Version imprimable multipages. Cliquer ici pour imprimer.

Retour à la vue standard.

ii. Les socialismes

La concurrence idéologique s’incarna principalement dans le socialisme qui « apparaît comme la réaction principale à l’injustice causée par l’inégalité des forces en présence dans le débat qui fixe le taux du salaire »[1].

Une difficulté surgit immédiatement. Car s’il y a des accents libéraux différents, plusieurs sortes de libéralismes, les formes de socialisme sont encore beaucoup plus nombreuses et souvent contrastées. Avant la seconde guerre mondiale et en se basant uniquement sur une recherche_ travers la littérature anglaise, Werner Sombart évoquait déjà plus de 261 acceptions du mot « socialisme »⁠[2].

Est-il possible de trouver un dénominateur commun à tous ces socialismes ?⁠[3]

L. Salleron nous propose cette définition : « Le socialisme moderne sera la doctrine principale qui s’opposera au système du libéralisme individualiste en s’attaquant à la propriété pour rétablir l’égalité. Il s’agit donc d’une doctrine politique qui demande à l’État d’intervenir directement ou par la loi, pour protéger les individus victimes du système qui fait de l’économie la règle de la vie sociale ».⁠[4]

Cette description semble, nous allons le voir, bien convenir mais il faudra certainement, suivant les cas, nuancer cette « attaque » contre la propriété et préciser ce « rétablissement » de l’égalité.

En gros, nous distinguerons le socialisme révolutionnaire et le socialisme réformateur.


1. SALLERON L., op. cit., p. 136.
2. SOMBART W., Le socialisme allemand, payot, 1938, p. 61.
3. La tâche paraît presque impossible tant certaines définitions sont vagues. Sombart raconte cette anecdote qui met en scène un des plus célèbres pères du socialisme français, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) : « Au cours d’un procès, à une question posée par le président : « Mais alors, qu’est-ce donc que le socialisme, », il répondit : « C’est toute aspiration vers l’amélioration de la société ». Et, comme le juge lui disait : « Mais, dans ce cas, nous sommes tous socialistes », Proudhon répliqua : « C’est bien ce que je pense…​ » » (op. cit., p. 62). d’autres définitions semblent rapprocher le socialisme du libéralisme. Ainsi, Ramsay Mac Donald (1886-1937), ancien premier ministre socialiste britannique, disait : « Le socialisme est le credo de ceux qui reconnaissent que la communauté existe pour la promotion de l’individu et pour le maintien de la liberté » (SOMBART, op. cit., p. 96).
4. Op. cit., p. 137.

⁢a. Le socialisme révolutionnaire

il s’est exprimé, de manière radicale, dans le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels (1847)⁠[1]. On y trouve l’essentiel du programme qui fut plus ou moins réalisé dans les pays communistes:

« 1. Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l’État.

2. Impôt lourd progressif.

3. Abolition de l’héritage.

4. Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.

5. Centralisation du crédit entre les mains de l’État, au moyen d’une Banque nationale, dont le capital appartiendra à l’État, et qui jouira d’un monopole exclusif.

6. Centralisation, entre les mains de l’État, de tous les moyens de transport.

7. Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production ; défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cultivées, d’après un plan d’ensemble.

8. Travail obligatoire pour tous ; organisation d’armées industrielles, particulièrement pour l’agriculture.

9. Combinaison du travail agricole et du travail industriel ; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne.

10. Education publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Combinaison de l’éducation avec la production matérielle, etc. »

Ce programme devrait entraîner le dépérissement de l’État dont Marx et Engels esquissent en ces termes:

« Si au cours du développement les antagonismes de classes disparaissent et si toute la production se trouve concentrée dans les mains des individus associés, le pouvoir public perdra son caractère politique. Le pouvoir politique à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Si le prolétariat dans sa lutte contre la bourgeoisie, se constitue nécessairement en classe, s’il s’érige par une révolution en classe dominante et, comme classe dominante, détruit par la violence l’ancien régime de production, il détruit, en même temps que ce régime de production, les conditions de l’antagonisme des classes, il détruit les classes en général et, par là même, sa propre domination en tant que classe.

A la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».


1. UGE, coll. 10/18, 1966, pp. 46-47.

⁢b. Le socialisme réformiste

[1]

On l’appelle aussi « social-démocratie ». Théoriquement, à première vue, il est difficile de distinguer une différence entre ce socialisme et l’autre au point de vue économique et social.

