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d. Pie X

Pie X⁠[1], durant son pontificat, fut très occupé par le problème de la séparation de l’Église et de l’État en France et au Portugal, la question du « modernisme », les soucis que lui causèrent différentes affaires sociales, et quelques réformes internes.

Néanmoins, le Saint-Siège intervint encore pour arbitrer des conflits entre la Colombie et le Pérou (1905) et entre le Brésil, le Pérou et la Bolivie (1909-1910). Comme son prédécesseur, Pie X ne fut pas représenté à la deuxième Conférence de La Haye en 1907.

Conscient des menaces de guerre, Pie X dénonça le « fracas des armes » et, à propos du conflit russo-japonais⁠[2], il évoqua « la guerre terrible qui souille les contrées de l’Extrême-Orient »[3].

En 1911, il fut sollicité de donner son appréciation à la Fondation Carnegie pour la paix internationale⁠[4]. Par l’intermédiaire de son délégué apostolique, il encourage « une entreprise digne d’une approbation universelle ». En même temps, le pape reconnaît sa relative impuissance, « n’ayant actuellement d’autre ressource que d’adresser à Dieu de pieuses prières », de supplier le Seigneur que les nations « puissent un jour se reposer enfin dans la douceur de la paix ».⁠[5]

Le 25-5-1914, Pie X, dans son allocution Ex quo postremum, revenait sur le thème de la paix.

Enfin, alors que depuis la fin du mois de juillet 1914, on mobilise un peu partout en Europe et que les hostilités s’engagent, devant l’irrémédiable, le 2 août 1914, il s’adresse à tous les catholiques du monde entier pour dénoncer une guerre « dont personne ne peut envisager les périls, les massacre et les conséquences » et il exhortait les fidèles à se tourner « vers celui de qui seul peut venir le secours, vers le Christ, prince de la paix et médiateur tout-puissant auprès de Dieu »[6].

Pie X meurt le 20 août.

Il est clair que, désormais, la force dont dispose le Souverain Pontife est celle d’une l’autorité morale. Mais sera-t-elle écoutée ? Peut-être, les hommes étant devenus ce qu’ils sont, n’y a-t-il plus, comme l’ultime message de Pie X le révèle, qu’à implorer Dieu !


1. 1903-1914.
2. 1904-1905.
3. Allocution aux Cardinaux, mars 1905, cité in LAUNAY Marcel, La papauté à l’aube du XXe siècle, Cerf, 1997, p. 211.
4. Andrew Carnegie (1835-1919) est un riche industriel américain. Il finança la construction de trois mille bibliothèques publiques qu’il offrit à des collectivités locales et fonda un Institut de technologie à Pittsburg. Convaincu de la valeur du droit international pour résoudre les conflits entre les nations, il finança la construction du Palais de la paix à La Haye destiné à héberger la Cour internationale d’arbitrage.
5. Lettre du 11-6-1911 à Mgr Falconio : « … promouvoir la concorde des esprits, refréner les instincts belliqueux, et même supprimer les soucis de ce qu’on a coutume d’appeler la paix armée, c’est une très noble entreprise : et tout ce qui tend à ce résultat, même sans atteindre immédiatement et complètement le but désiré, constitue néanmoins un effort glorieux pour ses auteurs et utile à l’intérêt public. Et cela aujourd’hui plus que jamais où l’importance numérique des armées, la puissance meurtrière de l’outillage guerrier, les progrès si considérables de la science militaire laissent entrevoir la possibilité de guerres qui devraient faire reculer même les princes les plus puissants. […] Très volontiers Nous accordons l’adhésion et l’appui de Notre autorité à ceux qui, très heureusement inspirés, coopèrent à cette œuvre. »
6. « Tandis que l’Europe presque entière est entraînée dans la tourmente d’une guerre extrêmement funeste, dont personne ne peut envisager les périls, les massacres et les conséquences, sans se sentir oppressé par la douleur et par l’épouvante, Nous ne pouvons pas ne pas Nous préoccuper, Nous aussi, et ne pas Nous sentir l’âme déchirée par la plus poignante douleur pour le salut et pour la vie de tant d’individus et de peuples. Nous sentons tout à fait et Nous comprenons que parmi ces bouleversements et ces périls, la charité paternelle et le ministère apostolique Nous commandent de tourner les esprits de tous les Mêles vers Celui de qui seul peut venir le secours, vers le Christ prince de - la paix et Médiateur tout-puissant des hommes auprès de Dieu.
   Nous exhortons les catholiques du monde entier à recourir à son trône de grâce et de miséricorde ; Nous le recommandons au clergé , tout le premier, auquel il appartient, sur l’ordre des évoques, d’instituer dans toutes les paroisses des prières publiques, afin que la miséricorde de Dieu, touchée par la ferveur de ces supplications, écarte le plus tôt possible les sinistres lueurs de la guerre et qu’il inspire aux chefs des nations de former des pensées de paix et non des pensées d’affliction. » (Exhortation aux catholiques du monde entier, Dum Europa fere omnis).
   Selon certains auteurs, mais l’anecdote est controversée, le pape aurait refusé sa bénédiction aux armées austro-hongroises, disant « Je ne bénis que la paix ».