La démocratie refuse de faire une différence de nature entre gouvernés
et gouvernants. Tous les citoyens sont égaux. L’autorité ne peut donc
plus, en principe, s’appuyer sur une supériorité intrinsèque. L’homme
« quelconque » investi du pouvoir ne pourra fonder son autorité que sur
« la réalisation d’un projet de la raison, rendue possible par la
relation du commandement et de l’obéissance ».
En fait, sans gommer pour autant l’importance du gouvernant, c’est la
loi, pour ainsi dire qui fait autorité.
Même Platon attaché à l’idée d’un roi, père de famille et philosophe
prévoit que s’il est impossible de trouver le sage digne de gouverner,
il faut s’en remettre à la loi pour « échapper à la fois à
l’incompétence populaire et à l’arbitraire du despote ».
Ce gouvernement par la loi établit l’état de droit qui est considéré
comme un des piliers essentiels de la démocratie.
Le gouvernement exercé par le « père », le « savant » ou le « leader
charismatique », repose sur un certain pessimisme puisque les gouvernés
sont considérés comme incapables, incompétents, égoïstes, trop « petits »,
l’état de droit est résolument optimiste, fondé sur l’idée d’égalité
entre les hommes. Ce gouvernement fondé sur la raison exige qu’on s’efforce de
rendre raisonnables, capables de raisonner, le plus grand nombre
d’hommes. Nous avons vu précédemment ce lien nécessaire entre la
démocratie et l’éducation.