En 1951, le socialiste français Guy Mollet⁠[2] déclarait dans une conférence : « Libérer l’homme de ce qui peut l’opprimer, tout découle de cet objectif. Mais la première distinction, en ce qui nous concerne, c’est que nous faisons dépendre la libération de l’homme de l’abolition du régime social et économique en vigueur, c’est-à-dire du régime de la propriété. (…) Le caractère distinctif du parti est de faire dépendre la libération humaine de l’abolition du régime de la propriété capitaliste qui a divisé la société en classes nécessairement antagonistes, qui a créé pour l’une la faculté de jouir de la propriété sans travail, pour l’autre l’obligation de vendre son travail et d’abandonner une part de son produit aux détenteurs du capital ».⁠[3]

En, Belgique, en 1974, le Parti Socialiste publie « une synthèse d’information sur le socialisme »[4]. On y lit, à la rubrique « qu’est-ce que le socialisme ? » Que celui-ci « peut se définir en deux mots, comme toute grande idée à la portée des masses innombrables. Le socialisme, c’est la possession et la production en commun. Le socialisme c’est la socialisation des moyens de production. Le socialisme, c’est l’organisation sociale et rationnelle du travail. Le socialisme, c’est la coopération de tous au profit de tous ». Mais il est précisé aussi que le socialisme est « une politique, cherchant à réformer ou à transformer graduellement, sous l’inspiration d’un idéal, le régime politique et social ».⁠[5] Et donc, dans un cadre démocratique qui ne peut être remis en question, il faut que le socialisme fasse son chemin, en concurrence avec d’autres options, par le biais du militantisme et de l’éducation. De sorte que l’idéal n’est réalisé nulle part et qu’il est soumis aux fluctuations des opinions et des suffrages.

La même année, le Congrès doctrinal du Parti prit une position très marxiste traditionnelle sur le plan économique. Un excellent observateur, socialiste, la résumera ainsi : « la propriété collective, la socialisation des secteurs-clés de l’économie, le développement de l’initiative industrielle publique, une planification « impérative en ses grandes options et souple dans son application », un contrôle ouvrier « ouvrant la voie à l’autogestion », la lutte contre les abus et l’emprise croissante des multinationales…​ En d’autres termes, un bon gros paquet de « réformes de structures anti-capitalistes », point de passage obligé de l’émergence d’une nouvelle société, alliant dynamisme, justice sociale, efficacité et démocratie économique…​ Avec, en toile de fond, pour ceux qui au vu des antécédents gouvernementaux du PSB en douteraient, une intéressante mise au point : « le Parti socialiste n’a pas pour vocation la gestion du système capitaliste…​ Le socialisme lutte pour une transformation complète de la société : c’est sa volonté révolutionnaire…​ Une telle transforamtion ne peut se faire du jour au lendemain: elle exige un effort soutenu qui élimine le capitalisme et améliore la société de façon permanente ». » Commentant ces résolutions, l’auteur conclura qu’ »une fois de plus, la gauche a cédé à l’un de ses plus funestes penchants : l’élaboration de programmes et de « bibles » doctrinales largement déconnectées du réel, inapplicables…​ et inappliquées ».⁠[6]

Bien plus, au sein même du mouvement socialiste, on entend des propos plus « libéraux ». Ainsi, plus ou moins à la même époque, Henri Simonet⁠[7] écrivait à propos de l’étatisation : « Il faut (…) cesser d’adopter vis-à-vis de ce problème une attitude quasi théologique et ne pas hésiter, dès lors que l’intérêt général le commande, de laisser à l’initiative privée les activités qu’elle peut accomplir de manière plus efficace que les pouvoirs publics ».⁠[8] Un ancien président du parti, de son côté, précisait : « Le profit n’est pas, en soi, illégitime ». C’est « un moteur de la recherche, de l’initiative, du risque d’entreprise ».⁠[9] Un autre président se déclarera « très attaché à l’entreprise privée »[10], méfiant vis-à-vis des théories autogestionnaires et se gartdant « bien par ailleurs de réclamer une extension de la sphère d’influence des pouvoirs publics »[11]. En 2002, le président se prononça pour « une économie de marché régulée ». Tout en voulant « restaurer l’autorité de l’État » pour « inciter les entreprises à une plus grande vigilance quant aux implications sociales de leurs activités », le président se défendit de vouloir rétablir « un État omniprésent et omnipotent », « l’État-providence de nos grands-pères ». Il plaida pour « une économie endogène dynamique et forte », où « le rôle des entreprises » serait « déterminant ». Pour cela, il faudrait stimuler « l’esprit d’initiative (…) dans tous les types d’enseignement » car « l’économie a besoin d’entrepreneurs dans tous les secteurs, l’initiative a une fonction générale dans le développement économique ».⁠[12]

