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a. Sur le plan personnel, par la participation

C’est un devoir éthique, un « engagement volontaire et généreux de la personne dans les échanges sociaux. Il est nécessaire que tous participent, chacun selon la place qu’il occupe et le rôle qu’il joue, à promouvoir le bien commun. »[1].

Cette participation est inhérente à la dignité humaine et elle est possible pour tous selon leurs capacités et leur situation. Le pouvoir sur la terre n’a pas été octroyé à un homme ou à quelques-uns mais à tous⁠[2].

« La participation se réalise d’abord dans la prise en charge des domaines dont on assume la responsabilité personnelle : par le soin apporté à l’éducation de sa famille, par la conscience dans son travail, l’homme participe au bien d’autrui et de la société »[3]. C’est le premier degré de la participation, le plus fondamental et le plus accessible à tous. Mais il faut aller plus loin. En effet, « les citoyens doivent autant que possible prendre une part active à la vie publique »[4] suivant les modalités offertes par les divers pays. « Il faut louer la façon d’agir des nations où, dans une liberté authentique, le plus grand nombre possible de citoyens participe aux affaires publiques »[5]. C’est pour cette raison , nous allons le voir, que l’Église apprécie la démocratie qui ne peut vivre que par la participation du plus grand nombre de citoyens possible.

Toutefois, il faut nous rendre compte, de nouveau, que la participation requiert deux conditions.

Tout d’abord, on ne peut l’imaginer sans une conversion de tous les partenaires sociaux. Comme l’écrit le catéchisme, « la participation de tous à la mise en œuvre du bien commun implique, comme tout devoir éthique, une conversion sans cesse renouvelée des partenaires sociaux. La fraude et autres subterfuges par lesquels certains échappent aux contraintes de la loi et aux prescriptions du devoir social doivent être fermement condamnés, parce qu’incompatibles avec les exigences de la justice »[6].

Deuxièmement, « il revient à ceux qui exercent la charge de l’autorité d’affermir les valeurs qui attirent la confiance des membres du groupe et les incitent à se mettre au service de leurs semblables. La participation commence par l’éducation et la culture »[7].

Cette participation est indispensable : ce qui est pour l’homme doit être par l’homme. Si l’on veut une société humaine, c’est-à-dire une société qui non seulement respecte la dignité humaine dans tous ses aspects mais se met au service de sa croissance, elle ne peut se construire sans le concours des intéressés. On ne fait pas le bonheur des hommes sans eux ni malgré eux : ce fut l’alibi de tous les pouvoirs totalitaires.


1. CEC, 1913.
2. Selon le cardinal Bellarmin : « Le pouvoir a pour sujet immédiat toute la multitude. en effet, le pouvoir est de droit divin ; mais le droit divin n’a donné ce pouvoir à aucun homme en particulier, donc il l’a donné à la multitude ».(De laïcis, I, III, chap. 6., cité par BASSE B., op. cit., p. 53).
3. CEC, n°1914.
4. CEC, n°1915.
5. GS 31, par. 3.
6. CEC, n° 1916. On peut toutefois rappeler ce qui a été dit plus haut du devoir de désobéissance et évoquer un autre principe que nous étudierons dans le chapitre consacré à la paix et à la guerre : celui de la légitime défense. De même qu’on a le droit et le devoir de refuser d’obéir à un pouvoir qui tenterait de nous faire transgresser les lois de Dieu, on peut imaginer que, dans certaines situations, l’impôt excessif, par exemple, empêche une famille d’éduquer convenablement ses enfants. Dans ce cas, la fraude pourrait être considérée comme un moyen de défense de valeurs supérieures. La tradition chrétienne n’a-t-elle pas reconnu même le recours au vol en cas d’extrême nécessité, comme le rappelle le CEC (n° 2408).
7. CEC, n° 1917. Nous étudierons plus tard cette question. Elle est, bien sûr, capitale. Le catéchisme n’hésite d’ailleurs pas, à cet endroit, de rappeler la formule très forte et très interpellante de Gaudium et spes (31, 3) : « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer ».