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a. La plus grande liberté pour l’individu...

Le point de départ de ces nouveaux libéraux est donc une affirmation radicale de la liberté individuelle : « Une défense efficace de la liberté, écrit Hayek, doit (…) être dogmatique et ne rien concéder aux expédients, même là où il n’est pas possible de montrer qu’en regard des avantages de l’expédient, qui sont connus, certaines répercussions nuisibles précises découleront de l’atteinte à la règle. La liberté ne prévaudra que si l’on admet comme axiome qu’elle constitue un principe dont l’application aux cas particuliers n’appelle aucune justification. C’est donc une méprise que de reprocher au libéralisme d’avoir été trop doctrinaire. Son défaut ne fut pas de s’attacher trop obstinément à des principes, mais d’avoir plutôt manqué de principes suffisamment définis pour fournir des orientations certaines ».⁠[1]

La revendication de la liberté individuelle va très loin. Elle condamne toute « construction » politique sociale ou économique. C’est pourquoi on appelle aussi ces économistes « anti-constructivistes ».

Evoquons les ouvrages de Pierre Lemieux, économiste, animateur au Canada, de Subversive Liberty qui réclame le droit de porter les armes⁠[2], de fumer toujours et partout⁠[3], demande que l’on défende et réhabilite les « initiés » dans les milieux financiers⁠[4] ou encore qu’avant de condamner globalement la pédophilie, on cherche à distinguer « la simple célébration de la beauté » du « véritable viol » et les « fantasmes plus ou moins innocents » des fantasmes « plus ou moins tordus »[5].

L’essayiste et romancière Ayn Rand⁠[6], très prisée par les libertariens, a consacré « la vertu d’égoïsme » : « Chaque être humain vivant est une fin en lui-même, non le moyen pour les fins ou le bien-être des autres. Ainsi, l’homme doit vivre pour son propre intérêt, ne sacrifiant ni lui-même aux autres, ni les autres à lui-même ».⁠[7]

« Sur le plan philosophique, explique un autre auteur, ceci implique l’abandon de valeurs morales encroûtées qui font qu’au nom de son manque visible de maturité, on traite le citoyen comme un être irresponsable »[8].


1. Droit, législation et liberté, Tome I, PUF, 1985, pp.73-74. F.A. Hayek (1899-1992), enseigna en Autriche, en Grande-Bretagne, aux États-unis et en Allemagne. En 1974, il a obtenu le Prix Nobel de Science économique. Il est le penseur-phare du néo-libéralisme.
2. In Le droit de porter les armes, Belles Lettres, 1993. Marc Grunert présente le livre en écrivant que « l’interdiction de porter librement des armes profite aux criminels qui peuvent s’attaquer aux honnêtes gens sans défense mais en plus le monopole des hommes d le’État sur les armes permet à ces hommes toutes sortes d’activités criminelles à commencer par le vol à main armée qu’est l’impôt » ( sur www.amazon.fr).
3. In Tabac et liberté, Varia, 1997. L’auteur précise : « Après m’être fait l’écho de quelques doutes scientifiques concernant la nocivité du tabac, et particulièrement de la très fugace fumée secondaire, j’ai tenté de démontrer que, même en supposant que le tabac menace la santé autant que la propagande étatique veut le faire croire, la réglementation coercitive de la production et de la consommation de ce produit ne repose en général sur aucun fondement économique ».
4. In Apologie des sorcières modernes, Belles Lettres, 1991.
5. La chasse aux sorcières pédophiles, Chronique française et iconoclaste, 1996, sur www.pierrelemieux.org.
6. 1905-1982. Née en Russie et exilée aux USA, elle a popularisé les thèses libertariennes et en même temps a tâché de leur donner des fondements philosophiques en puisant notamment dans les oeuvres d’Aristote.
7. L’éthique objectiviste, in La vertu d’égoïsme, Les belles Lettres, coll. Iconoclastes, n° 19, 1993 disponible sur http://membres.lycos.fr/marcgrunert.
8. Radikaal Manifest, Handvest voor een nieuwe liberale onwenteling, Bruxelles, 1980, p. 17.