Au vu de ces variations, il est difficile d’identifier le socialisme avec une technique économique précise. En 1969, dans leur programme gouvernemental, les socialistes allemands de la SPD réclamaient la cogestion qui est dénoncée par la Fédération générale des travailleurs de Belgique (FGTB) parce qu’elle « conduit à l’intégration des travailleurs au capitalisme ».⁠[13] Un temps, l’autogestion fut à la mode dans certains milieux de gauche et d’extrême-gauche, mais d’autres estim_rent qu’elle « ne peut être retenue que pour les entreprises qui seraient socialisées, car en régime capitaliste seul le contrôle ouvrier est concevable »[14].

Il n’empêche que la dynamique socialiste va, avec d’autres facteurs, avoir une influence incontestable sur l’évolution économique et sociale dès la fin du XIXe siècle mais surtout au cours du XXe siècle.


1. Pour en approcher la vrai nature, on peut lire CALLENS C., Le messianisme socialiste, CLC, 1976 qui s’appuie, en grande partie, sur l’exemple belge.
2. 1905-1975. Il fut ministre, premier ministre et vice-président du Conseil.
3. Cité in SALLERON, op. cit., p. 238.
4. Histoire des doctrines sociales du Parti Ouvrier Belge au Parti Socialiste Belge, Editions La rose au Poing, PAC, 1974.
5. Id., p. 319.
6. DEMELENNE Cl., Le socialisme du possible, Guy Spitaels : Changer la gauche ?, Labor, 1985, pp. 60-63.
7. Il fut ministre et commissaire aux Communautés européennes. Dans les années 70.
8. La gauche et la société industrielle, Marabout Service, 1970, p. 74.
9. COLLARD Léo, Front des progressistes et crise de la démocratie, Ed. de la Francité, 1972, p. 29.
10. SPITAELS Guy, Interview à La Libre Belgique, 6-8-1980, cité in DEMELENNE Cl., Le socialisme du possible, Guy Spiutaels : changer la gauche ?, Labor, 1985, p. 32.
11. DEMELENNE Cl., id..
12. Di RUPO Elio, Repensons la vie, Discours de clöture des 500 jours d’Ateliers du Progrès et de l’Université d’été, 28-8-2002 (disponible sur le site du PS).
13. Histoire des doctrines sociales du POB au PSB, op. cit., p. 66.
14. GLINNE E., in Le Peuple, 20-11-1974. Pour ajouter à la confusion, P. Rosanvallon déclare que « la proposition autogestionnaire consonne avec le progrès libéral de limitation du pouvoir étatique et d’un pouvoir propre de la société civile » (L’âge de l’autogestion, Seuil, 1976, p. 45).

⁢c. Le temps de l’économie dirigée

Au XXe siècle, la montée des socialismes et du catholicisme social, les désordres engendrés par les deux guerres mondiales, les dévaluations, et inflations, les crises économiques, les régimes autoritaires, l’agitation politique, obligèrent le libéralisme à se réformer, à corriger ses tendances apolitiques et, amorales. En fait, tout semble remettre en question l’individualisme de base. Et même l’évolution économique comme le décrit L. Salleron : « Du côté du capital, les besoins d’argent ne faisaient que croître avec le progrès technique. Il fallait de plus en plus de capital -de capitaux - pour acheter des machines et donner aux entreprises la dimension requise pour obtenir le coût de production le plus bas et les débouchés les plus vastes. Grâce à la société anonyme, la concentration industrielle, commerciale et bancaire se développa. Les unités de production devenaient de plus en plus grandes. On sortait de l’échelle individuelle.

