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a. Une approche rationnelle

Par ailleurs, en réfléchissant à la vie politique et sociale, nous pouvons, dans ce cadre, considérer le problème de la famille et du mariage du simple point de vue de la rationalité⁠[1]. Il n’y a là rien de scandaleux ou de réducteur pour un chrétien car, comme l’écrivait le cardinal Tettamanzi, « le sacrement n’est pas une réalité successive et extrinsèque à la donnée naturelle, (…) il est cette donnée naturelle, qui est assumée comme signe et moyen de salut »[2].

Le droit canon le dit clairement aussi, à sa manière : « L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre les baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement »[3]. Comme on l’a fait remarquer, la définition du mariage incluse dans ce canon reprend des termes empruntés au droit romain notamment l’expression « communauté de toute la vie ». De même, le mot « alliance » est synonyme de « contrat » qui sera employé plus loin par le Code⁠[4].

Parlant du problème des unions de fait, le Conseil pontifical pour la Famille déclare que ce problème « peut et doit (…) être affronté à partir de la raison droite[5]. Ce n’est pas tant une question de foi chrétienne que de rationalité. La tendance à opposer sur ce point « pensée catholique » confessionnelle et « pensée laïque » est une erreur »[6].

Nous examinerons donc le problème en dehors de toute confessionnalité et cette démarche est importante politiquement dans nos sociétés pluralistes.

C’est celle du cardinal Tettamanzi mais aussi des évêques de France⁠[7] et, partiellement, des évêques belges⁠[8]. Nous nous servirons de leurs déclarations auxquelles nous confronterons le fameux Dossier cité plus haut.


1. « On ne peut jamais subordonner la dignité de la personne et de la famille aux seuls éléments politiques ou économiques, ou encore à de simples opinions d’éventuels groupes de pression, même s’ils sont importants. L’exercice du pouvoir repose sur la recherche de la vérité objective et sur la dimension de service de l’homme et de la société, reconnaissant à tout sujet humain, même le plus pauvre et le plus petit, la dignité transcendante et imprescriptible de la personne. Tel est le fondement sur lequel doivent d’élaborer les décisions politiques et juridiques indispensables à l’avenir de la civilisation » (JEAN-PAUL II, Discours aux participants à la IIe Rencontre d’hommes politiques et législateurs d’Europe, op. cit.).
2. TETTAMANZI, cardinal Dionigi, Famille et unions de fait, in OR, n° 37, 15-9-1998, pp. 6-7. On retrouve presque mot pour mot cette idée dans le document du Conseil pontifical pour la Famille, op. cit., n° 13: « la lumière de la foi enseigne que le sacrement matrimonial n’est pas postérieur et extrinsèque, comme un simple ajout « sacramental » extérieur à l’amour des conjoints, mais qu’il est au contraire la réalité naturelle de l’amour conjugal assumé par le Christ comme signe et moyen du salut dans l’ordre de la nouvelle Alliance ».
3. Canon 1055, par. 1. in Code de droit canonique, Centurion-Cerf-Tardy, 1984.
4. Cf. PARALIEU Roger, Guide pratique du code de droit canonique, Tardy,,1985, p. 316.
5. « …​indépendamment des courants de pensée, il existe un ensemble de notions où l’on peut reconnaître une sorte de patrimoine spirituel de l’humanité. C’est comme si nous nous trouvions devant une philosophie implicite qui fait que chacun se sent possesseur de ces principes, fût-ce de façon générale et non réfléchie. Ces notions, précisément parce qu’elles sont partagées dans une certaine mesure par tous, devraient constituer les références pour les diverses écoles philosophiques. Quand la raison réussit à saisir et à formuler les principes premiers et universels de l’être et à faire correctement découler d’eux des conclusions cohérentes, d’ordre logique et moral, on peut alors parler d’une raison droite ou, comme l’appelaient les Anciens, de l’orthos logos, resta ratio » (JEAN-PAUL II, Fides et ratio, n°4).
6. Op. cit., n° 13.
7. Déclaration du Conseil permanent de la Conférence épiscopale sur le Pacte civil de solidarité (PACS) : Une loi inutile et dangereuse, in OR, n° 39, 29-9-1998, p.8 et in DC, n° 2189, 4 octobre 1998, pp. 845-846.
8. Déclaration des évêques de Belgique, Choisir le mariage, LICAP, 1998.