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iv. Relativisme ? Indifférentisme ?

Certes non. La preuve peut en être donnée par les deux rassemblements d’Assise, le 27 octobre 1986 et le 24 janvier 2002.

Il s’agissait, dans les deux cas, de prier pour la paix dans le monde.⁠[1] En 1986, 130 responsables religieux étaient rassemblés appartenant à toutes les communautés chrétiennes et à toutes les grandes religions non chrétiennes y compris les religions traditionnelles africaines et américaines (USA). Le simple fait de réunir des représentants de toutes les religions témoigne du respect⁠[2] que l’Église veut manifester vis-à-vis de toute croyance religieuse, de son importance mais il ne gomme pas les différences et n’a pas empêché le Pape de dire sa foi.

d’emblée, le matin, Jean-Paul II précisa les conditions de ce rassemblement : « Le fait que nous soyons venus ici n’implique aucune intention de chercher un consensus religieux entre nous ou de mener une négociation sur nos convictions de foi. Il ne signifie pas non plus que les religions peuvent être réconciliées sur le plan de l’engagement commun dans un projet terrestre qui les dépasserait toutes. Ce n’et pas non plus une concession au relativisme en matière de croyances religieuses, car tout être humain doit suivre honnêtement sa conscience droite avec l’intention de rechercher la vérité et de lui obéir.

Notre rencontre atteste seulement - et c’est là sa grande signification pour les hommes de notre temps - que, dans la grande bataille pour la paix, l’humanité, avec sa diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l’agir moral des hommes ».⁠[3]

Après la succession des différentes prières, dans son discours final, Jean-Paul II conclut : « A la suite de la dernière prière, la prière chrétienne, dans la série que nous avons tous entendue, je professe à nouveau ma conviction, partagée par tous les chrétiens, qu’en Jésus-Christ, le Sauveur de tous, on peut trouver la vraie paix, « paix pour vous qui êtes loin et paix pour ceux qui sont proches » (cf. Ep 2, 17). (…) Je redis ici humblement ma propre conviction : la paix porte le nom de Jésus-Christ ».⁠[4]

En d’autres circonstances, Jean-Paul II s’est fait le champion du dialogue. On ne compte plus les représentants d’autres religions qu’il a tenu à rencontrer. On sait aussi combien il a soutenu tous les travaux des spécialistes qui tentent d’aplanir, autant que faire se peut, les difficultés et les sujets de discorde.


1. L’appel à tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur religion, n’est pas nouveau dans l’Église. En 1932, Pie XI s’adresse « au monde entier, pour exhorter tous les hommes à s’unir et à s’opposer de toutes leurs forces aux maux qui accablent toute l’humanité et à ceux encore pires qui (nous) menacent ». Et il invite à la prière qui « doit apporter le don de la paix ; la prière qui s’adresse au Père céleste qui est le Père de tous les hommes ; la prière qui est l’expression commune des sentiments de famille, de cette grande famille qui s’étend au-delà des frontières de tous les pays, de tous les continents » (Encyclique Caritate Christi, 3-5-1932). En 1937, Pie XI réitère son appel : « Contre le violent effort de la puissance des ténèbres pour arracher des cœurs des hommes l’idée même de Dieu, Nous espérons beaucoup qu’aux chrétiens viendront se joindre tous ceux - et ils forment la plus grande partie de l’humanité - qui croient que Dieu existe et qui l’adorent » (Encyclique Divini Redemptoris). (Cf. LEFEVRE Luc J., La liberté religieuse à travers les siècles, Ed. du Cèdre, 1986).
2. Et même un peu plus, comme l’a souligné, peu avant la deuxième rencontre d’Assise, Mgr Michael L. Fitzgerald, secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux : « Selon la formule forgée pour l’occasion, les représentants des religions sont venus à Assise non pas pour prier ensemble, mais afin d’être ensemble pour prier (…). Il n’y avait pas de prière interreligieuse proprement dite, pas de culte commun. (…) Les pèlerins de la paix à Assise étaient ensemble pour prier, mais ne peut-on dire qu’ils priaient ensemble ? Dans la mesure où ils écoutaient avec respect les prières des autres, et faisaient leur l’intention de ces prières, une imploration pour la paix dans le monde, leurs cœurs se fondaient en une prière commune. Le tout dépassait en quelque sorte les parties ». (Conférence à l’Institut catholique de Paris, 6-12-2001, DC n° 2264, 17-2-2002).
3. Allocution dans la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, 27-10-1986, DC n° 1929, 7-12-1986.
4. Discours final, id..