Du côté du travail, un phénomène analogue se produisait. Pour défendre leurs droits, les salariés s’unirent dans des organisations syndicales qui pouvaient discuter en position de force avec les employeurs. Le recours à la grève était une arme puissante. Bref, là encore, l’individualisme faisait place à l’association des individus. Le libéralisme subsistait, mais il n’était plus la doctrine de la seule liberté des individus, il était la doctrine de la liberté des individus et de leurs groupements, ce qui posait de nouveaux et difficiles problèmes. (…)

En toute hypothèse, le « laissez passer, laissez faire » ne suffit plus. La coïncidence entre l’intérêt personnel et l’intérêt général devient de moins en moins évidente, comme devient de plus en plus suspecte la coïncidence entre le caractère providentiel des lois naturelles et le caractère bienfaisant du libre jeu des lois économiques. Les notions de justice et de finalité doivent descendre de l’empyrée du domaione politique, considéré comme un domaine réservé, totalement séparé du domaine économique. L’État ne peut plus s’interdire d’intervenir dans les activités économiques en légiférant sur des matières de plus en plus nombreuses ».⁠[1]

Keynes

C’est l’époque où va s’imposer, en maints endroits, la pensée de John Maynard Keynes⁠[2]. Cet économiste souvent considéré comme « libéral » va séduire les milieux socialistes⁠[3].

Face au problème du chômage involontaire permanent mis en lumière par la crise de 1929-1931, Keynes se rend compte qu’il ne se résorbera pas par le jeu des mécanismes automatiques chers aux économistes classiques. Le chômage ne disparaîtra pas de lui-même. Keynes, dès lors, se prononce pour une intervention de l’État qui ne porte pas atteinte à l’autonomie de l’entreprise privée. Il défend l’idée que le volume de l’emploi est tributaire des investissements. Il faut donc, pour relancer les investissements, baisser les taux d’intérêt et augmenter le volume monétaire tout en réduisant l’usage spéculatif de la monnaie.

Ce plan réclame une politque clairement interventionniste tant au point de vue de la production qu’au point de vue de la répartition. Il faut accroître aussi les investissements publics, augmenter la propension à consommer par redistribution des revenus au profit des classes aux ressources les moins élevées. En même temps, il estime que le protectionnisme douanier est un moyen légitime de relever le niveau de l’emploi⁠[4].

Bref, il ne croit pas que les marchés puissent durablement assurer l’équilibre entre consommation et investissement. Il croit à l’harmonisation possible des intérêts mais pas à la « main invisible » qui, selon les libéraux classiques, guide les marchés vers l’équilibre et les hommes vers la richesse collective.Il faut une action éclairée de l’État.

Quant à la question de savoir où Keynes se situe sur l’échiquier idéologique, beaucoup répondent : entre l’ultra-libéralisme et le socialisme. d’autres parlent d’un socialisme libéral ou d’un libéralisme social⁠[5]. On s’est rappelé, à son propos, les théories de Stuart Mill, à la fois libéral quant à la production et socialiste quant à la répartition⁠[6].

Il est un fait que la pensée de Keynes est riche de nuances comme en témoignent ces quelques réflexions sur le rôle de l’État en matière économique:

« En ce qui concerne la propension à consommer, l’État sera conduit à exercer sur elle une action directrice par sa politique fiscale, par la détermination du taux de l’intérêt, et peut-être aussi par d’autres moyens. Quant au flux d’investissement, il est peu probable que l’influence de la politique bancaire sur le taux d’intérêt suffise à l’amener à sa valeur optimum. Aussi pensons-nous qu’une assez large socialisation de l’investissement s’avérera le seul moyen d’assurer approximativement le plein-emploi, ce qui ne veut pas dire qu’il faille exclure les compromis et les formules de toutes sortes qui permettent à l’État de coopérer avec l’initiative privée. Mais à part cela, on ne voit aucune raison évidente qui justifie un socialisme d’État embrassant la majeure partie de la vie économique de la communauté. L’État n’a pas intérêt à se charger de la propriété des moyens de production ». ⁠[7]

« L’État étant en mesure de calculer l’efficacité marginale des capitaux avec des vues lointaines et sur la base des intérêts sociaux de la communauté, nous nous attendons à le voir prendre une responsabilité sans cesse croissante dans l’organisation directe de l’investissement ». ⁠[8]

