland, dans Marianne du 11 janvier, s’attaque aussi à la thèse de l’antibolchevisme : « Parole légère s’il en est ! Oublie-t-on qu’entre août 1939 et juin 1941, Hitler et Staline sont alliés, un plan d’extermination des prêtres et des élites polonaises est à l’œuvre et des centaines de milliers de catholiques polonais assassinésPas de protestation mémorable non plus. […] Il savait que face à la « bête immonde », rien ne sert de chercher à l’attendrir, il faut en priorité limiter les dégâts en n’attisant pas sa fureur. » VIAN Giovanni Maria confirme : « la ligne adoptée dans les années de guerre par le pape et par le Saint-Siège, hostile aux totalitarismes mais traditionnellement neutre, se révéla en revanche, dans les faits, favorable à l’alliance contre Hitler, se caractérisant par un effort humanitaire sans précédent qui a sauvé de très nombreuses vies humaines. […] Cette ligne fut de toute façon anti-communiste, ce qui explique que, déjà durant la guerre, le pape était pointé du doigt par la propagande communiste comme complice du nazisme et de ses atrocités. […] même si Eugenio Pacelli a toujours été anti-communiste, il n’a jamais pensé que le nazisme pouvait être utile pour stopper le communisme, bien au contraire. » Vian argumente ainsi : « entre l’automne de 1939 et le printemps de 1940, dans les premiers mois de la guerre, le pape appuya la tentative de coup d’État contre le régime hitlérien fomenté par certains cercles militaires allemands en contact avec les Britanniques ». De plus, au milieu de l’année 1941, le pape, après l’attaque de l’Allemagne contre l’URSS, refusa l’alignement du Saint-Siège sur la croisade contre le communisme et a, par la suite, beaucoup fait pour tempérer l’opposition de nombreux catholiques américains à l’alliance des États-Unis avec l’Union soviétique stalinienne. (Zenit, 23 juin 2009). En 1946, Pie XII déclarera au Corps diplomatique : « En aucune occasion Nous n’avons voulu dire un seul mot qui fût injuste, ni manquer à Notre devoir de réprouver toute iniquité, tout acte digne de réprobation en évitant néanmoins, alors même que les faits l’eussent justifiée, telle ou telle expression qui fût de nature à faire plus de mal que de bien, surtout aux populations innocentes courbées sous la férule d l’oppresseur. Nous avons eu la préoccupation constante d’enrayer un conflit si funeste à notre pauvre humanité. C’est pour cela, en particulier, que Nous Nous sommes gardé, malgré certaines pressions tendancieuse, de laisser échapper de Nos lèvres ou de Notre plume une seule parole, un seul indice d’approbation ou d’encouragement en faveur de la guerre entreprise contre la Russie en 1941 ».(DC, n° 960, 17 mars 1946, col. 205.) C’est ce que confirme Wladimir d’Ormesson (1888-1973) qui fut, en 1940, ambassadeur auprès du Saint-Siège, avant d’être rappelé par le gouvernement de Vichy et d’entrer dans la clandestinité : « Lorsque les puissances de l’Axe se retournèrent contre leur allié Staline et que Hitler et Mussolini déclarèrent la guerre à l’Urss, ces « messieurs » -comme on les appelait alors au Vatican- firent tout ce qu’ils purent pour obtenir de Pie XII un mot, un seul mot, qui donnât à leur entreprise à l’Est, le caractère d’une défense de la civilisation chrétienne. Ce mot, ce seul mot, jamais pourtant il ne sortit, même sous la forme la plus enveloppée, des lèvres ou de la plume de Pie XII. Ce silence-là, est-ce qu’on le lui reproche ? Le Pape mesurait pourtant clairement ce que la victoire des Soviets représenterait pour l’Église… » (Cité par BOURDARIAS J., op. cit., p. 439).
110. Cf. 7sur7, 8 janvier 2010.
111. Cf. RTL-TVI, 4 janvier 2014.
112. Cf. News.Va, 20 janvier 2014.