Si, « …​d’une manière générale, le volume réel de la production et de l’emploi dépend, non de la capacité de production ou du niveau préexistant des revenus, mais des décisions courantes de produire, lesquelles dépendent à leur tour des décisions d’investir et de l’estimation actuelle de la consommation courante et future »[9], des impôts directs peuvent obliger « les financiers, les entrepreneurs et les autres hommes d’affaires à mettre au service de la communauté, à des conditions raisonnables, leur intelligence, leur caractère et leurs capacités professionnelles ».⁠[10]

Toujours est-il que la social-démocratie va puiser les principes et les techniques de sa politique économique dans l’oeuvre de cet économiste libéral. L’État providence mis en place dans la plupart des pays d’Europe occidentale après la guerre de 1940-1945, réalise, sous cette inspiration, « la socialisation de la demande sans socialisation de la production »[11]. C’est encore l’économie mixte d’inspiration keynésienne qui dicte la formule de la social-démocratie allemande (SPD) à partir de 1959: « Autant de concurrence que possible, autant de planification que nécessaire ». ⁠[12]. On peut dire que « le socialisme démocratique contemporain repose en fait sur un double compromis, entre la régulation de l’économie par l’État et les lois du marché d’une part, entre la capital (les intérêts des propriétaires des moyens de production) et le travail (la défense des salariés) de l’autre ».⁠[13]


1. Op. cit., pp. 118-119.
2. 1883-1946. Son ouvrage principal : Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), Payot, 1942.
3. Sous la rubrique « économie », l’Histoire des doctrines sociales du POB au PSB ne cite que deux noms : Marx et Keynes ( op. cit., p. 296). Plus récemment, la revue Réflexions (publiée par l’Institut Emile Vandervelde) présentait l’oeuvre de Keynes comme « la plus importante contribution à la science économique » (n° 19, novembre 1997, p. 2).
4. Notons toutefois que « libre-échangiste convaincu, Keynes prôna des mesures protectionnistes durant l’intervalle de temps où l’étalon-or était en vigueur, ne croyant pas une dévaluation possible bien qu’elle fût nécessaire. Lorsqu’on l’abandonna en 1931, il cessa de défendre ces mesures, mais les arguments qu’il avait avancés à cet effet furent réutilisés après la crise par les partisans moins éclairés d’un retour au protectionnisme ». (Cf. MESSIER David, John Maynard Keynes, « A nice english fellow, Université Laval, 1998, http://www.jutier.net/contenu/jmkeybio.htm).
5. Cf. POTIER Jean-Pierre, Keynes et la question du socialisme, Journées d’études de l’Association Charles Gide pour l’étude de la pensée économique, Université du Québec, Montréal, 19-21 juin 2002. Voici comment David Messier présente la position de Keynes: « Keynes (…) se trouvait profondément impliqué dans cette tension entre ces deux tendances de retrait du libéralisme et de montée du socialisme. Par naissance, il se considérait bourgeois et aristocrate, allant jusqu’à affirmer qu’en cas de conflit entre classes, il n’hésiterait nullement et saurait quel camp choisir ; par éducation, il ne pouvait que partager les idéaux du libéralisme classique et il garda toujours l’espoir de les voir un jour réalisés. Pourtant il était trop de son temps pour ne pas se faire un devoir d’être critique envers l’idéologie libérale et système capitaliste qu’il défendait. Sceptique mais loin d’être paralysé par le doute comme le furent la majorité des autres libéraux, il ne se laissa pas scléroser et participa à ce mouvement que l’on nomma le « nouveau libéralisme » (New Liberalism) qui, abandonnant entre autres en partie l’ontologie individualiste traditionnelle du libéralisme, et reconnaissant l’importance des phénomènes de nature sociale et commune, proposèrent une nouvelle vision de la société ni libérale ni communiste (Keynes et les libéraux ne parvenant pas à avaler l’utopisme et l’irrationalité de l’idéologie communiste), un nouveau diagnostic de ses problèmes, et ainsi des solutions en rupture avec le laissez-faire historique des libéraux » (op. cit.)
6. Cf. SALLERON L., op. cit., pp. 103-108.
7. Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, op. cit., p. 392.
8. Id., p. 179.
9. Id., Préface.
10. Id., p. 390.
11. William Beveridge, libéral britannique, cité in encyclopedia.yahoo à l’article « Socialisme ».
12. Article « Socialisme » in encyclopedia.yahoo.
13. Id.